samedi 31 décembre 2016

Terre de couleurs....













Il a fait de mon corps une note,
un parfum, un chemin,
une terre des couleurs

Il a fait de ma parole une musique
a posé des silences dans mon sang
une main ouverte, une main ouverte

Il a dessiné sur ma peau les vents
ceux d'ici, ceux de là bas
ils ont tressé mes cheveux

Il a posé une île sur ma bouche
j'y dors et je le rêve
et la mer pour m'enfuir

Il me tient entre ses doigts,
je danse sa peau
mes lèvres dans sa paume

J'ai arpenté les horizons
il dormait au bord du monde
les yeux fermés
je lui ai dis, viens, il est des amours à faire,
des mondes à partager,
des mers à découvrir
je lui ai dis, homme mien, homme que je porte,
je mets tes silences en colliers,
en bracelets,
Je lui dis, jusqu'à la fin de la parole

Il habite mon ventre et mes sommeils
J'allonge ma bouche à sa bouche
je tatoue sa langue
j'ouvre mes bras, infini, éternité,
pour qu'il fasse de moi une note, une seule note,
un parfum, un chemin,
une terre des couleurs

une terre des couleurs....

Et je lui dis, homme mien, homme mien, homme mien
perle, bras serrés, eaux, vague
homme mien ,homme mien, homme du bout du monde

Une terre de couleurs....

Mariem mint DERWICH

(Artiste,Marie-Paule Deville - Chabrolle)











Pour lui qui m'habite et que j'habite...

vendredi 30 décembre 2016

Lettre à la mer, lettre d'un bout du monde à un bord de soi.....

Lettre d'un bout du monde, ma bouteille à la mer, mes mots devenus vents et toujours plus haut, toujours plus loin les lancer.
Il faut aux vies des bouts de monde, des bouts de soi, des bords de nous, là où tout est espace. Et marcher de bords de soi en bords de soi, de bords de moi en bords de lui.
S'asseoir, respirer, poser le regard au plus profond, ouvrir, ouvrir...
Tournoyer, tournoyer, n'être que cet atome aux bras ouverts, au visage lancé au ciel... D'un atome à un atome, écrire le monde, tourner les désirs, les manques.
Et l'atome tourne. Il est fulgurance. Il est lumière. Il a pris le chemin d'un autre bord de soi, frontière effacée, celle qui sent le vent, la mer, la terre, l'infini inscrit en mon regard, cet infini face à ce qui danse.
Dans ma bouteille que je jette le plus loin possible, tournée vers l'horizon, par delà les terres, les rivières, les mers, les criques, les villes, les phares, loin si loin, j'ai enfermé un oiseau, pour dire à l'autre bout du monde qu'au bord de moi il est, que je m'endors dans son sourire.
C'est ma lettre de naufragée, ma lettre des dunes, des soleils, des mains sur mon ventre.
Ma lettre du bout du monde. Je souffle doucement sur ma lettre pour que les mots renaissent odeurs, touchers, sa peau..
Il entendra peut être mon bord de lui, mon bord de moi, mon bout du monde...
Et l'oiseau pour murmurer qu'au fond de ma bouteille j'ai enfermé mes seins, ma bouche, les musiques, celle qui tournoie et celle qui tape contre mes sables, ce bord de moi qui m'est lointains et présents, mes entre secondes...
Dans ma lettre d'ici je lui dis que je redeviens libre, en cavale de moi, qu'un bout du monde s'est fait bord de moi, qu'une petite fille s'endort enfin. Elle a accompagné une femme pendant toute une vie. Elle s'efface et se rend à la mémoire. Elle dit à cette femme "Aime, sois aimée. Tu n'as plus besoin de moi, plus de peurs, plus de douleurs. Mets toi dans la bouteille et va..."
Dans mon bout du monde que je lance vers mon bord de moi je parle ma langue familière, celle d'une voix qui murmure et qui m'a offert des silences comme des aubes, des crépuscules, des nuits qui nous regardent partir. A ce bout de moi, bout de terre, bords des mondes, je n'ai à offrir que cette langue des intimes. La seule que je connaisse. Je l'ai mise dans ma bouteille, avec l'oiseau, avec le chant, avec une musique, avec le désir...
Je lance mon bord de moi au bout d'un monde... Un bord de moi est devenu regard.
Ma lettre d'un bout de monde à un bord de soi ....

MMD




A quoi tient la vie d'un blog parfois? A des souvenirs remontés à la mémoire, à ces ailleurs qui ne sont jamais très loin...
Rockall, Fastnet, Iroise, Hébrides, Dogger, Antifer, Shannon, Forth, Fisher, Viking...Les noms d'ailleurs, noms de la mer, qui m'ont fait rêver pendant des années, moi la saharienne, fille des sables et de l'Atlantique,  fille de Nouakchott et qui écoutais, éblouie par la poésie des mots, la poésie de ces lointains, la météo marine, tous les soirs, chavirée par ces noms des larges, ces noms d'eau, engloutie que j'étais dans mon Paris d'étudiante....
et je m'inventais des histoires de Terre Neuvas, de marins, de tempêtes, de vents, de vagues...
Étranges que ces amours lointaines, amours de la mer, pour la mer, étranges....
Le monde est poésies....

MMD

Mots chuchotés...










Un lieu fixe, une porte, une table, des chaises, un rire
                    - j'aimerais -
Un endroit de miel et de sable, ma mère, la paix
                    - j'aimerais -

Dans tous les lieux mobiles, ceux qui jalonnent la route,
un lit, un amour, une chanson
                    - toi -

Ouvrir la porte, odeurs, cuisine, les pas qui dansent,


S'éveiller dans les mots chuchotés
                    - ma bouche contre ta peau -

Etre ancre, amarres, un lieu
                    - racines -

Regarder loin, la ligne du ciel, la brume,
effleurer du bout du souffle
les histoires qui viennent
                    - n'être -

Etrangère devenue  fille de...

Un lieu musique, qui dit les gestes du plaisir,
où déposer ses mémoires
la poussière des chemins
                    - moi -

Derrière la porte s'inventent les mondes

Mots de demain, fumée des yeux, eaux
                    - j'aimerais -

Et dans l'absolu de la seconde qui vient
inventer  les chemins des dunes
là bas, là bas, ici et par là,

Dans ta paume murmurer "Naître"....

Mariem mint DERWICH

( Artiste : Mona Mac Dee)




jeudi 29 décembre 2016

ELUARD :
"...je te cherche par-delà l'attente
Par-delà moi-même
Et je ne sais plus tant je t'aime
Lequel de nous deux est absent..."

(Extrait de "Capitale de la douleur")

mercredi 28 décembre 2016

Journal d'un bord de soi (à lui...)..... suite

On dit de l'amour qu'il se construit, qu'il se tisse. Non. Moi je crois à l'amour percussion, celui qui te rentre dedans, celui qui t'est souffle manqué. Il faut s'empoigner pour s'aimer. Un instant avant nous sommes seuls. L'instant d'après nous sommes deux.
Quand est-ce que j'ai aimé cet homme, que je suis tombée en lui, qu'il m'a bousculée, renversée?
Ce moment où tout bascule, où tout devient évidence, clarté absolue?
Une hypersensibilité à l'autre...
Il m'a percutée, a ravagé mon souffle, a arrêté mon coeur. Depuis je n'entends plus que ces battements irréguliers.
Je suis tombée dans ses yeux et sous sa bouche. Tout simplement. Quand nous nous sommes embrassés pour la première fois une digue a lâché. Pendant que nous nous apprenions,  le goût de l'autre, sa salive, la douceur de sa langue, ce souffle qui se fait hésitant et un peu plus rauque, la gestuelle érotique de deux corps qui se cherchent, dans un coin de cette terre vierge qu'avait fait naître le big bang je réalisais cette chose, ce sentiment puissant du " Tu es mon autre; je te reconnais comme tel, je te prends comme tel".
Voilà ce que fut ma rencontre avec lui : une tempête et, en même temps, un calme profond.
Et la première fois après l'amour, après la faim, après le plaisir, la première fois où il m'a offert son grand corps, étendu là, à ma lisière, à mes mains émerveillées par cette immensité faite homme, ses fragilités avouées, ses douceurs, la ligne du torse, la respiration qui murmure, j'ai commencé à tisser ces liens de lui.
L'impatience du corps, le frisson, ce vide qui aspire en moi, les papillons dans mon ventre...
Son regard qui me fixe, par delà la musique, ce regard particulier qu'il a, cette couleur des yeux qui m'est étrange et qui me raconte ce qu'il ne dit pas avec les mots mais dont son corps se fait portée de notes.
Il m'est homme regard, homme qui murmure, homme qui s'abandonne, qui ose petit à petit, comme un enfant qui ébaucherait le grand saut et qui, doucement, s'ouvre à la vague.
Depuis quand une femme ne s'est elle pas abandonnée dans ses bras, pleinement? Depuis quand n'a t'il pas été aimé mon homme audaces et retraits, mon homme détresses?
Je le regarde, je le regarde, cet homme mien, devenu mien, cet homme qui s'est perdu à lui-même et qui a la mer comme rêves, l'Océan pour respirer.
Il m'a fait don de lui. Je l'ai pris, j'ai ouvert ma bouche et mon âme et je suis partie prendre la main de cet homme perdu.
L'amour brûle dans les doigts qui s'accrochent, dans le goût ocre d'un corps qui s'ouvre, dans la parole chuchotée dans une pénombre, dans des regards qui se mangent de loin, dans un moment simple où un homme et une femme sont juste face à face, banalités d'une cigarette échangée, sensualité d'un geste esquissé, le désir et la parole...dans ce doigt posé sur les lèvres qui dit qu'il faut laisser les silences mettre des couleurs et des profondeurs à ce qui ne se dit pas mais qui s'entend, comme une musique perpétuelle, un pas de deux où l'autre est cette plage où l'on s'endort.
Il m'est cet esprit qui répond à mon esprit. Cette facilité, cette fluidité de la rencontre.
Je le regarde cet homme mien qui se redécouvre lui en mon ventre, en ma peau, en mes mots de lui, en ma bouche.
Je le ramène à ce qu'il est, cet oiseau, cet homme beau, cet homme centre, cet homme mal aimé, cet homme paumé. Je le lui dis.
Je lui raconte que ses doigts sur mon épaule font mon monde, que je tangue sous ses yeux, que sa voix me chavire, que sa bouche m'est voyages, qu'il m'est poésies et ciel et nuages et désir.
Qu'il m'est air et respiration, coeur et corps. Qu'il m'éblouit et me rend à moi-même...
Que quand il referme ses bras sur moi, je retrouve le pays perdu. Que ce pays c'est lui.
Il m'est langue étrangère et familière. Ma langue...


MMD









Jeux...










Il y a ,comme ça, comme rien, les doigts qui courent en frissons
les doigts en soupirs, encre de Chine et petits rires

Il y a, comme emmêlés, les doigts qui dessinent en fusains
les doigts en eaux profondes, méli mélo et chatouillis

Il y a, comme endormis, coquins, les doigts qui chantonnent en sourdine
les doigts en ambres modelés, friselis de la peau

il y a, comme taquinés, les doigts en murmures odorants
les doigts en ailes envolés, frôlés le long des hanches

Il y a mes doigts en écriture sur ta bouche, comme ça , comme rien,
en baisers saupoudrés, en ton cou déposés

Il y a mes doigts, en houles sensuelles, comme ça, comme tout,

et sur ta langue j'écris....

Mariem mint DERWICH

(Artiste : Lucie Geoffroy)


Puisqu'il faut une musique à la rondeur, à la plénitude, à la paix, à l'amour....


mardi 27 décembre 2016

Corps à coeurs...











Il est un homme qui m'attend
un homme que j'attends
un homme qui dort dans mon cou

Il a fait de mon corps une musique
a bu à ma bouche
s'est fait manteau

Il a dessiné un chemin mouillé,
de mes cuisses il a ouvert un horizon
s'est allongé entre mes seins
Je le connais cet homme en mon cou amoureux

Il a l'odeur des ailleurs
je le chante en alphabets des corps
en soupirs, en larmes
j'ai fait de sa peau une poterie
que je recrée à chaque fois qu'il me touche

Il m'a sur ses doigts, odeur mouillée, odeur de pluie
il me regarde 
je lui raconte mon ventre envolé monde
il cueille au bout de sa langue
les frissons et les soupirs de l'amante

A mon corps offert
il rend son corps douceur
Il suit le chemin du visage
Abandon
Plaisir

Il est un homme qui m'espère
un homme qui fait de mes nuits
un chant amoureux

Je lui dis, doigt après doigt,
senteurs après senteurs,
voici mon corps à ton corps donné
touche moi
bois moi
inspire moi
donne moi 
prends moi

Je lui dis à cet homme devenu ma mémoire,
allonge toi sous mes paupières
laisse mes mains raconter
écoute le murmure de mes lèvres
ferme les yeux dans mon odeur
ouvre toi
donne moi ta langue pour que ma langue t'aime
fais de ton ventre une barque
deviens celui que je fais danser
et mon désir comme un feu

Il a brûlé ma peau
J'ai scellé ses yeux 

Il est un homme qui m'attend
un homme que j'attends
Il me tournoie
me chavire
il fait de moi un arc, une fleur

Ouvrir les yeux dans le plaisir de lui
Ployer
ployer

Naître femme...

Mariem mint DERWICH

(Artiste Gustav Vigeland)











lundi 26 décembre 2016

Journal d'un bord de soi

Écrire, ne pas écrire. Dire, ne pas dire. Parler, ne pas parler. Respirer, ne pas respirer. Étrangetés que ces vies plurielles, ces bords de moi, impermanents, allers retours...
Juste le tangible, le palpable, cette écriture non écriture, qui m'est langue intime, alphabet des profondeurs.
Je m'écris, je me parle. Du plus loin que je me souvienne je me parle, face à face pétrifié entre cette femme multiple des autres et cette femme une, celle que personne ne voit jamais.
Un mur que je remonte après chaque tempête, pierre après pierre. La ténacité absurde de la fourmi quand, en moi, je vole, je suis immense.
Absurdes.
C'est ma zone de confort vital quand tout va mal, quand je suis roulée en boule, pleine de larmes, quand les bleus se voient.
Respirer quand on se noie.
J'ai posé dans mes vies mon écriture langue et la musique. La musique pour raconter, raconter à en perdre tous mes mots que mon chemin de croix est ma solitude, la seule lumière qui soit, arc boutée sur le fait d'avancer un pied après l'autre...
Se lever, s'obliger à se lever...une de mes vies m'attend. Elle est emploi du temps et ennui mortel. Elle est mauvais silences, emmurement, violences, dents serrées - " ne pleure pas, ne pleure pas"-, la rigidité du dos, la nuque tendue comme un cristal, la boule au ventre. Fermer les yeux et m'enfuir dans mon journal d'un bord de moi, celui où, enfin, je m'étale, gosse heureuse.
L'apprentissage de la douleur permanente, de la colère retenue au bord des lèvres, de ce poing dressé et fermé, celui que j'habille de rires et de théâtres, en représentation pour un public qui ne comprend pas. Que pourrait il comprendre à cela? Il n'y a rien à comprendre. Juste à regarder.
Et il y a cet homme aux yeux tristes, à qui je parle dans ma vie où je suis oiseau. Cet homme aux silences qui répondent à mes silences. Mon autre encagé, mon autre multiple, mon intersection. Il s'entend si peu que je n'entends que lui. Et à l'entendre lui je laisse mon poing se desserrer... Il me fait du bien cet homme qui m'est journal d'un bord de moi. En l'apprenant je me désapprends de tant de prisons. Il est venu en moi, il a entendu les rires et les larmes. Il a attrapé l'oiseau.
Il m'est étrange et, pourtant, si familier, comme une âme qui m'aurait accompagnée au long de mes siècles de survie. Je le reconnais en moi comme je me reconnais en lui. Semblables et si différents.
Banalités de nos vies menées chichement. La lâcheté de ceux qui ont peur. La peur de ceux qui tremblent en permanence. La peur de ceux qui sont seuls et fragiles. Se nier, s'effacer, encore et toujours, plier, porter le masque, se faire emplois du temps de l'absurde.
Que font deux solitudes et deux détresses quand elles se percutent? Elles s'aiment. Elles s'offrent. Elles s'abandonnent enfin. Elles ouvrent les bras et apprivoisent la respiration soudain faite paix et plénitude. Elles se font l'amour. Elles ouvrent leurs mains, les posent paume contre paume et le poing qui ne se referme pas.
Je l'ai reconnu mon homme des merveilles, lui à qui je parle depuis si longtemps, silhouette fragile en lisière de mes ailleurs.
M'a t'il reconnue moi? Je ne sais pas.
Et je m'en fiche. Il a fait de moi une femme, infinie, lisse. Une femme aimée. Je ne cherche pas à penser plus loin. Demain est une autre vie. Seul ce présent de plénitude importe.
Nous raccrocher aux petits gestes enfantins que s'échangent deux personnes qui s'aiment dans le moment : lui offrir RUMI, mon poème respiration, et lui m'offrir sa chanson de sa "fin de terre", là où la mer commence et ne finit pas...La rencontre entre un poète persan, mystique, qui tournoie pour l'éternité et les mots de la mer, les mots des tempêtes, les mots marins...
C'est nous et plus que nous. Ce sont nos bouches qui se cherchent. C'est cet homme devenu mien que j'inspire et qui m'expire.
Et faire de notre histoire amoureuse une musique qui brouille le regard, le remplit de larmes...
J'ai laissé ma paume à sa paume, émerveillée par cet homme mien qui ne moque pas mes fragilités. J'ai sa paume pour l'éternité contre ma paume. Je le brode dans le manque. je le brode dans sa présence permanente. Je le brode à mon oreille et au bout de mes doigts. Je lui rends la musique, celle qu'il a fait naître en moi, quand il m'a faite femme, quand il m'a invitée dans ses intimes, quand il m'a rendue à moi même, son corps comme une évidence...
Il est mon premier homme. Mon premier.
Ne rien regretter, jamais, surtout pas. Ne pas regretter la faiblesse qui nous a posé sous le regard de l'autre. Se souvenir de ces yeux qui regardent l'autre, enfin. Se souvenir et aimer ces instants magiques où nous nous sommes cherchés dans la pénombre, après tant de murmures qui nous racontaient. Quand nos mains se tournaient autour, quand nous nous sommes reconnus en l'autre.
Se souvenir de cet homme qui souffrait, qui portait tant de détresse en lui, de cet homme qui m'a murmurée, là bas, " enfin, tu me regardes en face"... Sans savoir que je le regardais, affamée, de ce regard que l'on nous apprend à nous femmes, regard de la pudeur qui voit sans regarder...
Que j'ai regardé chaque marque sur son visage, chaque expression, chaque glissement au long de ses murmures de lui.
Il m'a re dessinée lisse, non pas morceaux de moi. Il me rend belle. C'est immense. Il a la patience des gens bons et malheureux.
Je l'ai rendu heureux, moi la mal aimée, moi la mal aimante. Moi la disgracieuse...
Je l'aime mon homme d'ailleurs. Cela me suffit. Cela m'est.

MMD






dimanche 25 décembre 2016

la lettre...










Je te parle,  je parle à en oublier les mots

Une petite fille tournoie
Une main au ciel, une main vers la terre
Elle dit les choses que l'on ne dit jamais
Elle tournoie et regarde la femme devenue voile,
ce vent qui passe doucement sur ta mémoire,
cette pause dans le souffle,
une éternité qui se rêve amante

Je te parle et la petite fille danse

Elle tournoie
Elle ploie sa chevelure et boit le ciel

Je te parle
la petite fille devenue femme entre tes mains
a fait de sa peau une nuit et un jour
un soleil, une étoile
un alphabet
elle te parle

Je te parle et la petite fille danse

Je te parle, t'invente des rivières
toutes les eaux, les pluies, les vents,
Je te raconte l'homme en moi porté
allongé
ses doigts sur mon épaule
ses yeux qui chuchotent les peines
Il est là cet homme
Je lui parle, parle, au long de mes temps
au long de mes hanches
au long de ma bouche
Il a les cils immenses
Il a dessiné sa voix sur mes paupières

Je te parle et la femme danse

Je te parle, te fais naître homme en moi
mon homme en mémoire de nous
mon homme en couleurs émotions
mon homme en perles
mon homme doré

je te parle, mon homme des merveilles
Tu m'es écritures

Mariem mint DERWICH

(Artiste Claire Villeret)



samedi 24 décembre 2016

Petits mots pour murmurer....










Il me sera toujours une île lointaine,
un désert, un fleuve, une mer, un ciel,
une maison face aux nuages
tant de mondes à arpenter
Un homme à aimer
Une musique qui dit que nous sommes
tant de terres à gravir
d'étoiles à danser
Un homme à aimer

J'emprisonne les mots dans mes cheveux
les rends au sel, à la vague, à l'eau
Un homme à aimer

J'écoute mes bras respirer
Chemins après chemins
Ouvrir le regard aux vents
Ecrire un livre aux pages blanches
A jamais neuve, à jamais renouvelée
Des silences comme une boréale
Un homme à aimer

Je le pose sur mon épaule
Collier balbutiant
Couleurs, perles, toucher
Un homme à aimer

J'ai laissé sur la table les mots
pour qu'il lise et ferme les yeux
ce qui vient de là bas, de la brume de ses yeux
Je lui dis que la terre naît de l'eau
qu'il faut une main accrochée à une main
qu'il est des gestes pour l'amour
et des gestes pour le sentir
Un homme à aimer

A son dos apposer mes mains
Il entend les profondeurs
je l'écoute respirer
Un homme à aimer

A mes fenêtres j'ai inscrit des lumières
Il viendra souffler sur mes poésies
longtemps, longtemps

J'ai dessiné aux murs les premières fois
tableaux d'une enfant
Deux atomes
A son oreille j'allonge les désirs
Deux atomes
Un homme à aimer

Dans ses bras devenus vallée et port et plaine et lit
une petite fille murmure cet homme à aimer
et s'éveille femme
Plénitude
Un homme à aimer

A ma bouche entrouverte je l'ai étendu
il dort sur ma langue
Un homme à aimer

Mariem mint DERWICH

(Artiste, Ivan Aivazovsky)







jeudi 22 décembre 2016

Je le danse...












Au bout de tes doigts je me suis allongée
là où tout vient, où tout  danse

Et Rumi pour dire cet instant devenu éternité

Homme murmures, homme mien,
tourner jusqu'au battement de coeur perdu
Le rattraper, l'expirer, atome

Et Rumi pour inscrire que seul l'amour est respiration

Endormie enfin dans la nuit
à ton cou repliée
mes yeux pour offrande
ta voix pour tisser les vies de nous

Et Rumi pour ceux qui dansent

Il est un homme des lointains
un homme des grands larges
en lui je me suis posée
je lui raconte les histoires
les histoires de la peau et les histoires parfums
Au bord de sa bouche j'ai déposé mes secrets
et la petite fille devenue femme en ses mains

Et Rumi pour le frisson et ce qui monte

En cet homme fragile, cet homme offert
me murmurer
Le murmurer
Naître à l'aurore
Il m'est cet homme venu de la mer
Absolu d'une île faite corps et âme

Rumi pour les silences, plénitude

Et je danse, je danse, je le danse
cet homme qui me brode vagues
Je le danse en mes mains
Je lui danse la femme en amour
l'homme endormi entre mes seins
le battement de coeur devenu musique
La douceur d'un jardin dans la pénombre
Sa bouche sur mes doigts
mon ventre devenu terre lointaine
Je le danse, je le danse, ciel, terre, mer, étoiles
Sable, chuchotis d'un monde qui s'éveille lumières,

Et Rumi pour fermer les yeux

Je me referme sur lui pour mieux m'envoler.

Mes doigts à tes doigts enchâssés
Immortelle
Dune
Vents
Houle

Il m'est un homme venu de derrière les nuages
En cet homme je déroule une histoire
ma mémoire qui renaît dans un Je t'aime
Il est un homme mien
Je lui dis, dans mes secondes faites voyages, danse, danse homme mien
Danse pour la femme qui aime
Danse pour elle qui te danse

Et Rumi pour ceux qui aiment

Mariem mint DERWICH

(Artiste Andrew Salgado)












lundi 19 décembre 2016

Nous vieillirons ensemble














Et quand j 'aurai épuisé toutes les larmes
Et tous les voyages
Tous les au revoir et tous mes souffles
Chaque chant de toi
Je te retrouverai

Là bas
Entre nous
Entre toi
Entre moi
Cet espace à notre mesure
Celui qui raconte que nous avons aimé
Que je me suis déposée en tes mains
Quand la musique naissait de tes doigts

Je te retrouverai
Nous vieillirons ensemble
Rien n'est jamais
Tout est
Y croire

Il nous reste tous les voyages du monde
Et tant d 'amour à faire
Tant de petites choses à inscrire en l 'autre
Et le désir comme horizons

Nous vieillirons ensemble
Moi sous tes yeux
Toi sous ma peau
Y croire

T 'aimer, aimer t 'aimer

Homme mien,
T 'aimer et t 'aimer

Nous vieillirons ensemble

Une femme pleure et s 'envole

Elle aime

Mariem mint DERWICH

( Artiste,  Joan Miro)



samedi 17 décembre 2016


Mains




















Il faudra des terres lointaines
Des chemins et des sables
Des maisons inhabitées
Tant de routes à entendre
Des crépuscules et des aubes
Des hommes à enfanter

Il faudra les prières des dormants
Les yeux de l ' âme
Tous les chagrins
Toutes les tristesses
Les amours heureux
Les amours éphémères
Ma main ouverte
Ma main fermée

Tant d 'horizons
Toujours plus loin
Là bas, dans les brumes de la mémoire

Ta main ouverte
Ta main fermée

Parcourir les intimes
Silences des grands fonds
Un mot comme seule épopée

Nos mains ouvertes
Nos mains fermées

Tourner au ciel
Étoile
Atome
Respiration de l ' Univers
Tourner, tourner, aveugle,
Émiettée
Dispersée

Mains ouvertes
Mains fermées

À chaque arbre inscrire
Me dire
Femme
Femme
Grands lointains

Porter le monde en mon ventre

Et il y aura cette porte entrouverte
La pénombre
Un rire, un oiseau
Le miel et un souffle sur la nuque
Ma main ouverte
Ta main offerte
Un silence en médaillon

Et à mes chevilles te porter
Homme du bout des routes
Homme devenu mien

Ouvrir mes mains aux mondes
N' être que cette larme accrochée à tes cils

Mariem mint DERWICH

( Artiste,  Oumar BALL)





vendredi 16 décembre 2016

Conte du désir...














Les mots de la nuit
De toutes les nuits du monde
Les mots chuchotés

Et tes flancs pour horizons

Les mots couleurs
Ceux qui brodent la respiration
Les mots éparpillés

Et tes mains comme une couche

Les mots liquides
La trace sur la peau
Les mots paupières

Et ta bouche comme le ciel

Les mots qui s 'endorment en ton cou
Frissons
Les mots amants

Et ton ventre pour regard

Fleurs de nuit
Que ces mots
Je les enferme en mes cheveux
Me faire collier
Pour que tu naisses papillon
Sur ma langue posé

Et tes doigts sur mes désirs

Ployer, ployer,
Danser en ton odeur
Dérives

Et la chanson brumes de tes yeux

Au bout du chemin ton corps sur le mien
Tournoyer l 'amour
J' ouvre mes jambes pour que tu naisses

Souffles...
T 'inspirer, m 'expirer
Nous rendre à la déraison
Ne rien posséder
Tout avoir
Il est un voyage à l'infini de nous
Une vague

En ta paume qui se danse mémoire
J'enferme la femme amour

Mots des temps musiques

Et à ta bouche conter
Mon je t'aime...

Mariem mint Derwich

( Maria Fortuny)










Il y aura toujours une île par delà une île
Un ciel derrière le ciel
La mer et le sel
Un infini qui dira que tout est
Que rien n 'est
Qu 'il est des bouts du monde
Et des ports
Et des rives pour dormir
Et des vagues pour les voyageurs
Des vents dans mes cheveux
Une musique
Expiration

Derrière la dune entendre la dune
Les nuits d ' étoiles
Le murmurer du sable

Étendre les bras
S ' inspirer
Au bout des doigts naître colliers

Rendre à la mer
Fugacités
Les mots
Les couleurs
Abysses

Et il y a l 'entre île
L 'entre respiration
L 'entre minutes
L 'entre nuages
Clair obscur de la lumière
Silences
L 'entre vies
Fermer les yeux
Eaux
Plénitude
L 'entre plaisir
Entre deux

C'est là que je t 'attendrai

Mariem mint DERWICH

( Artiste,  Claude Delmas)

mercredi 14 décembre 2016

J'habite un homme



À tes mains inscrire mes seins
Et à ta bouche me faire voyages
Ceux des lointains
Ceux d 'ici
Ceux des musiques en mon ventre tournoyées

À tes flancs poser mon souffle

Un atome tourne et tourne

À mes cuisses redire le désir
Tatouages de ton regard
Et la chambre qui s ' éveille amante
À tes doigts, souffler les mots
Femme rondeurs,
Femme amour

À la houle, à nos corps,
À la mer dans ma tête
Et l 'eau
Et la vague
Et l 'horizon au bout de tes paupières

Il est un homme qui m 'habite
Et que j'habite
Un homme allongé en mon corps
Posé en mon cou
Un homme offrande
Un homme sucre
Un homme envies

Je danse pour lui
Mots après mots
Chevilles
Poignets
Cheveux
Langue

Je raconte qu 'il n 'est de plaisir
Que celui des profondeurs
Ce qui monte et chavire
Et les histoires que les femmes chuchotent à l 'homme qui écoute
Que les corps se sont fait pirogues
Qu 'il est des voyages couleurs d 'une langueur

En cet homme qui m 'habite
Cet homme coquillage
Cet homme salé, embruns, brumes
Je dessine du bout de ma langue
Mon conte

Et la musique pour aimer.

Mariem mint Derwich

( Artiste, Michel Hendrich)



vendredi 9 décembre 2016

Et toi...













Il est des amours,
silences des profondeurs,
Et toi

Perdre le souffle
Dormir sur ta langue

Musique...

Centre et lisières
Et toi

Il n 'est de battement de coeur
Que celui qui envole

Et toi, ma houle
Mon homme
Inspirer expirer
Désir

Mariem mint Derwich

(Artiste,  Camille Claudel)











jeudi 8 décembre 2016

Désir




















Viendront les temps marées, les temps tempêtes,
Temps de la mémoire et temps scarifiés,
Temps des lames de fonds,
Coquillages et sables, temps du corps orphelin

Les temps silences, ceux qui content
Et ceux qui déchirent
Temps sans secondes, sans minutes, sans horloge

Et cet instant étiré à l ' infini,
Battement
Désir
Touche moi, prends, viens
La bouche comme une aile
Et tes silences qui se noient dans mes paupières

Le goût au bout des doigts
Broderie
Ce battement de coeur à jamais perdu
Un mot déposé au creux du cou

Cet infini redevenu fragilités
Les histoires que les enfants se murmurent
Et ta main devenue ma paume
Lignes d 'horizon

Déposer mes mots sur tes lèvres

L 'instant parfait du frisson sur la nuque
Dans la brume des corps
Être cette nuit qui s 'enfuit des yeux

N ' être que cette voix, ce rire, cette expiration

Ouvrir les bras à l ' homme qui s ' éveille enfant

Plénitude, plénitude...

Je me suis endormie sur ton épaule.

Mariem mint Derwich

(artiste, RODIN)


Et il y aura ton nom









À ma bouche poser un nom
Un nom petit rien, un nom beignet,
Un nom soupir

À mes doigts porter ce nom

Le dessiner vagues, embruns
Lui chuchoter ce nom
Frisson

À sa paume inscrire le désir
Et ce nom murmuré
Petit nom, petit nom

Prendre son corps tout entier en mes mains inspirer la houle
Silences
Au bord de sa peau devenir eau, profondeurs, clair obscur de ce qui se brode

Petit nom musique, en mon ventre bercé

En tes yeux à mes yeux noués
Je récite ton nom

Entends le...

Mariem mint Derwich






lundi 14 novembre 2016

El houb....













Que dit l'amante en son chant douloureux?
Que dit-elle la femme qui porte ses mondes en perles ?
Que chante la femme qui danse?

Que dit-elle de l'amour, elle qui s'est faite poésies
mots, vagues, ciel, vents, sable ?

Elle a posé sa main à la bouche de l'homme
pour cueillir les mots qui racontent les notes bleues

Que dit-elle l'amante en son amour repliée?
Que dit-elle la femme qui aime, en souffles ocres?
Que chante la femme qui marche?

Que dit-elle des voyages, elle qui s'est transformée en lumières
éclats, jaspes, satin, écume, tempêtes?

Elle a cambré les reins, ployé son cou à la main de l'homme
et essaime les envies, fait naître les fleurs de nuit

Que dit-elle l'amante en son homme abandonnée?
Que dit-elle la femme en prières jolies?
Que chante la femme qui brode l'absence?

Que dit-elle de son corps qui imprime les aurores
houle, caresses, regards, feux, horizons?

Elle aime à la déraison de ses bras, lavée dans le souffle de l'amant,
l'amant qui tisse demain et aujourd'hui et l'après de la vie
Elle est cette femme qui a refermé ses doigts sur sa chevelure

Elle dit, la femme qui aime :
" Tu es, absolu de l'instant qui s'arrête de respirer
Tu es, toi homme mien, ma maison aux fenêtres ouvertes
Tu es, toi mon amour, la lumière dans le miroir des yeux
Tu es, celui-ci et encore plus, dans le livre aux pages blanches je t'écris
Tu es sur mes paupières
Oiseau et eau"

Elle dit la femme qui parle à l'homme :
"et dans ce temps qui s'écoule j'invente les contes des amants
les jours de pluie et les jours de sable
je te donne mes vies pour que ta vie devienne mes vies
Je parle aux heures pour leur raconter qu'il est une maison
où tu es et où je suis
et dans cette maison aux murs j'accroche les rêves fous de ceux qui aiment"

Elle aime, la femme qui aime, elle aime à la démesure de son amour...

Et, en cette femme qui aime dans la couleur qui naît, tu es papillon
à ma bouche gravé.....

Mariem mint DERWICH

( Aartiste calligraphe : Abdel Malick Nounouhi)

mercredi 2 novembre 2016

L'éphémère et la silhouette













Je te danserai l'éphémère sur la dune endormi
l'imperceptible de la trace
le vent qui efface, caresse chuchotée,
les notes envolées, fugitives des histoires d'antan

Je te danserai la lumière de la lune
la silhouette tremblotante
au feu assoupie,
ce que murmure l'homme quand il rêve

Je te danserai les palmiers au ciel découpés
le nuage dans le regard des bergers,
les gestes esquissés et qui s'en sont allés,
la paume au sol posée, disparue

Je te danserai l'entre souffle,
les crépuscules, l'instant parfait,
la plénitude d'ici
quand d'autres parlent de demain

Je te danserai l'ailleurs, l'horizon en renaissances,
le lieu secret de l'homme qui s'expire,
il y aura cet à peine visible,
silences

Je te danserai les pistes et les déserts,
un mot balbutié sur la paupière de la nuit,
que tout s'enfuit, que tout reste,
qu'il n'est de battement que celui que l'on porte

Je te danserai la flamboyance de la mer,
la goutte d'eau puisée,
la vague qui fait les mondes,
l'empreinte de ton pied sur le sable mouillé

Je te danserai les brumes qui rendent aux yeux la fulgurance,
le silence des choses, les chants des mondes,
les animaux de l'aube et les premiers frissons,
la beauté de ce qui est et la silhouette tremblée de toi homme

Je te danserai les couleurs mises aux à peine rencontrés,
les livres que l'on n'écrira jamais,
la poésie enfermée dans la main,
les mots et les oiseaux, la trace et le rien

Et, au milieu de la nuit du monde,
l'heure bleue, celle des hommes enroulés en prières,
l'immensité de ce qui s'écoute,

Je te danserai l'éphémère et la silhouette....

Mariem mint DERWICH

(Artiste Hengki Koentjoro)


mercredi 26 octobre 2016

A la mer je retourne












Ecrire parfois en minuscule,
en horizon,
en virgules,
en points,
en petits riens

Inhabitée, habitée

Au bout d'un cil j'ai accroché la mer
rideau de pluie, rideau d'eau

Inhabitée, habitée

Dans le temps spasmes, le temps de rien,
j'enferme en ma langue mon nom

Inhabitée, habitée

Aux lointains des mots j'entends les silences,
mon absolu, ma rédemption

Inhabitée, habitée

J'ai le coeur en banco, en argile, en sables, en dunes,
toujours ce battement qui s'enfuit

Inhabitée, habitée

l'éphémère, l'imperceptible,
trace d'un oiseau sur l'ombre de mon corps,
mots à mots, silences à silences,
je ramasse les vents morts,
je les tresse à mes cheveux,
à la vie, à la vie,
et mon âme devient orphelinat

Inhabitée, habitée je suis,
balbutiement d'une inspiration

je referme le rideau de pluie, le rideau d'eau

Inhabitée, habitée

Et à la mer je retourne.

Mariem mint DERWICH

(Artiste Mustapha BELKOUCH)


lundi 24 octobre 2016

Chanson du vent













A cet instant là, silence perlé,
il y aura le dire, il y aura le chanter
Juste à cet instant là, soyeux et pointu

Aux yeux fermés la nuit donnée,
il y aura le boire, il y aura le murmurer
la langue comme un soupir

A ces silences, à l'eau qui danse,
il y aura le caresser, il y aura le frissonner,
fermer le regard, ouvrir le regard

A ces mains qui s'endorment,
il y aura le raconter, il y aura l'aimer,
en l'âme devenir

A ces sommeils qui s'agitent,
il y aura l'arrondir, il y aura le dessiner,
un dormeur rêve qu'il s'envole

A ces crépuscules arc en ciel,
il y aura le réciter, il y aura l'enchâsser,
au pli du cou arrondir le souffle

Au corps, sable et vagues,
il y aura le broder, le désirer,
la peau désert à traverser

Et, au milieu d'un mot silence,
n'être plus que le bruit du vent
dans la vague qui s'en vient

Sur les murs, paumes ouvertes,
j'ai goûté le sel,
grand blanc de ce qui fut.

Mariem mint DERWICH

(Photo prise par moi)

mercredi 5 octobre 2016

Ne pas dire, ne pas écrire, écrire....

Y-aurait-il une écriture des impossibles? une langue qui ne soit pas langage  mais symboles? Quelque chose qui ne commencerait pas et qui ne finirait pas, juste un entre-deux, un moment fugace où le multiple redeviendrait unité...
Ancrage d'une syllabe muette, onde d'une apostrophe, musique d'une majuscule, délié d'un point d'interrogation...tout un monde de symboles sans qu'il y ait forcément sens mais qui donnerait à ce qui court sous la peau l'apparence du vivant.
Il faudrait écrire et brûler aussitôt les mots. Et recommencer, recommencer, arpenter l'univers fait page blanche, aller encore plus loin, tellement loin qu'arriverait enfin l'évaporation de soi...
De mots à mots, jamais prendre, jamais tenir, mais donner un souffle à ce qui monte de cet espace liquide que nous sommes, ce lieu d'eaux et de profondeurs, ce lieu matrice où tout se crée, se dé crée, se recrée, infiniment....
Fouiller dans les algues, descendre, descendre... Sans langue, sans paroles, sans langage. juste ce scintillement fugace. Ne pas dire, ne pas écrire, écrire...
Une vie d'écriture sans écriture et, à la fin, retrouver sa parole, juste pour le dernier mot, celui qui mûrit en nous toute notre vie , que nous ne percevons pas ou si peu, écho lointain d'une peur, d'un amour, d'un instant...Ouvrir la bouche sur ce mot ultime et fermer les yeux....

Mariem mint DERWICH

Silences...









Le monde s'endort au bout du silence...
Des silences à souffler sur ses doigts,
à entendre nuages et ailes,
des silences et des vents,
des arbres, battements, abîmes...

Mariem mint DERWICH

mardi 4 octobre 2016

L'Atlantide...

Il y a , dans l'écriture, comme un silence.
L'écriture qui ne serait que silences, comme un renoncement de soi, à soi, du monde, des autres, des pensées....Annihiler la pensée, ce fatras qui cogne le cerveau et qui, contradictoire, rend l'écriture possible.
Poser le mot, le poser ultime. Et à partir de cet ultime, encore un mot, un autre mot ultime...De derniers mots en derniers mots, pensée inversée.
Délimiter ce qui ne l'est pas pensent certains.
Non.
Ecrire c'est l'océan, c'est liquide. Accepter cet infini fait d'eau, de vagues, d'abysses, de lumières, d'obscurité. Les grands fonds quand on s'efface.
Mise à distance de soi...
Poser l'écriture comme une langue, particulière, secrète, cabalistique, signes et percepts, affects .
Pour écrire accepter que rien n'est...
Et la solitude, absolue, celle qui donne une texture à ce silence qu'est l'écriture.
Il y aurait un mot premier et un mot ultime. Là, en filigrane de cette langue des grands fonds qu'est l'écriture.
Que faisons-nous en écrivant, si ce n'est chercher ces deux mots, derniers mots après derniers mots, retours et départs?
L'écriture tangue. L'écrivain devient marin, arpenteur des infinis, courant après les horizons qu'il entend, qu'il perçoit.
Il n'y a pas de ports dans l'écriture, il y a juste des escales, celles du questionnement, des hypothèses, des réponses imparfaites.
Des escales où, malgré nous, le soi devient mémoire, dissonance.
On n'écrit pas  pour se débarrasser, on écrit pour s'assembler, se désassembler, expiation à l'envers, douloureuse mais vitale.
Oui, c'est ça, expiation...Expiation et rédemption. Le grand foutoir de l'intellect, le cirque du monde quand ne nous sont nécessaires que le silence et la solitude.
Penser, ne pas penser, écrire, ne pas écrire, être, n'être, n'appartenir, appartenir, inspirer, expirer.
Ecriture de la verticalité pour redevenir horizontalité...
La minuscule de nos vies tramée en majuscule de solitudes et de silences.
Et, toujours, cet entre-deux, cet entre-îles, cet entre-respiration, qui se fait lien et infini.
L'écriture c'est l'Atlantide...

Mariem mint DERWICH

samedi 20 août 2016

Le livre de l'amoureuse...













Si j'avais les mots de lumière, les mots de l'arène,
les mots qui dorment sur la peau,
je te regarderais
ma bouche à la hauteur de ton souffle

Je te dirais

Les histoires de gens qui s'aiment, petites minutes,
lenteur du temps, nuages, pluie, herbe

Je te dirais, dirais jusqu'à la fin de la nuit, au bout de toutes choses,
quand les couleurs oublient de dormir

Je te dirais

Deviens musique, notes, chants
Deviens moi respiration, à n'être plus que silences,
Deviens langue pour murmurer le chemin du désir,
Deviens regard, pour que je vois
Deviens mains, mes mains, pour voyager

Je te dirais

Les vents dans les cheveux et l'amante,
les pas pressés et le goût de l'absence

Je te dirais l'absolu de l'amour, l'instant qui dort, la femme qui danse
dans le bercement de ta parole

Je te dirais

Deviens moi épaule, ventre, cou, nuque
Deviens celui qui fait naître, hanches, roulis
Deviens mon aube, ma lune, mes étoiles,
Deviens celui qui dort entre mes seins,
Deviens ma bouche pour que je parle enfin

Je te dirais

L'amoureuse en toi endormie, silences du monde
L'amant en mes mains posé et à qui je raconte mes histoires de femme
Le mot comme une aile, le mot qui marche

Je te dirais les rêves fous des animaux perdus et la silhouette,
La voix qui berce, qui met des frissons sur la peau,
les murs que l'on brise, mon corps, ton rire, parler

Et tous ces petits mots, livre de l'amoureuse, je les inscrirais aux eaux de la mer,
mots poissons, mots vagues, mots ressac, mots sable, mots noyés, mots liquides.

Deviens mes paupières pour m'entendre
Deviens partitions pour me lire
Deviens poésies pour que je te fasse naître

Je te dirais, amant, ami, amour, balade, douceur

Je deviens voix pour que tu m'écoutes....

Mariem mint DERWICH

(Artiste : Oumar BALL)

Mémoires...













Aux ressacs, aux vagues, aux houles, à la mer qui danse,
aux étoiles de mer qui dessinent les soleils,
aux frontières, aux sables qui se naissent dunes et voyages,
aux lointains qui tremblent, aquarelles ocres, liquides,
aux murs s'ouvrant en portes, en fenêtres, en horizons,

Aux langues, paroles, mots, chansons de gestes, chansons des gestes,
aux lettres qui ploient dans l'instant,
aux espérances sur le dos des vents,
aux corps qui tournoient, absolu, absolus, absolue,
aux yeux qui s'ouvrent, aubes, crépuscules

à la lisière, au centre, frontière, coeur,
à la lumière qui s'endort sur mes paupières,
à la poésie qui se chante éternité,
à la falaise des grands voyages, néants, virevolter,
à l'enfant qui tient mes doigts, mémoires, amie,

à l'amour, corps immense, aux flancs qui se rêvent pages,
à la musique, ventre, cocon, matrice, portées, danseuse,
à ma bouche, j'inspire, j'expire, douceur, puissance,
à mon cou, tatouages des empreintes,
à la main, parois, vertiges, fugitifs, fantômes, sources,

aux nuits, aux étoiles, aux murmures, aux arbres, au ciel, aux crépuscules, aux rires, aux présents,

Au papillon devenue ailes, chuchoter,
à l'oiseau qui se déploie dans le mitan des jours,
à l'homme devenu 'oud, tidinit, t'bol, résonance,
à la langue sur laquelle se tient le monde, histoires,
à mon ventre qui s'ouvre, prières,

Au souffle, au souffle, au souffle, à l'instant

A la peau devenue désirs, élans, frissons,
au feu, aux immobilités, aux fulgurances,
aux infinis

Et dans les paumes, femme, femme,
poser le front, visage, soupirs, lignes de vie, mort,
naissances
ployer, ployer,
aimer,

A mes doigts, ailes, j'ai posé mes mémoires

Mariem mint DERWICH

(Artiste photographe Sidi Mohamed ould KHATTRY)


jeudi 28 juillet 2016

TERRE ET LANGUE....













J'ai une terre comme une langue,
déployée et ocre

J'ai une langue comme les sables,
à la bordure des choses tues

J'ai une terre comme une parole,
mot unique, mot qui serait tous les matins des mondes

J'ai une langue faite murailles et montagne,
enfantements de la musique

J'ai une terre qui se dit en vents, en nuages, en larmes d'enfants,
elle dort sur l'épaule d'une femme

J'ai une langue envolée en prières,
là-bas, là-bas, là-bas...

J'ai une terre grains de sable,
infinitude....

Mariem mint DERWICH

(Artiste photographe  : Sidi Mohamed ould Khattry)

lundi 27 juin 2016

Il m'a fallu..Lumière













Il m'a fallu devenir et les vagues, et le ressac et la houle,
Il m'a fallu devenir profondeurs, abysses,
Il m'a fallu m'échapper, m'inspirer, L'expirer,
Il m'a fallu des bords de falaises, des morts infinies,
Il m'a fallu des prières, des abîmes, des suppliques,
Il m'a fallu ôter, encore ôter, vêtements de l'âme après vêtements de l'âme,
Il m'a fallu des battements de coeur, entre deux de ce qui vit,
Il m'a fallu des aubes et des crépuscules, des soleils et des pluies,
Il me reste tant de temps morts à vivre vivants,
Il me reste encore toute cette route de Lumière pour L'entendre me murmurer :
" Où es-tu?"

Renaître en chaque instant, gestation perpétuelle,
La Perfection dans l'imperfection,
Compter du bout des doigts et finir par ne plus savoir compter,
Et, à la fin des alphabets qui disent l'âme, revivre en Sa Langue

Nous avons dix doigts, c'est pour s'entrelacer aux autres,
Nous avons deux mains, c'est pour que nous puissions devenir livres de prières, en prières,
Nous avons une bouche, c'est pour que nos souffles s'arriment aux souffles de l'univers,
Nous avons un corps, c'est pour signifier la texture de Ce qui ne se voit pas, Ce qui n'est, Ce qui est...
Nous avons un temps, c'est pour dérouler l'Infini intemporel et nous rappeler la fugacité,
Nous avons un esprit en inspirations, c'est pour s'expirer,
Nous avons l'Amour,
Et nous disons " Mon Dieu, retrouve-moi"

Tournoyer aux mondes,
Tournoyer en particule, en poussière, en grain de sable,
Catapulté aux confins de ce qui se perçoit

Entendre les chants qui montent...

Mariem mint DERWICH




mardi 21 juin 2016

Vous souviendrez vous?












Quand mes yeux au monde seront fermés,
quand mes yeux atomes seront ouverts,
quand mon âme seule sera,
quand je ne serai plus que silences,
Infini,
quand je renaîtrai à l'aube du monde,

vous souviendrez-vous?

Quand dans l'espace d'une note de musique,
mon souffle deviendra vague,
quand dans l'interstice devenu horizon,
quand je tiendrai une main pour aider au grand voyage,
Immensité,
quand ma langue déposera le dernier mot,

vous souviendrez-vous?

Vous souviendrez - vous de la femme qui fut?
Entendrez vous à vos vies sa silhouette?
Vous souviendrez - vous qu'elle a aimé?

Vous souviendrez-vous?

Quand, dans la fugacité d'un désir, je fermerai la porte de ma maison des sables,
vous souviendrez - vous qu'elle fut danses et tournoiements?

Vous souviendrez - vous?

Que direz vous de la femme en souffles ocres?
Vous souviendrez - vous de l'enfant qui ouvrait ses mains au ciel?

Vous souviendrez - vous?

Quand, dans les vents essaimés au destin, je m'allongerai,
vous souviendrez - vous des traces laissées à la poussière des chemins?

Vous souviendrez - vous?

Quand mes yeux au monde seront fermés,
quand je serai pour l'éternité cette petite fille qui chantonne,
quand je poserai ma bouche à mes lèvres qui ont tant inspiré,
quand une aile de papillon deviendra le temps retrouvé,

Vous souviendrez - vous?

Que direz vous de la femme qui regardait le ciel?
vous souviendrez - vous des hommes qu'elle a aimé?

Vous souviendrez - vous?

Vous souviendrez - vous qu'elle fut musiques, et coeur, et battement et pluie?
Vous souviendrez - vous qu'elle a posé ses mains sur les murs?
Vous souviendrez - vous qu'elle a rêvé, rêvé, rêvé?

Vous souviendrez - vous des abandons, des sangs, des larmes, des cris?

Que direz vous de la femme qui a tant aimé?

Mariem mint DERWICH

(Artiste : Frédéric Hebraud)


lundi 20 juin 2016

L'enfant qui rêve....













A la barque qui vient de l'Orient,
aux vents qui portent les mots,
aux hommes qui tournoient dans le suspendu,

Aux portes fermées, aux portes ouvertes,
aux enfants qui sautent et rient,
aux arbres qui s'endorment,

A l'eau, aux abîmes, aux houles, à l'Océan,
aux sables déroulés,
aux contes des heures,

Aux minarets en poussières, rêves,
aux chapelets, aux doigts devenus prières,
aux litanies, aux lèvres psalmodiantes,

A la femme qui marche, sépia du monde,
aux vertiges d'un regard,
aux morts qui racontent,

Aux fins des horizons, aux cieux doucement respirant,
aux corps dans la lumière d'un soir,
aux pas sur les chemins de lune,

A l'aïeul qui enchâsse sa main à ma peau orpheline,
aux caresses, aux baisers, aux mots de l'amour,
aux rires, aux poèmes au mitan des soleils,

Aux livres, pages blanches, pages bleues,
aux bonbons d'un soupir, sucré, amer, salé, miel,
aux offrandes d'un je t'aime,

A l'infini, aux alphabets qui meurent,
aux paroles en vents, voiles, encens,
aux bouts des jetées, voilures, bateaux,

une enfant dort et se dessine clairs obscurs, ailes des anges....

Mariem mint DERWICH

(Artiste : Rodin)

dimanche 19 juin 2016

mourir et vivre













A ma main ouverte, à ma paume pastels,
j'ai posé une ligne de vie,
une ligne d'amour,
une ligne des vents,
je joue,
un doigt suivant les chemins,
ceux qui nous habitent,
les marches forcées,
les méandres,
les larmes qui noient les regards

A mes lignes, sillons têtus,
dans ma main en livre ouverte,
aile devenue le monde soudain gris,
je joue,
les prières en éclats au bord des lèvres,
le souvenir d'un parfum,
une voix de la nuit,
le murmure en sables chuchoté,

A mes mains qui bégaient,
à mes doigts orphelins,
à mes psaumes peaux, odeurs, mots du feu ,
à mes envols oiseaux de paradis,
à mes frissons, à mes paroles enfuies,

je joue

A mes yeux posés sur mes mains lignes et fractures,
à mes paupières endormies volets,
à la lisière de ma joue,
aux mondes tournoyants,
aux cris qui montent du ventre

je joue

Aux zébrures d'un jour qui se noie,
à la bouche ouverte, ouverte, ouverte,
aux traces,
au frisson cheminant sur le pli d'une dune,
à la douleur qui vient dans ses voiles

je joue

J'ouvre les lignes de ma paume,
je joue la mort, je joue la vie,
les départs et les chaînes,
j'ouvre les lignes, mots tus,

je joue

A ma paume qui ne raconte plus rien,
absurdité du temps,
je fracasse ma vie,

Je joue, je joue, je joue

Il faut tous ces jeux de mes doigts
pour que la vie s'ancre,
pour que la mort vienne,
je joue, je joue les matins morts aux fronts des chansons

je joue

A mes mains qui ne sont plus,
je joue mes mots, mes larmes

Je me roule en boule dans le pli d'une trace ténue
et je pleure, je pleure, je pleure
en ma main devenue vierge,
bleue, bleue des ciels qui se ferment,

J'ai scarifié ce qui fait mal en mes lignes,
en ma paume inutile,

Mourir pour vivre, à ma paume devenue enfer...

je joue

Mariem mint DERWICH

(Artiste : Guy Denning)

De mon autre, "Elle du Nord", Mona Mac DEE...









Je suis :
une maison vide,
une vitre brisée,
une étoile ternie,
une défaite,
une chanson triste,
un soleil voilé,
un bas filé,
une lune cachée,
un champs dévasté,
un ciel de Novembre,
et je t'attends,
dissimulée, près des murs au papier déchiré

Mona Mac DEE

( Artiste / Crédit photo : Mona Mac DEE)

mardi 14 juin 2016

En moi tu es...













Il est des silences en profondeurs,
des silences comme des regards,
en ton cou endormie,
je tais le mot qui monte,
le dessine air et ciel

ma place, ma place

Tout ce qui ne se dit pas,
l'inscrire, le chuchoter,
le rendre à l'eau, le rendre au souffle,
le rendre à tes paupières fermées,
espace

ma place, ma place

j'ai cet amour couleur de la dune,
coeur et battement,
cet amour, cette urgence,
danse mon âme, danse,
une étoile te regarde

ma place, ma place

au bord du coeur frissonner,
je pose mes mains à tes horizons,
j'inspire, j'inspire,
gout sucré, gout amer,
ris mon ange, ris

ma place, ma place

je sème les lettres de ton nom,
à la porte de ce qui est caché
j'ai inscrit la paix et le chant,
un parfum 
aime, mon coeur, aime

ma place, ma place

Il est des silences comme des crépuscules,
veilleurs d'éternités

ma place, ma place

Et dans la nuit rendue à la prière,
je referme mes mains sur mon visage
dans la pénombre redevenue maison,
je murmure à mes doigts

tu m'es, amour, aimé...
Tu m'es...

Mariem mint DERWICH

(Artiste : Victor-Edmond Leharivel-Duroc)

vendredi 10 juin 2016

Mondes...













J'ai posé mes yeux aux regards magiques,
iris dans les profondeurs.

J'ai roulé à ma bouche le scarabée qui parle d'amour à la dune,
enfermé les chants des baleines dans les lagons lointains

J'ai offert mes cheveux  aux vents porteurs d'ailes, multitudes,
chants des nuages et éphémère

J'ai inscrit mes doigts aux dos des chevaux des plaines,
fait un voeu caché dans les crinières

J'ai dansé les traces de l'oiseau qui ne vole pas,
perle de La Grande Île, il m'a dit....

J'ai ouvert mon cou aux sources qui font naître,
devenue eau et écailles et la pierre bleue des profondeurs

J'ai noyé ma peau aux vagues des déserts,
histoire des mondes de là-bas, à l'heure des animaux qui vont boire

J'ai tournoyé les cyclones, ouvert le monde en palmiers,
essaimé mon coeur aux arbres, racines, racines

J'ai imprimé mon front aux cils de ce qui danse,
j'ai posé mes pas aux chemins oubliés, j'ai dormi dans la grotte

J'ai bu à l'eau qui voyage, gouttes tatouées à ma peau,
rires des poissons et des petits cailloux

J'ai posé mes mains aux sables qui racontent les aubes des hommes,
me suis allongée à l'oreille du minuscule, grains à mes lèvres en éternité

Je suis née encore et encore, au épaules des compagnons de route,
en coeur d'eux, en coeur de nous, besaces pleine de rêves

Avoir le corps étoiles, en multiples, en herbe, en pluies, en orages,
être miel et abeilles, entendre, entendre, entendre jusqu'au bout du souffle

j'ai aimé le monde, le monde m'a enfantée, il m'a aimée à son tour,
en mes doigts soudains déployés j'ai posé son immensité,
et dans le petit jour endormi d'une île lointaine,
j'ai coulé ma peau à l'eau des yeux de la terre

A l'ange qui dessine mon corps sur la route, à l'ombre des lucioles,
des papillons, dans la fourrure d'un animal, un murmure a ri,
doucement, doucement....
J'ai ouvert ma poitrine, douceur de la lumière des jours

J'ai enjambé les montagnes et les rivières et les océans et les déserts et les villes et les hommes,
j'ai volé si haut que les soleils m'ont attrapée,
j'ai entendu les langues des enfants, les rires des insectes, les amours des femmes,
j'ai brûlé en encens envolé

Aux nuits qui viennent je dépose ma parole, mes silences,
fermer le regard et ouvrir les yeux,
poser mes mains en colombe, dans le jeu des clairs obscurs,
jouer avec les rayons

et m'endormir dans l'herbe mouillée....

Mariem mint DERWICH






jeudi 9 juin 2016

Aube première











Tournoyer, tournoyer,
l'incommensurable,
l'indicible,
la dilatation perpétuelle,
l'éternité faite verticalité

Toucher l'homme et toi et toi
Nous au-delà du Moi

Enjamber les aubes des mondes,
ouvrir les yeux
dire, dire, dire,
le mot qui monte,
le mot effacé

Et l'homme chaviré et toi et toi
Ils au-delà du Nous

Dans l'apothéose de la parole devenue vents,
lancer l'atome au front des étoiles,
en faire le commencement et la fin,
dé créer, recréer, dé naître,
au bout du Tout, dessiner l'invisible

En l'homme perdu et toi et toi
Je au-delà du Eux

Ouvrir l'âme, en faire tous les déserts,
tous les jardins, tous les silences des nuits,
poser sa bouche aux immensités,
méditant aux nuages chantonné,
inspirer, inspirer, expirer ce qui ne se nomme pas

Chercher

Hors l'homme aveugle et toi et toi
Nous devenu Je

Aux lointains de l'inimaginable
poser le souffle

Tournoyer, tournoyer

Si tu n'es pas aveugle comment peux tu danser?

Mariem mint DERWICH

( La galaxie d'Andromède. Crédit photo : NASA)



mercredi 8 juin 2016

Mon grain de sable...












J'ai posé un grain de sable sur l'aube qui vient,
écouté la chanson de celui qui appelle,
prière enfantement et le ciel qui s'ouvre...

Dans la douceur de la ville qui dort encore,
j'ai semé mon grain de sable,

J'ai posé un grain de sable à la porte de ma bouche,
il a déroulé les contes des hommes,
murs ouverts sur l'intérieur...

Dans le corps des balbutiants assoupis au mitan de leurs rêves
j'ai semé mon grain de sable

J'ai posé un grain de sable au cou de l'étoile,
entendu la nuit murmurer la ville endormie,
les mots de ce qui n'est ...

Dans l'attente de la femme qui part, miroirs et tessons,
j'ai semé mon grain de sable

J'ai posé un grain de sable, à la dune allongé,
il a roulé et s'est multiplié, homme devenu enfant,
histoire d'un alphabet qui essaime ses lettres

Dans la splendeur d'un crépuscule, au bruit des vagues,
j'ai semé mon grain de sable

Dans le lent et profond battement de coeur de l'univers,
mon grain de sable est devenu rires et danses et feu follet
il a dessiné le livre des choses que l'on ne dit pas,
celles que l'on ne murmure qu'à l'obscurité, endormis,
aux rêves des géants accrochés,

Dans le regard qui s'ouvre aux cartes des mondes,
j'ai semé mon grain de sable

A l'homme qui prie, à l'homme aux yeux tristes, à l'homme qui implore,
j'ai offert mon grain de sable devenu battement d'âme,
j'ai posé ce tout petit grain de sable au milieu de sa poitrine,
ce tout petit grain de sable
ce tout petit grain de sable

Dans le silence d'une maison des vents, à l'immensité déployée,
j'ai semé mon grain de sable

Mon grain de sable, tout petit, tout petit, fantôme fragile,
je le sème à ton visage en mes mains devenues livre,
je l'ai endormi en ma langue pour qu'il ne meurt pas,

Dans la béatitude d'un espace magique,
j'ai semé mon grain de sable aux murs blancs,
pour qu'il te raconte, encore et encore, les silences des larges,
les silences des lointains en nous,
les silences des néants

et la chanson de celle qui te parle...

Mariem mint DERWICH

(Artiste : Chahab)








lundi 16 mai 2016

silences...

Il en faut des silences et des mots du silence, EN silence, pour dire, pour écrire, pour parler.
De cette écriture devenue parole, celle qui sort, qui vient, qui repart, qui meurt dans la douleur de l'expulsion.
Il en faut des intimes pour vivre, pour tenir, pour avancer, sur cette page blanche qui devient coeur et battement. Dans mes doigts qui dansent j'entends le pointu, l'acéré, le sanglot mais, aussi, la joie.
Coudre ses lèvres pour que les mots naissent, voici l'écriture.
Fermer ses lèvres, devenir silence pour que les mots soient parole muette, ce cri silencieux de la parole devenue oiseau.
Je n'ai jamais su dire, exprimer, dire cette parole langage, cette parole partage. Je suis orpheline de ma parole.
En cette parole mère et père, ces silences nés dans les profondeurs d'une douleur, il faut inventer, encore et encore, ce qui dit, ce qui ne se dit pas, ce qui est, ce qui n'est pas.
Le silence des grands fonds, des abysses, expulsé en silences des surfaces.
Ecrire c'est mourir et mourir encore et renaître en silences.
Je n'écris pas. Je parle. Je parle en silence.
Je dis mes silences, ravageurs, apaisants.
Un jour mes mains sont devenues langue. Et cette langue est devenue silence. Et ce silence est devenu mer, eau. Et ce silence que je porte en moi n'est pas silence imposé, pas de ce silence de l'amertume. il est le silence entraperçu derrière le silence quotidien.
Ma parole silence est ma langue des signes.
En chaque mot je pose une lettre, une syllabe, un alphabet sans sons. un alphabet qui redit à la main que le regard doit être fermé, qu'il faut empoigner tout au fonds, dans le ventre, qu'il faut poser ses mains sur ce qui bat en nous , qu'il faut le dépouillement du mot silence, le dépouillement..
En chaque silence une fulgurance. En chaque mot une fulgurance...
Redevenir langue, lèvres, fleuve...
Ecrire en silence, écrire en mots.
N'être que ce lien qui me relie...
Silence et mots, silence mots, silence, mots...
Et je parle...

Mariem mint DERWICH




J'ai ouvert mes bras et ôté mes yeux...













J'ai ouvert ma maison aux vents des grands larges,
et dans cette maison devenue corps
j'ai posé ton prénom,
lettre après lettre,
chacune liant les autres,
odeur de miel
odeur de lait
odeur d'encens

J'ai ouvert mes bras, j'ai ôté mes yeux

Dans cette maison devenue vagues,
j'ai posé mon nom, le Mim devenu Alif,
j'ai dessiné les racines et l'arbre de vie,
les feuilles qui entendent,
les fleurs regards,
et toi en lisière de mon souffle

J'ai ouvert mes bras et ôté mes yeux

Au coquillage posé à mon oreille,
j'ai murmuré les sables, les feux, le dessin du souffle,
mes doigts écartés, jeu d'enfant,
le précieux de la paume en ta paume déposée

J'ai ouvert mes bras et ôté mes yeux

j'ai remonté le mur, briques après briques,
pierre après pierre,
j'ai remonté le mur et je l'ai, de nouveau, détruit,
recommencement du balancier
et ton prénom qui continue de danser aux frontières perdues

J'ai ouvert mes bras et ôté mes yeux

Le monde né rondeurs, lointains, prières,
et mon corps en allers retours,
se posant et là et là et ici et ici,
houle, houle, houle,
clore sa bouche,
ouvrir sa langue
et ton prénom qui vole

J'ai ouvert mes bras et ôté mes yeux

je me suis déposée au creux de la dune,
dans la courbe brodée ligne,
je me suis déposée au creux de la dune,
j'y ai posé les lettres de ton prénom

et me suis endormie...

Mariem mint DERWICH

(Artiste : Carol Carter)


dimanche 15 mai 2016

Entre deux...













J'ai toujours ma bouche à ta bouche posée,
allongée en ta langue,
endormie en souffle,
entre deux silences,
entre deux chansons

J'ai toujours ma bouche à ta bouche essaimée,
mouvement fluide du mot devenu eau,
mes lèvres mains, mes lèvres peau, mes lèvres, tes lèvres,
entre deux prières
entre deux lointain

J'ai toujours ma bouche à ta bouche écoutée

Et en ta bouche à ma bouche devenue,
je deviens tes yeux et tes contes,
je grave la paix et l'envie et le désir et les chants des corps
en ta bouche mienne
je berce ce qui vient
petits cailloux des amours

J'ai toujours ma bouche à ta bouche liée

Entre deux espace
entre deux univers
entre deux étoiles
entre deux nous inscrit en respirations

J'ai toujours ta bouche à ma bouche récitée

Entre deux....

Mariem mint DERWICH

( Artiste : Chagall)


samedi 14 mai 2016

Pays, tu leur raconteras....












Tu leur raconteras, pays mien,
tu leur raconteras ta fille, fille parmi tes filles,
fille parmi tes hommes,
tu leur raconteras les vents qui l'ont fait naître,
tes vents de l'Est et tes vents de la mer.
Tu leur diras qu'à ses chevilles elle porte tes dunes,
tes contes,
tes griots,
tes notes de lune,
tes notes de soleil.
Tu leur diras qu'elle est fille tienne,
née et née encore,
à chaque aube,
dans chaque chant des mosquées.

Tu leur raconteras, pays mien,
la lignée, le nom des siens,
l'odeur de sa mère,
le rire des murs de pierre,
là bas dans la ville qui dort.
Tu leur raconteras qu'elle a posé ses mains,
en obole aux parois d'Amogjjar,
aux murs de la grande ville,
aux chants de la nuit bavarde.

Tu leur diras, aux siens,
qu'elle est ton nom,
dans la splendeur soudaine d'une aube,
dans le repli d'une batha,
dans la subtilité liquide d'un marigot,
tu leur chanteras qu'elle est fille des nuages,
fille des mots fantômes.
Tu leur raconteras qu'elle porte l'amour,
l'amour,
l'amour

Tu écriras dans la poussière des pistes,
tu écriras qu'elle a la couleur ocre de ses mémoires,
qu'elle a enfanté des rêves,
des petits d'homme auxquels elle a soufflé son nom matrice.
Tu leur diras, tu leur diras, les campements,
qu'elle est sang et chair, sang
sang

Tu leur raconteras qu'elle est fille des rencontres,
fille métisse, fille racines, fille mangue, fille datte,
tu leur diras qu'elle dort dans la calebasse des mondes,
qu'elle est le lait qui court sur la peau,
tu leur diras qu'elle est yeux ouverts, tes yeux,
tu leur diras qu'elle porte ton nom,tes noms, tes incantations,
tu leur raconteras, aux siens, qu'elle dort sous les pierres des cimetières,
dans la prière de ceux qui restent et espèrent.

Tu inscriras à leurs regards brûlés, ton nom,
mon nom,
leurs noms

Et, dans l'infini qui est, tu deviendras pays intime....

Mariem mint DERWICH

(Artiste : Frédéric Hebraud)

vendredi 13 mai 2016

musique













Et il y aura des balancements, des allers retours,,
la douceur d'une main qui écrit,
le souffle déposé au creux du cou,
une musique dans la pénombre.

A la fenêtre s'endormira un oiseau

Il y aura des pluies abandonnées aux feuilles,
des rires montant de la cour,
une table, des bols, du pain,
une robe assoupie sur une chaise

Il y aura le soleil en flaques sur le sol,
quelqu'un qui tape à la porte,
un parfum fugitif,
une histoire enfuie

Au mur je poserai un rayon de miel

Il y aura un lit comme un voyage,
des draps froissés,
un souvenir de sieste,
une photo

Et la main qui écrit, qui écrit,
cette lettre qui ne partira jamais

Et dans ma mémoire je dessinerai ce qui n'est pas venu,
j'inventerai des couleurs,
je mettrai des notes à l'horizon,
je ferai de mon regard une île

J'ouvrirai les bras à la nuit qui vient
je laisserai les vents entrer,
défaire la chambre,
orner les murs

je deviendrai jardin

et tu seras là.

Mariem mint DERWICH

(Artiste : Ademaro Bardelli)


Lumière...













Je
Tourner, tourner jusqu'à l'arrondi du Verbe,
tourner au bout du bout,
dans le grand commencement, Fin et Tout et Début

Je
Main au ciel et âme,
être hors et en, devenir ce mot lumière
étoile, galaxie, univers

Je
Tourner encore, dans la fulgurance prières,
tourner, n'être, n'être,
poser ma bouche aux confins de moi

Je
Entendre, entendre, entendre, ne plus entendre,
s'inspirer, s'expulser en atome
ciel après ciel, dans le chant des lointains de feu

Je
aux bouches des mondes qui s'ouvrent,
offrir ce qui monte, ce qui vient,
ce qui est et ce qui n'est pas

Je
absence, présence, verticalité du désir,
l'infiniment petit et l'infiniment grand,
silence des profondeurs

Je
Tourner, tourner, vide dans le délié de l'élan,
respiration, poussière,
vide

Je
imploser, consumer, recréer,
moi sans moi, moi en l'Infini,
chapelet de l'éternité devenue porte ouverte,
grain de poussière né papillon,
l'instant suspendu,
dépouillement
immatériel, corps, esprit, être sans être

et dans le dernier regard brûlé murmurer

Suis.

Mariem mint DERWICH