dimanche 28 mai 2017

Statue de pierre...













À combien de tristesses mesure t'on un battement de coeur?
À combien de solitudes raconte t'on une histoire?

Petite fille perdue, là-bas, dans la maison d'enfance,
femme puzzle,
impuissance

À combien de routes écrit-on que les mots sont des silences?

À combien d'abandons une femme s'invente-t'elle?

Dans la parole reçue, dans la parole offerte,
dans la lumière en moi, dans les profondeurs,
dans l'entre-deux pastel, fugitif, perdu, Atlantide

Se retourner, inspirer la trace de ses pas, poussières,
regarder un atome,
les yeux qui ne comprennent pas
et moi assise au bord de la route

À combien de fuites des silences ré invente t'on une langue?

À combien de pères interroger le monde?
Pour dire que le coeur s'épuise
que l'amour n'est qu'un regard qui s'éloigne un instant,
et une chaise devient vide

À combien de colères devient-on une silhouette?
S'enrouler en soi, chapelet, sables, soleils,
faire de ses doigts une lettre, un alphabet orphelin,
ouvrir sa poitrine, fermer les paupières,
écrire, écrire, écrire,
dire que rien ne s'efface, que rien ne meurt,
conte d'une petite fille dans son enfance,
cercle
pointu
sucre

À combien d'horizons colorie t'on des départs?

Mon poing se referme, il fait mal,
je suis dressée
je suis dents serrées
je suis la parole perdue
je suis l'enchaînée

À combien d'aurores une vie?

Statue de pierre...

Mariem mint DERWICH

(Artiste, Jacqueline Didsbury)










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