samedi 15 avril 2017

Je "t'absence"...

C'est dans ta voix que j'apprends l'absence. Je bats le rappel de mes souvenirs de ta voix, ces instants où elle s'est faite profonde, déployée en nous, cette pause dans la légèreté qui donne à ta parole le soyeux d'un aveu.
Ta voix est cette porte qui s'ouvre sur mon intime...
J'écoute ta voix. Pas seulement les mots mais le son de ta voix, la petite cassure du souffle, la tessiture qui effleure ma peau... Ta voix se fait grave et j'apprends ton absence.
Il me faut ta voix pour ce qui n'est, somme toute, que l'apprentissage progressif de la grande absence qui va venir, cette brisure de mon espace...
En moi j'écoute ta voix.
Tu redeviens mes frontières, celles d'où naissent mes mots. Je t'écoute, je t'écris, je " t'absence" et je te ramènes en mon centre, coeur des sentiments.
Tu es ma silhouette de la frontière, mon homme des grands lointains qui me revient en ressacs, allers et retours, une vague qui touche ma peau, une houle qui s'éloigne, le bruit de l'eau sur le sable, les sons ouatés, étouffés qui envahissent mes oreilles quand j'ai la tête sous l'eau, dans ce monde liquide qui apaise, qui me ramène aux profondeurs et aux histoires de noyés....
J'écoute ta voix. Elle est baume sur ton absence.
J'écoute ta voix, je ferme les yeux, mon regard perpétuel sur toi s'ouvre sur ce qui vit en moi. Je suis une enfant en paix qui t'écoute raconter l'histoire de ces noyés qui viennent, pendant les sommeils des vivants, ramasser sur les plages ce avec quoi ils dessinent leurs vies des grands fonds, miroir de nos vies....
Ta voix me dit l'autre côté et je deviens noyée à mon tour. Je "t'absence" et, allongée sur un fonds sableux, je regarde tout là haut la lumière s'iriser, vie marine... Tu m'es, alors, cette lumière prismes...
Je "t'absence" et je t'aime.
Je n'ai pas de recettes miracles pour ce " je t'absence". Je sais seulement que c'est ta voix qui devient tes bras et mon abri.
Je t'aime.
Je t'écoute et je pourrais, en ta voix, devenir cet oiseau qui remonte la mer, oiseau de l'aube et oiseau du crépuscule, dans le bruit des vagues et du vent, dans les odeurs de la terre et les odeurs marines, dans le rire d'un enfant heureux... Je t'écoute et j'effleure un homme mien aux yeux fermés.
De ta voix je fais un silence Lettre Infinie. Et un mot devient mon amour pour toi.
Je t'aime.

MMD

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