lundi 27 juin 2016

Il m'a fallu..Lumière













Il m'a fallu devenir et les vagues, et le ressac et la houle,
Il m'a fallu devenir profondeurs, abysses,
Il m'a fallu m'échapper, m'inspirer, L'expirer,
Il m'a fallu des bords de falaises, des morts infinies,
Il m'a fallu des prières, des abîmes, des suppliques,
Il m'a fallu ôter, encore ôter, vêtements de l'âme après vêtements de l'âme,
Il m'a fallu des battements de coeur, entre deux de ce qui vit,
Il m'a fallu des aubes et des crépuscules, des soleils et des pluies,
Il me reste tant de temps morts à vivre vivants,
Il me reste encore toute cette route de Lumière pour L'entendre me murmurer :
" Où es-tu?"

Renaître en chaque instant, gestation perpétuelle,
La Perfection dans l'imperfection,
Compter du bout des doigts et finir par ne plus savoir compter,
Et, à la fin des alphabets qui disent l'âme, revivre en Sa Langue

Nous avons dix doigts, c'est pour s'entrelacer aux autres,
Nous avons deux mains, c'est pour que nous puissions devenir livres de prières, en prières,
Nous avons une bouche, c'est pour que nos souffles s'arriment aux souffles de l'univers,
Nous avons un corps, c'est pour signifier la texture de Ce qui ne se voit pas, Ce qui n'est, Ce qui est...
Nous avons un temps, c'est pour dérouler l'Infini intemporel et nous rappeler la fugacité,
Nous avons un esprit en inspirations, c'est pour s'expirer,
Nous avons l'Amour,
Et nous disons " Mon Dieu, retrouve-moi"

Tournoyer aux mondes,
Tournoyer en particule, en poussière, en grain de sable,
Catapulté aux confins de ce qui se perçoit

Entendre les chants qui montent...

Mariem mint DERWICH




mardi 21 juin 2016

Vous souviendrez vous?












Quand mes yeux au monde seront fermés,
quand mes yeux atomes seront ouverts,
quand mon âme seule sera,
quand je ne serai plus que silences,
Infini,
quand je renaîtrai à l'aube du monde,

vous souviendrez-vous?

Quand dans l'espace d'une note de musique,
mon souffle deviendra vague,
quand dans l'interstice devenu horizon,
quand je tiendrai une main pour aider au grand voyage,
Immensité,
quand ma langue déposera le dernier mot,

vous souviendrez-vous?

Vous souviendrez - vous de la femme qui fut?
Entendrez vous à vos vies sa silhouette?
Vous souviendrez - vous qu'elle a aimé?

Vous souviendrez-vous?

Quand, dans la fugacité d'un désir, je fermerai la porte de ma maison des sables,
vous souviendrez - vous qu'elle fut danses et tournoiements?

Vous souviendrez - vous?

Que direz vous de la femme en souffles ocres?
Vous souviendrez - vous de l'enfant qui ouvrait ses mains au ciel?

Vous souviendrez - vous?

Quand, dans les vents essaimés au destin, je m'allongerai,
vous souviendrez - vous des traces laissées à la poussière des chemins?

Vous souviendrez - vous?

Quand mes yeux au monde seront fermés,
quand je serai pour l'éternité cette petite fille qui chantonne,
quand je poserai ma bouche à mes lèvres qui ont tant inspiré,
quand une aile de papillon deviendra le temps retrouvé,

Vous souviendrez - vous?

Que direz vous de la femme qui regardait le ciel?
vous souviendrez - vous des hommes qu'elle a aimé?

Vous souviendrez - vous?

Vous souviendrez - vous qu'elle fut musiques, et coeur, et battement et pluie?
Vous souviendrez - vous qu'elle a posé ses mains sur les murs?
Vous souviendrez - vous qu'elle a rêvé, rêvé, rêvé?

Vous souviendrez - vous des abandons, des sangs, des larmes, des cris?

Que direz vous de la femme qui a tant aimé?

Mariem mint DERWICH

(Artiste : Frédéric Hebraud)


lundi 20 juin 2016

L'enfant qui rêve....













A la barque qui vient de l'Orient,
aux vents qui portent les mots,
aux hommes qui tournoient dans le suspendu,

Aux portes fermées, aux portes ouvertes,
aux enfants qui sautent et rient,
aux arbres qui s'endorment,

A l'eau, aux abîmes, aux houles, à l'Océan,
aux sables déroulés,
aux contes des heures,

Aux minarets en poussières, rêves,
aux chapelets, aux doigts devenus prières,
aux litanies, aux lèvres psalmodiantes,

A la femme qui marche, sépia du monde,
aux vertiges d'un regard,
aux morts qui racontent,

Aux fins des horizons, aux cieux doucement respirant,
aux corps dans la lumière d'un soir,
aux pas sur les chemins de lune,

A l'aïeul qui enchâsse sa main à ma peau orpheline,
aux caresses, aux baisers, aux mots de l'amour,
aux rires, aux poèmes au mitan des soleils,

Aux livres, pages blanches, pages bleues,
aux bonbons d'un soupir, sucré, amer, salé, miel,
aux offrandes d'un je t'aime,

A l'infini, aux alphabets qui meurent,
aux paroles en vents, voiles, encens,
aux bouts des jetées, voilures, bateaux,

une enfant dort et se dessine clairs obscurs, ailes des anges....

Mariem mint DERWICH

(Artiste : Rodin)

dimanche 19 juin 2016

mourir et vivre













A ma main ouverte, à ma paume pastels,
j'ai posé une ligne de vie,
une ligne d'amour,
une ligne des vents,
je joue,
un doigt suivant les chemins,
ceux qui nous habitent,
les marches forcées,
les méandres,
les larmes qui noient les regards

A mes lignes, sillons têtus,
dans ma main en livre ouverte,
aile devenue le monde soudain gris,
je joue,
les prières en éclats au bord des lèvres,
le souvenir d'un parfum,
une voix de la nuit,
le murmure en sables chuchoté,

A mes mains qui bégaient,
à mes doigts orphelins,
à mes psaumes peaux, odeurs, mots du feu ,
à mes envols oiseaux de paradis,
à mes frissons, à mes paroles enfuies,

je joue

A mes yeux posés sur mes mains lignes et fractures,
à mes paupières endormies volets,
à la lisière de ma joue,
aux mondes tournoyants,
aux cris qui montent du ventre

je joue

Aux zébrures d'un jour qui se noie,
à la bouche ouverte, ouverte, ouverte,
aux traces,
au frisson cheminant sur le pli d'une dune,
à la douleur qui vient dans ses voiles

je joue

J'ouvre les lignes de ma paume,
je joue la mort, je joue la vie,
les départs et les chaînes,
j'ouvre les lignes, mots tus,

je joue

A ma paume qui ne raconte plus rien,
absurdité du temps,
je fracasse ma vie,

Je joue, je joue, je joue

Il faut tous ces jeux de mes doigts
pour que la vie s'ancre,
pour que la mort vienne,
je joue, je joue les matins morts aux fronts des chansons

je joue

A mes mains qui ne sont plus,
je joue mes mots, mes larmes

Je me roule en boule dans le pli d'une trace ténue
et je pleure, je pleure, je pleure
en ma main devenue vierge,
bleue, bleue des ciels qui se ferment,

J'ai scarifié ce qui fait mal en mes lignes,
en ma paume inutile,

Mourir pour vivre, à ma paume devenue enfer...

je joue

Mariem mint DERWICH

(Artiste : Guy Denning)

De mon autre, "Elle du Nord", Mona Mac DEE...









Je suis :
une maison vide,
une vitre brisée,
une étoile ternie,
une défaite,
une chanson triste,
un soleil voilé,
un bas filé,
une lune cachée,
un champs dévasté,
un ciel de Novembre,
et je t'attends,
dissimulée, près des murs au papier déchiré

Mona Mac DEE

( Artiste / Crédit photo : Mona Mac DEE)

mardi 14 juin 2016

En moi tu es...













Il est des silences en profondeurs,
des silences comme des regards,
en ton cou endormie,
je tais le mot qui monte,
le dessine air et ciel

ma place, ma place

Tout ce qui ne se dit pas,
l'inscrire, le chuchoter,
le rendre à l'eau, le rendre au souffle,
le rendre à tes paupières fermées,
espace

ma place, ma place

j'ai cet amour couleur de la dune,
coeur et battement,
cet amour, cette urgence,
danse mon âme, danse,
une étoile te regarde

ma place, ma place

au bord du coeur frissonner,
je pose mes mains à tes horizons,
j'inspire, j'inspire,
gout sucré, gout amer,
ris mon ange, ris

ma place, ma place

je sème les lettres de ton nom,
à la porte de ce qui est caché
j'ai inscrit la paix et le chant,
un parfum 
aime, mon coeur, aime

ma place, ma place

Il est des silences comme des crépuscules,
veilleurs d'éternités

ma place, ma place

Et dans la nuit rendue à la prière,
je referme mes mains sur mon visage
dans la pénombre redevenue maison,
je murmure à mes doigts

tu m'es, amour, aimé...
Tu m'es...

Mariem mint DERWICH

(Artiste : Victor-Edmond Leharivel-Duroc)

vendredi 10 juin 2016

Mondes...













J'ai posé mes yeux aux regards magiques,
iris dans les profondeurs.

J'ai roulé à ma bouche le scarabée qui parle d'amour à la dune,
enfermé les chants des baleines dans les lagons lointains

J'ai offert mes cheveux  aux vents porteurs d'ailes, multitudes,
chants des nuages et éphémère

J'ai inscrit mes doigts aux dos des chevaux des plaines,
fait un voeu caché dans les crinières

J'ai dansé les traces de l'oiseau qui ne vole pas,
perle de La Grande Île, il m'a dit....

J'ai ouvert mon cou aux sources qui font naître,
devenue eau et écailles et la pierre bleue des profondeurs

J'ai noyé ma peau aux vagues des déserts,
histoire des mondes de là-bas, à l'heure des animaux qui vont boire

J'ai tournoyé les cyclones, ouvert le monde en palmiers,
essaimé mon coeur aux arbres, racines, racines

J'ai imprimé mon front aux cils de ce qui danse,
j'ai posé mes pas aux chemins oubliés, j'ai dormi dans la grotte

J'ai bu à l'eau qui voyage, gouttes tatouées à ma peau,
rires des poissons et des petits cailloux

J'ai posé mes mains aux sables qui racontent les aubes des hommes,
me suis allongée à l'oreille du minuscule, grains à mes lèvres en éternité

Je suis née encore et encore, au épaules des compagnons de route,
en coeur d'eux, en coeur de nous, besaces pleine de rêves

Avoir le corps étoiles, en multiples, en herbe, en pluies, en orages,
être miel et abeilles, entendre, entendre, entendre jusqu'au bout du souffle

j'ai aimé le monde, le monde m'a enfantée, il m'a aimée à son tour,
en mes doigts soudains déployés j'ai posé son immensité,
et dans le petit jour endormi d'une île lointaine,
j'ai coulé ma peau à l'eau des yeux de la terre

A l'ange qui dessine mon corps sur la route, à l'ombre des lucioles,
des papillons, dans la fourrure d'un animal, un murmure a ri,
doucement, doucement....
J'ai ouvert ma poitrine, douceur de la lumière des jours

J'ai enjambé les montagnes et les rivières et les océans et les déserts et les villes et les hommes,
j'ai volé si haut que les soleils m'ont attrapée,
j'ai entendu les langues des enfants, les rires des insectes, les amours des femmes,
j'ai brûlé en encens envolé

Aux nuits qui viennent je dépose ma parole, mes silences,
fermer le regard et ouvrir les yeux,
poser mes mains en colombe, dans le jeu des clairs obscurs,
jouer avec les rayons

et m'endormir dans l'herbe mouillée....

Mariem mint DERWICH






jeudi 9 juin 2016

Aube première











Tournoyer, tournoyer,
l'incommensurable,
l'indicible,
la dilatation perpétuelle,
l'éternité faite verticalité

Toucher l'homme et toi et toi
Nous au-delà du Moi

Enjamber les aubes des mondes,
ouvrir les yeux
dire, dire, dire,
le mot qui monte,
le mot effacé

Et l'homme chaviré et toi et toi
Ils au-delà du Nous

Dans l'apothéose de la parole devenue vents,
lancer l'atome au front des étoiles,
en faire le commencement et la fin,
dé créer, recréer, dé naître,
au bout du Tout, dessiner l'invisible

En l'homme perdu et toi et toi
Je au-delà du Eux

Ouvrir l'âme, en faire tous les déserts,
tous les jardins, tous les silences des nuits,
poser sa bouche aux immensités,
méditant aux nuages chantonné,
inspirer, inspirer, expirer ce qui ne se nomme pas

Chercher

Hors l'homme aveugle et toi et toi
Nous devenu Je

Aux lointains de l'inimaginable
poser le souffle

Tournoyer, tournoyer

Si tu n'es pas aveugle comment peux tu danser?

Mariem mint DERWICH

( La galaxie d'Andromède. Crédit photo : NASA)



mercredi 8 juin 2016

Mon grain de sable...












J'ai posé un grain de sable sur l'aube qui vient,
écouté la chanson de celui qui appelle,
prière enfantement et le ciel qui s'ouvre...

Dans la douceur de la ville qui dort encore,
j'ai semé mon grain de sable,

J'ai posé un grain de sable à la porte de ma bouche,
il a déroulé les contes des hommes,
murs ouverts sur l'intérieur...

Dans le corps des balbutiants assoupis au mitan de leurs rêves
j'ai semé mon grain de sable

J'ai posé un grain de sable au cou de l'étoile,
entendu la nuit murmurer la ville endormie,
les mots de ce qui n'est ...

Dans l'attente de la femme qui part, miroirs et tessons,
j'ai semé mon grain de sable

J'ai posé un grain de sable, à la dune allongé,
il a roulé et s'est multiplié, homme devenu enfant,
histoire d'un alphabet qui essaime ses lettres

Dans la splendeur d'un crépuscule, au bruit des vagues,
j'ai semé mon grain de sable

Dans le lent et profond battement de coeur de l'univers,
mon grain de sable est devenu rires et danses et feu follet
il a dessiné le livre des choses que l'on ne dit pas,
celles que l'on ne murmure qu'à l'obscurité, endormis,
aux rêves des géants accrochés,

Dans le regard qui s'ouvre aux cartes des mondes,
j'ai semé mon grain de sable

A l'homme qui prie, à l'homme aux yeux tristes, à l'homme qui implore,
j'ai offert mon grain de sable devenu battement d'âme,
j'ai posé ce tout petit grain de sable au milieu de sa poitrine,
ce tout petit grain de sable
ce tout petit grain de sable

Dans le silence d'une maison des vents, à l'immensité déployée,
j'ai semé mon grain de sable

Mon grain de sable, tout petit, tout petit, fantôme fragile,
je le sème à ton visage en mes mains devenues livre,
je l'ai endormi en ma langue pour qu'il ne meurt pas,

Dans la béatitude d'un espace magique,
j'ai semé mon grain de sable aux murs blancs,
pour qu'il te raconte, encore et encore, les silences des larges,
les silences des lointains en nous,
les silences des néants

et la chanson de celle qui te parle...

Mariem mint DERWICH

(Artiste : Chahab)