mardi 27 janvier 2015
Tu....
Je marche
et tu es, présence, ténue, fragile, tremblante,
souffle léger en murmure sur mon épaule posé
Je marche, en oubli, mes pieds dans les sillons,
je récite les prières bleues, celles qui frémissent,
celles qui font s'apaiser
Je marche, aux frontières de ma mémoire,
et tu es, chaleur sur ma peau déposée
tu es, en mots contés, en mots piquants
Je marche, et je dévide les noms, les noms de ceux qui ne sont plus,
fantômes de tous mes rêves,
je marche, marche encore, sommeil des envies
Je marche, en petits mots, ceux qui furent tout, ceux qui furent ciel,
étoiles, livres ouverts, couleurs sur les paupières,
et tu es, en lisière de mes doigts
Je marche
je pianote les notes sucrées, douces amères,
J'écoute les possibles endormis aux horizons,
ils fredonnent la mémoire des corps,
les chants des profondeurs,
ceux des regards accrochés au bord des lèvres,
ils me tissent les frissons,
les arabesques des jeux,
les mains accrochées, comme repliées sur le feu
Je marche,
tout en marchant je me fais statue,
je me dépouille de tout,
tissu après tissu
je redeviens la femme qui danse
et tu es,
dans les bruits des vents
ta voix au creux de mon cou
Je marche et je me pose
morceau après morceau
dans l'immensité de ce qui est
Je redeviens la femme qui danse
et dans la pâleur de la nuit qui vient,
au bord de mes routes,
tu es
Mariem mint DERWICH
(Artiste : Kandinsky)
vendredi 23 janvier 2015
Infinis...
Dans les espaces infinis, dans le souffle des planètes,
dans les chants des galaxies,
dans les contes chuchotés par les étoiles,
dans les aurores des mondes
et les histoires immenses,
j'irai
j'irai inventer de nouveaux mots,
j'irai saupoudrer mes rêves de sonorités colorées
Et quand les corps ne seront plus, atomes de soleil,
fantômes des Big bang,
quand les yeux se seront fermés à jamais
je déploierai toutes les mémoires
je serai souffles
et tempêtes
j'irai
j'irai dire, à la face de l'infini, mes langues oubliées,
j'irai danser sur les poussières de temps
Et quand le tout sera à nouveau, quand d'une lettre
naîtront les alphabets de demain,
quand dans la silhouette du langage riront les chants d'ailleurs
je partirai vers les frontières qui ne sont pas,
départs et retours, cercles et horizons,
j'attraperai la queue des comètes,
j'irai
j'irai, souvenir de corps, m'inventer des futurs lointains,
j'irai promener mes passés, je les frotterai aux Nova
Je me re créerai, encore et encore, naissances et morts,
re naissances, de marches en marches, de mots neufs en mots ouverts,
je deviendrai étoile
et, au bout de mes voyages, je redeviendrai coeur et femme
Mariem mint DERWICH
mercredi 21 janvier 2015
L'oubli des heures de nuit...
Chercher, chercher encore l'image du miroir,
la lumière dans les yeux
petite chose chaude, au bord des paupières
puits sans fonds, rempli d'étoiles
Plier la nuque, sentir, toucher la bouche, compter les frissons,
entendre la musique des mains
Tourner la tête, ployer ses cheveux, souffler sur les doigts,
comptine amoureuse, comptine câline
Poser son visage au creux de ses bras, pleurer, pleurer,
pleurer à en perdre la couleur des yeux, à en disparaître,
pleurer jusqu'à la déraison de toutes choses
pleurer à en oublier de voir
En ses mains reposer ma mémoire, bruissements des mots chuchotés,
devenir musique, heures, secondes, siècles
Aimer le frisson courant sur la peau, le rire absolu des lèvres gaies,
sauter les jours, sauter les nuits
Enjamber les ponts, déployer le corps, semer les baisers,
les promesses des amants, les berceuses enfantines
Arrondir la peine, atténuer le chagrin,
dire, dire, dire
dire les mots qui dansent, les mots magiques,
dire, dire, dire
dire la déraison, dire l'amour, dire les mondes
Poser les mains sur son ventre, poser des arpèges voluptueux,
espaces infinis enclos entre les cils
S'endormir, enfin, dans le fouillis des yeux gonflés,
renifler comme la femme redevenue enfant,
fermer les doigts sur les "jamais", les "toujours", les "aime moi"
l'oubli des heures de nuit
Se réveiller et recommencer
dans la moiteur des heures ternes
accomplir les petites choses
rire quand il faut rire
Poser au bord de la porte ses chaussures,
lever le visage à la pluie
Etre fantôme, être brume, être nausée
Ne plus respirer
Ouvrir la bouche pour laisser passer la folie
Et, s'endormir, enfin, dans le fouillis des yeux gonflés,
renifler comme la femme redevenue enfant
fermer les doigts sur les prières en chapelets
l'oubli des heures de nuit
Se réveiller et recommencer
Apprivoiser la bête tapie dans le ventre....
Mariem mint DERWICH
(Zeïnabou CHIAA)
heures de pluie....
Il pleut
je souffle sur la vitre, du bout du doigt je dessine
doucement, doucement,
enfermant mon souffle dans le bruit de la pluie sur les carreaux
à mes oreilles j'entends chuchoter tant de choses,
tant de choses,
doucement, doucement,
je pose ma peine au bout de ma langue et je ferme les yeux
je voudrais devenir pavés, feuilles mouillées, odeurs âpres,
devenir oiseau mort
doucement, doucement,
je replie ma main sur le mur posée
Il pleut
et la musique amère, la musique syncopée,
doucement ,doucement,
fait pencher mes mots, je suis aphone
j'ai le corps dévié, loin de la route,
j'ai les silences comme des chaînes lourdes,
doucement, doucement,
je me roule en boule
je voudrais devenir grain de sable, atome, misère,
devenir le mot mort, le mot disparu,
doucement ,doucement,
j'enfonce mes doigts dans mes yeux
Il pleut
je suis aveugle, je suis sourde, je suis muette,
doucement, doucement,
j'écoute la douleur monter
doucement, doucement
je m'estompe, je calfeutre ma mémoire,
je lève mes yeux aveugles et mon âme et mon sang et mes poings et mes cris
et je brise la vitre
Mariem mint DERWICH
(Guy DENNING)
lundi 19 janvier 2015
Mon coeur....
Il est toujours là
ce battement de coeur perdu,
toujours là,
au bord des lèvres, en partance
et, pourtant, si présent
Il est toujours là comme une douleur sourde
qui tait les cris et les contes
Il est toujours là
ce battement de coeur perdu,
toujours là,
endormi dans mes mots,
innocence envolée
Il est toujours là, petite chose acérée
qui regarde le miroir
Il est toujours là
ce battement de coeur perdu,
toujours là,
accroché aux milliers de battements de coeur perdus,
arrêté au bord du chemin
Il est toujours là, en farandole,
dansant la douceur des images
Il est toujours là
ce battement de coeur perdu,
toujours là,
je souffle doucement sur lui, oiseau aux ailes brisées,
je souffle doucement sur lui et je lui parle,
je lui parle et éponge le sang,
je lui parle des aurores à venir,
je lui parle des nuits à créer,
je lui dis les pages des livres et les musiques des poèmes
Il est toujours là et je le regarde
j'ouvre ma poitrine pour qu'il revienne en moi.
J'empoigne mon coeur, je compte les battements,
j'écoute le tambour des choses qui furent,
ma peau devient rythmes.
J'empoigne mon coeur, je le lance aux cieux.
Et je lui dis : aime, mon battement de coeur perdu......!
Aime !
Mariem mint DERWICH
(Artiste : KLIMT)
mercredi 14 janvier 2015
Je m'envole...
J'ai cet amour passé, couleurs des temps infinis,
comme une prière dans l'aube de mon corps,
en écritures arabesques sur ma bouche,
enfermé entre mes cils et chuchotant au bord de mon regard.
J'ai le goût doux amer de la peau sous la langue,
petits papillons du désir et des rives lointaines
J'ai le coeur racontant les histoires d'avant,
les battements perdus, douceurs,
j'ai le coeur en images, murmurant les promesses des étoiles,
la musique comme des mains dans mes cheveux.
J'ai la lumière rêveuse de celle qui marche au bout du monde,
dans la splendeur des pluies chaudes
J'ai les lettres inscrites au bout des doigts,
mains vers le ciel et je dis nos noms, offrande à la nuit,
j'ai les lettres des ports, des départs, des Je t'aime,
posées sur mon cou, à l'orée de mon oreille
J'ai la mémoire dorée de ce qui fut dans la douceur de la voix,
petites chansons des nuits endormies
J'ai les contes enfantins, les comptines des rondes amoureuses,
les couleurs passées des rires, des soupirs lissant mes épaules
J'ai la tête vers le ciel renversée et je le regarde, de ce lointain où je m'envole,
je le regarde dormir dans ma mémoire
je pose ma main sur son bras et dénoue mes doigts
et je lui dis mes horizons, mes exils, mes chants des dunes, mes chants des vents
J'ai tous les murmures du monde, en bordure de mes mémoires,
en bordure de son corps allongé
Je danse, je danse, je pose mes pieds dans la poussière des jolies choses perdues
Je le pose dans mes mains et je lui parle, je lui dis, je lui dis les mots qui naissent,
les mots qui furent, les mots tus, les mots langueur, les mots poésie.
Et je m'envole....
Mariem mint DERWICH
(Artiste : Ademaro BARDELLI)
lundi 12 janvier 2015
Etre mots...
Parler de tout et de rien
parler comme on aime, parler comme on pleure,
parler comme on rit
Ecrire tous ces mots, les mots de l'absurde,
les mots des choses insignifiantes et des choses immenses
Dessiner les lettres, les remplir des sens nomades,
vouloir y tatouer la langue,
dévider, arrondir, graver
Empoigner le verbe, le poser sur ses mains,
écrire à n'en plus finir
écrire à en mourir parfois
écrire pour vivre
entendre les notes de la mer
et les chants des vents
et les flûtes de ceux qui ne sont pas
Colorier les mots, enfanter les alphabets,
inventer à l'infini les mots neufs, les mots nouveaux,
en faire des tableaux de nos corps
Poser les mots sur nos ventres,
les écouter danser, offrir des frissons,
les boire sur nos bouches et les laisser chantonner.
Etre mots, simplement, mots d'argent et de vermeil,
mots d'enfants et mots des hommes,
mots des poètes, mots des sables, mots enluminures,
être mots des abîmes et mots morts, mais mots de vie
Donner les mots aux arcs en ciel, en faire des papillons,
en faire des enfantements, des renouvellements,
des cadeaux naïfs pour ce qui est
Et puis prendre le mot, le mot qui est tout, celui qui nous berce,
le tresser en ailleurs lointains
le sculpter sur nos paupières
regarder les nuages
regarder la lune
inspirer l'éternité
boire, la bouche collée à la terre
Fermer les yeux, ouvrir les doigts,
devenir mot, devenir mots
Renaître
Etre
Mariem mint DERWICH
(Artiste : Abdel Malik Nounouhi)
samedi 3 janvier 2015
Les mots de Mona Mac DEE, ce beau "dialogue" à 4 mains que nous effectuons, ces regards croisés, ces intimités de femmes partagées....
Mon "Autre"
Tu es murmure, miroir lointain,
jour après nuit, je t'entends,
en écho,
d'une oreille au coeur;
tu me chuchotes les cris d'orage,
les douleurs vives,
les absences.
Abaissée à n'être rien,
acculée à leur être tout,
tes larmes coulent sur mes joues et tes poids courbent mes épaules.
Nos rires s'éclaboussent,
nos paumes sur l'écran se fondent,
et nos doigts que la plume emporte,
alignent un à un, les mots étonnés et furieux.
je t'entends, encagée, arpenter au-delà des murs, les dunes de tes hanches, rondes et sensuelles, et s'écouler les grains de sable de ta terre, si doux entre tes mains, libérées.
Sans cesse, nos voix se croisent, s'emmêlent, là au centre de moi, en ce chant si léger, que seules peuvent fredonner les femmes-envie...
Mona Mc DEE"
http://monazarts.blogspot.be/2015/01/mon-autre.html
vendredi 2 janvier 2015
Ma terre
emperlée au bout de mes doigts
Je la prie, la déroule, la récite,
grain après grain,
Je la porte en livres, en vers, en chants,
tatouée sur mes épaules
Je la danse, l'empoigne, la caresse
fil de laine après fil de laine,
Du fond des nuits froides je la tire
la rappelle au bord de mes cils
je lui raconte les soleils
et la mer et les hommes,
les enfants et les femmes,
les vieillards accroupis,
les mendiants en aumône
Je la tisse, je l'ouvre, je la lis
j'épèle les matins dans les chants des mosquées
les notes lourdes
les prières murmurées
Je raconte les plis, les dunes, les arbres, le Fleuve
les voix dans la poussière
j'écris
je tamise les vents, j'attrape les lettres
je fais de ses voix des grands larges des draps froissés,
à l'odeur de l'amour
Je prends l'homme par la main, je le roule sur mes flancs
et je gravis les sentiers des caravanes
je me pends au cou des chameaux, je bois les larmes de leurs yeux
je pose ma tête sur leurs cous et je m'endors
Je chante ma terre, mes terres, les pourpres des réveils,
je suis le paysan arrimé à la terre, mains puissantes
dos courbé
Je nage dans ses eaux, je suis pêcheur, habitant du monde de là bas
j'ai le corps poisson, le corps sirène, le corps abysses, le corps pirogues,
en éclats liquides
Je suis fille des nuages, je poursuis les rêves fous aux yeux brûlés
et les poèmes et les temps infinis
j'ai la couleur de mes chemins
Je suis rahla, je suis jehfa, je suis homme, je suis femelle,
Je suis dguig
Je suis lait
Je suis tassoufra
Je suis musique, je suis Nqaymish, je suis noire, je suis blanche
Je suis les 4 points cardinaux et la rose des sables
Je suis ébène, je suis coquillage
Je suis voiles
Je suis dialdiali
Je prends la femme par la main, j'enfante, je crie la délivrance
et je donne au ciel mon ventre ravagé
je me couche contre son sein
je deviens mère
Je suis femme des immensités
je suis femme sable
je suis femme thé
je suis femme divinations
Je pose mes paumes à l'orée des bathas
je tourbillonne au son de la flûte
je prends les mots des griots et je déchire la pluie d'hivernage
Je porte ma terre,
voyageuse éternelle en absolu d'immortalité
Je l'inscris sur les murs du monde en mes langues chantonnées
Je suis fille de tous les royaumes.....
Mariem mint DERWICH
(Artiste : Sidi Yahya)
jeudi 1 janvier 2015
Pertes...
Je n'ai pas les mots pour dire
dire, dire encore, dire à en perdre le sens,
dire l'indicible,
l'adoucir un peu, le polir, le rouler dans le creux de ma main
Je n'ai pas l'écriture pour signer les mots, les ouvrir,
leur faire perdre leur aspérité
écrire, écrire encore, écrire à en perdre l'alphabet des sens,
les tamiser dans la lumière de mes yeux
Je n'ai pas les armes à la main, le poing dressé,
je n'ai pas la cuirasse
je n'ai pas les futurs
Je suis comme un rond dans l'eau, en cercles évidée,
bois mouillé,
herbes mouvantes,
bleu vert des profondeurs
Je ne sais pas bouger au rythme de la douleur
Je ne sais que me lover en moi même, aller là, au plus profond,
là où il fait si noir mais si doux
aller là bas, tout là bas, de chemins de déraisons en chemins de folie,
aller là bas, au pays des anges déchus
Je ne sais pas danser, je ne sais plus tourner sur moi même
Je sais les cachettes des enfants terrifiés, celles où le monstre dort sous le lit
je sais les écorchures et le sang
je sais les coups et les bleus
Je ne sais pas respirer, je ne sais plus boire les vents
J'ai perdu les traces de la lumière du monde
je le murmure, je le murmure, je le murmure
jusqu'à ce que la parole devienne silencieuse
langue coupée
ailes brisées
Je ne sais plus manger les couleurs et les réveils
En moi je me replie, rond après rond, cercles après cercles,
bracelets de cheville emmurant mes lèvres
Je ferme les mains et je pleure dans le noir.
Mariem mint DERWICH
(Artiste : Patrick SINGH)
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