lundi 14 novembre 2016

El houb....













Que dit l'amante en son chant douloureux?
Que dit-elle la femme qui porte ses mondes en perles ?
Que chante la femme qui danse?

Que dit-elle de l'amour, elle qui s'est faite poésies
mots, vagues, ciel, vents, sable ?

Elle a posé sa main à la bouche de l'homme
pour cueillir les mots qui racontent les notes bleues

Que dit-elle l'amante en son amour repliée?
Que dit-elle la femme qui aime, en souffles ocres?
Que chante la femme qui marche?

Que dit-elle des voyages, elle qui s'est transformée en lumières
éclats, jaspes, satin, écume, tempêtes?

Elle a cambré les reins, ployé son cou à la main de l'homme
et essaime les envies, fait naître les fleurs de nuit

Que dit-elle l'amante en son homme abandonnée?
Que dit-elle la femme en prières jolies?
Que chante la femme qui brode l'absence?

Que dit-elle de son corps qui imprime les aurores
houle, caresses, regards, feux, horizons?

Elle aime à la déraison de ses bras, lavée dans le souffle de l'amant,
l'amant qui tisse demain et aujourd'hui et l'après de la vie
Elle est cette femme qui a refermé ses doigts sur sa chevelure

Elle dit, la femme qui aime :
" Tu es, absolu de l'instant qui s'arrête de respirer
Tu es, toi homme mien, ma maison aux fenêtres ouvertes
Tu es, toi mon amour, la lumière dans le miroir des yeux
Tu es, celui-ci et encore plus, dans le livre aux pages blanches je t'écris
Tu es sur mes paupières
Oiseau et eau"

Elle dit la femme qui parle à l'homme :
"et dans ce temps qui s'écoule j'invente les contes des amants
les jours de pluie et les jours de sable
je te donne mes vies pour que ta vie devienne mes vies
Je parle aux heures pour leur raconter qu'il est une maison
où tu es et où je suis
et dans cette maison aux murs j'accroche les rêves fous de ceux qui aiment"

Elle aime, la femme qui aime, elle aime à la démesure de son amour...

Et, en cette femme qui aime dans la couleur qui naît, tu es papillon
à ma bouche gravé.....

Mariem mint DERWICH

( Aartiste calligraphe : Abdel Malick Nounouhi)

mercredi 2 novembre 2016

L'éphémère et la silhouette













Je te danserai l'éphémère sur la dune endormi
l'imperceptible de la trace
le vent qui efface, caresse chuchotée,
les notes envolées, fugitives des histoires d'antan

Je te danserai la lumière de la lune
la silhouette tremblotante
au feu assoupie,
ce que murmure l'homme quand il rêve

Je te danserai les palmiers au ciel découpés
le nuage dans le regard des bergers,
les gestes esquissés et qui s'en sont allés,
la paume au sol posée, disparue

Je te danserai l'entre souffle,
les crépuscules, l'instant parfait,
la plénitude d'ici
quand d'autres parlent de demain

Je te danserai l'ailleurs, l'horizon en renaissances,
le lieu secret de l'homme qui s'expire,
il y aura cet à peine visible,
silences

Je te danserai les pistes et les déserts,
un mot balbutié sur la paupière de la nuit,
que tout s'enfuit, que tout reste,
qu'il n'est de battement que celui que l'on porte

Je te danserai la flamboyance de la mer,
la goutte d'eau puisée,
la vague qui fait les mondes,
l'empreinte de ton pied sur le sable mouillé

Je te danserai les brumes qui rendent aux yeux la fulgurance,
le silence des choses, les chants des mondes,
les animaux de l'aube et les premiers frissons,
la beauté de ce qui est et la silhouette tremblée de toi homme

Je te danserai les couleurs mises aux à peine rencontrés,
les livres que l'on n'écrira jamais,
la poésie enfermée dans la main,
les mots et les oiseaux, la trace et le rien

Et, au milieu de la nuit du monde,
l'heure bleue, celle des hommes enroulés en prières,
l'immensité de ce qui s'écoute,

Je te danserai l'éphémère et la silhouette....

Mariem mint DERWICH

(Artiste Hengki Koentjoro)