mercredi 26 octobre 2011

Casse Tête

Tout le monde sait que si le bon Dieu avait voulu qu'on comprenne les hommes, il nous aurait envoyées un "mode d'emploi"!
Mais essayons quand même de les comprendre dans la mesure de nos moyens! lol
Ma mère avait coutume de dire " Gorko opetakee yewee woto yeliyadé (ne laisse jamais ton mari s'ennuyer sinon il ira chercher ailleurs)". Dans la société Halpur, tout est là pour la satisfaction de l'homme (la femme, on s'en fout: s'il est content tout le monde est content)
Donc  en parlant avec ma soeur et ses amis, j'ai pu avoir leurs avis pour savoir ce qui, selon elles, pourrait retenir nos hommes (je parle des mauritaniens).

  • utilisation d'artifice: Dialdiali, bine bine ou galli (pétits colliers qu'on met autour des reins); on en a de tous genres: en perle, en bois ou des lumineuses
  • bethio, petit pagne qui se porte la nuit
  • le thouraye ou encens
  • être à l'écoute de ses besoins, 
  • ou faire comme certains, lui mettre les pieds dans de l'eau chaude et les lui masser quant il revient fatigué du boulot
Mais on remarque que malgré tout cela n’empêchait pas nos hommes d'aller ailleurs. On aura beau utiliser ces artifices il est impossible de les contenter. Tu mets tes dialdiali lumineux qui sentent super bon et un bethio joliment décoré, il ira voir en face où il y a des jeans serrés et des strings ou des boxer. Tu mets du thouraye, le jour où il en marre, il devient asthmatique! T'auras  beau l'écouter ou le masser, il trouvera que tu es trop soumise et qu'il a besoin de sensations fortes!!!! Echanger avec lui sur divers sujets, au début il appréciera après il t'accusera de faire l'intellectuelle! ( sous entendu : je n'aime pas les femmes plus "intelligentes" que moi)
Tu lui proposes l'amitié amoureuse parce que tu as juste envie d'être dans ses bras de temps en temps mais il trouve le moyen de tout faire foirer!! Morale de l'histoire : il n'y a rien à faire! 
A un moment, tu te dis que "c'est chez toi que ça va pas". mais tu te rends compte que t'es pas la seule dans ce cas; que d'autres ont fourni beaucoup plus d’effort que toi mais que ça n'a pas marché! 
Alors quoi faire?
Car, on aura beau à être des épouses, des mamans, des amies ou des amantes pour nos hommes,  ils trouveront toujours le moyen de nous briser le coeur! 
Ma mère avait l'habitude de dire que l'homme est un animal égoïste qui ne pense qu'à son bien être!
En tous cas, cette phrase résume bien nos hommes, perpétuellement insatisfaits, égoïstes, cavaleurs et nomades de l'amour, victimes consentantes des jeux....

Dalida

Sahwa, honneur et codes....

Chez les Maures ( et aussi chez les Halpulaars, les Soninkés, les Wolofs, sous des formes un peu différentes) il existe tout un code de conduite qui a valeur de loi ; et qui, comme toute loi, codifie des frontières, des deadline à ne pas dépasser, des mépris pour ceux ou celles qui les transgresseraient, des "punitions", des rejets... Ou, à l'inverse, des récompenses morales. Cet ensemble de règles instituées par la société s'appelle la Sahwa, la pudeur. Elle stratifie les comportements. Elle codifie. Elle cisèle les relations entre tous les membres d'un groupe, d'une fratrie, d'une famille, d'une tribu et, par delà, entre habitants du même espace socio culturel. Elle est Force et pression. Elle est culpabilité et bienséance. Elle est le centre de tout et les frontières des autres. Dès la petite enfance elle nous est enseignée comme un mantra, afin de nous préparer à la vie en société ou, plutôt, aux multiples vies en société. Tout y est bien codifié : que peut on faire devant tel ou tel membre de la famille, à qui peut on parler, qui peut on regarder dans les yeux, comment se comporter, comment dire, comment effectuer les mille et une gestuelles quotidiennes, etc... Elle enseigne aux hommes de s'effacer, physiquement, devant leur beau père. Elle enseigne aux femmes les retenues que l'on suppose inhérentes à nos conditions d'inférieures : ne pas allaiter devant nos frères aînés, ne pas appeler notre mari par son prénom... Gare à celle qui nommerait l'homme qui partage et son lit et sa vie! Ce conjoint là ne peut être que "IL", gommé jusque dans son identité. De même, il faut à chaque femme, avoir un comportement digne, comme, par exemple, le jour de ses noces. Il est alors interdit de sourire, d'exprimer une quelconque forme de joie : la nouvelle épousée se doit d'être triste et de le montrer. Pendant que la fête, SA fête, bat son plein, que les amies dansent en honneur des nouveau mariés, que la musique fait chavirer la salle, la mariée est cachée derrière un voile, juste esquissée dans son voile de mariée. Sous ce voile elle a les yeux baissés, la mine compassée : aucune vague sur son visage. Pas de sentiments.
Surtout ne pas montrer son sentiment amoureux au risque de passer pour une fille de peu, mal éduquée et ne faisant pas honneur à sa famille et à son groupe.Surtout ne pas se réjouir, ne pas montrer, ne pas extérioriser. Lors de sa nuit de noce, surtout ne pas se laisser aller. Etre pudique, rougissante. Ne pas dire les désirs. Ne pas trop exprimer pour ne pas passer pour une fille de "mauvaise vie". La génération de nos grands mères allait encore plus loin : lors de l'acte sexuel, elles se couvraient le visage de leur voile. Honte des choses sexuelles. Honte du corps. N'être qu'un ventre, un utérus... N'être pas femme et subir.
N'être rien pour que le groupe soit tout...
Toute sa vie de femme mariée, de mère potentielle et de femme, elle sera porteuse de la bienséance, porteuse du code : humilité, timidité, abnégation, fidélité, compassion, pieuse, peu encline aux démons de la chair, asexuée et repliée dans les tabous comportementaux. Centre de la société et étendards involontaire des preuves de la moralité d'une famille.
Cette femme est la Sahwa, même si cette pudeur s'applique aussi aux hommes. Elle est ce code, plus que les hommes, car c'est par le comportement féminin que nos groupes sociaux se définissent : le sang / honneur de la virginité, la pseudo noblesse de tel ou tel comportement, la prétendue incapacité féminine à ne pas, dans la liberté, incarner autre chose que le haram, la luxure, le mal.... Le péché et l'envie.
Les femmes, centre de tout et de tous, comme frontières et barrières sociologiques par lesquelles la survie d'un groupe donné passe.
La négation comme objet de survie culturelle... Dans nos sociétés masculines qui ont tenté d'effacer les survivances du matriarcat de nos ancêtres berbères, les femmes sont et la vitrine et la face cachée, l'honneur et le déshonneur, l'amour et l'interdit, l'éducation et la désunion, l'être et le néant...
La Sahwa comme instrument de servitude... 
Salomé








dimanche 23 octobre 2011

Ecorchée...



Il est des douleurs comme il est des lapidations : pierres après pierres, nous sombrons, toujours plus profond. Des douleurs qui annihilent et effacent. Des douleurs qui déconstruisent. Ou qui reconstruisent.

Des douleurs qui nous font marcher le long des précipices, loin de nos familles et de leurs prisons mentales. Loin des convenances et des morales; loin des hypocrisies, qu'elles soient religieuses ou sociétales.

Il est de ces douleurs qui excisent la femme en nous.

Dans nos mondes du "Je" masculin, du " Ecoute moi, regarde moi, comprends moi, entends moi, efface toi, nie toi, accepte, prends, tais toi, moi, moi, moi, JE,..." nulle place, hormis celle toute symbolique que nos hommes pensent nous octroyer, pour les "Nous". Chez nous, le "Nous" est masculin.

Profondément masculin. Exclusif et réducteur.

Femmes, nous sommes réduites au "vous" qui signifie "Toi", mon homme. Celui qui mène, qui décide, qui offre et qui reprend, figure à peine voilée d'une toute puissance qui se voudrait quasiment divine, inconsciente d'égoïsme et de lachetés.

Tant de silences entre les hommes et les femmes! De murs, de barreaux, de négations.

Tant de meurtres rituels, symboliques certes, mais meurtres quand même!

Tant de ces non dits féminins qui flagellent les perceptions de soi.

La deconstrution féminine pour "sauver" les hommes, les faire se sentir mieux, dansant sur les restes de nos féminins pluriels.

"Reste là et sauve moi" sont les credo masculins des jeux amoureux.

Filles de tous nous devenons alors filles de personne. Filles de peu, filles des néants. Nous devenons nos propres cauchemars.

Car nous avons laissé à nos hommes le faux pouvoir de toute puissance. Nous leur avons laissé croire que nous étions leurs propriété exclusive. Nous leur avons fait croire et laissé entendre que nous n'existions que par eux, pour eux, en eux.

Ils nous veulent niées. Nous nous sommes niées.

Ils nous veulent amantes. Nous les avons aimés.

Ils nous veulent mères. Nous avons enfanté.

Ils nous veulent obéissantes et douces. Nous avons coupé nos langues.

Ils nous veulent compréhensives. Nous avons plié nos cous.

Ils nous veulent par intermittence. Nous sommes devenues leurs "intérimaires du spectacle" des sentiments.

Nous avons fermé les yeux et accepté les perfidies, les mensonges, petits et grands, les absences, les doutes.

Nous avons porté des culpabilités qui n'étaient ou qui ne sont pas notres, noyées que nous sommes dans le moule menteur de la femme qui peut tout et doit tout. La femme qui réconforte et qui apaise. Celle qui prend dans ses bras et qui accepte, sans jamais s'offrir.

Car ces Nous profonds, féminins, tous ces cris muets que nous portons en nous, tous ces doutes...qui les entend?

Surement pas nos hommes. Comment pourraient ils nous entendre quand ils s'écoutent, eux?

Leur cécité écorche, nous écorche.

Femme de rien, des riens du néant.

Femme de larmes et de souffrances. Femme en souffrance.

Femme de personne.

Comment se reconstruire après une lapidation? Comment se recréer après tant d'hypocrisie assénée à la mesure des diktats masculins?

Ecorchée, sanglante, meurtrie, blessée....

Femme de rien, à personne.

Salomé.






mardi 18 octobre 2011

"Dis moi s'il pense à moi..."



En amour, chez nous, rien ou presque ne se fait sans le divinatoire, Leghzana ou Tiédé, sable ou cauris...tout est bon pour se rassurer : m'aime t'il, m'aime t'elle? Sera t'il à moi, sera t'elle à moi?

L'affaire se corse quand les amours sont illégitimes...

Les angoisses des désirs amoureux sont telles que les amoureux cherchent partout les mots qui les rassureraient, ceux qui les feraient vivre. L'envie d'amour contre les barreaux des solitudes.

Combien de femmes se sont elles recroquevillées devant celle qui "lit", celle qui sait, celle qui peut et, surtout, celle qui apaise ? Combien, noyées dans les larmes intérieures, ont fait semblant que tout allait bien et se sont offertes à la "tiédeuse", comme on s'offre à l'inconnu, espérant les mots qui donnent l'espoir et le désir de se lever le matin.

L'inconstance de nos sociétés, en matière amoureuse, génére les angoisses. L'inconstance de nos hommes génére nos angoisses féminines.

Nos femmes ont peur, toute leur vie. Profondément peur. Meurtries par les désirs et les doutes. Satellites de leurs amours elles tremblent, à chaque instant, imaginant des perfidies, des trahisons, des "couchages" ailleurs.

Certaines ferment les yeux, sauvegardant ainsi une tranquillité qui n'est qu'apparence. D'autres cherchent des "maraboutages" tous plus farfelus les uns que les autres, ouvrant la chasse aux cheveux, aux fils d'un habit de l'aimé, aux rognures d'ongles....

"Marabout Marabout, dis moi que je suis la plus belle"....

D'autres se confient à celles qui lisent l'avenir, pathétiques dans leurs demandes de réconfort.

Brûlent leurs yeux dans la rondeur des cauris, ces coquillages si ...sexuels dans leurs formes.

S'enfantent de nouveau femme d'un homme aimant.

L'amour comme une bataille perpétuelle, un pugilat des sentiments amoureux, une confrontation.

L'amour comme un champ de bataille, avec ses faits d'armes, ses bravoures, ses trahisons, ses ennemis, ses morts, ses prisonniers. Des vainqueurs et des vaincus.

Du sang et des larmes. Des armistices fragiles et des souffrances psychologiques terribles...

Avec, tout au bout de cette vie de questionnements, la déconstruction de soi, de son image.

"Tiédeuse, tiédeuse, dis moi s'il pense à moi..."

L'avenir deviné comme palliatif aux déclarations amoureuses et à la fidélité...

Salomé















lundi 3 octobre 2011

Si j'étais celle là qui se porte en secret ( féminins possibles)...




Si on m'avait permis les expressions amoureuses, je dirais à mon homme, comme libérée, envolée :


fais moi danser jusqu'à la perfection des broderies amoureuses. Prends mon visage en coupe entre tes mains et souffle, souffle doucement... Fais moi tourbillonner encore et encore.


Laisse moi te regarder comme on boit. Poser mes doigts sur ta main et en savourer chaque imperfection.


Si on m'avait appris les envols des mots et l'importance des amours je dirais à mon homme :


envole toi, envolons nous. Cassons les tabous, les chaînes, les morales, les barrières. Jettons nos masques et laissons nous dériver. Corps intemporels et regards chavirés.


Si m'avaient été enseignés les rêves et tous les possibles, je dirais à mon homme les mots interdits des promenades amoureuses. Sans rougir. Sans honte et sans pudeur. Sans craindre le sourire amusé ou le regard étonné. Je lui dirais les envies et les blessures. Je lui dirais les mots qui brulent. Je lui dirais les soupirs amoureux. Je lui dirais les érotismes des jeux.


Si on m'avait laissée devenir, je dirais à mon homme, tous les gestes et les baisers.


Mon corps comme à la dérive. Son corps comme un port. Son cou comme une couche. Sa bouche comme la fin et le début de toutes choses. Sa mémoire comme une griffure.


Si j'étais celle qui sommeille je dirais à mon homme : pose tes yeux sur moi, colle ta bouche à la mienne et chuchote....


Si j'étais celle là qui se porte en secret, j'aurais des voyages en offrandes...



Salomé.