dimanche 9 avril 2017

Tu es là, en train de lire. Banalité d'un geste et, pourtant, l'espace devient plage immobile. Je te regarde, mes yeux se font doigts.
Ils suivent la ligne du profil, ils s'attardent sur ta bouche, sur ta lèvre inférieure devenue tendresse.
Du bout de mes yeux j'effleure la ligne du front, les courbes de tes yeux, la rondeur de ton menton.
Ils se font ces petits plis au coin de ton regard, ces marques qui sont ton visage, qui racontent des histoires, qui t'écrivent. J'aime ton visage, les méplats, les creux, les chemins dessinés.
Mes yeux faits doigts se souviennent que j'ai posé ma bouche sur lui, que j'ai appris tes paupières avec mes lèvres, que dans le plaisir j'ai ouvert mon regard pour qu'il devienne ton visage et déposer au bord de tes iris le chant d'une femme devenue feu et eau.
Je deviens instant sensuel et émerveillements.
Je suis la ligne de tes mains, je joue avec tes doigts, j'en goûte la texture, je m'allonge sur le dos de ta main...
Je te regarde lire et quelque chose aspire l'air en moi. Je te regarde lire...
Je regarde tes pieds, je m'émerveille de toutes ces petites choses qui te font. Je remonte mes yeux au long de tes jambes...
Tu lis et je deviens poésie... 
J'arrête mon regard et mes doigts invisibles sur ton cou et le pli de la nuque, en cet espace frontière entre tes cheveux et ta peau. Tout devient émouvant. Cet espace est fragile. Mes yeux se perdent en cette frontière.
Tu lis et je regarde ta poitrine se soulever doucement au rythme de ta respiration. Mes yeux se font coquillage. Ils se ferment doucement pour écouter le battement de ton coeur.
Tu lis et je te fais poème.
Je te regarde et je ne suis que perceptions de toi. Je suis paix, je suis bonheur, je suis plénitude, je suis battements de coeur, je suis renouvellement, je suis lumineuse, je suis désirs.
Et mes doigts en mes yeux te caressent, dans la verticalité d'un instant parfait.
Je ne pense plus. Je me laisse porter par la vague. Seul tourne en moi l'émerveillement toujours là et ma peau qui répète " homme mien, homme mien"...
Tu lis, je suis là, je te regarde et je t'aime dans le silence de mes yeux devenus mains...

MMD

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