mardi 10 mai 2011

La mort pour remplacer la vie et la beauté...




Que reste t'il d'une femme quand elle est emprisonnée dans un voile intégral?
Que reste t'il de l'être de chair et de sang?


Les femmes de salafistes et salafistes elles mêmes qui manifestaient pour protester contre l'exécution de Ben Laden viennent nous rappeler toutes nos contradictions.

Tous les non dits pervers sur le rôle et la place des femmes dans nos sociétés.

Elles ont choisi le voile intégral pour clamer leur colère.

Et, semaines après semaines, elles choisissent l'enfermement lors des visites bi hebdomadaires qu'elles font auprès de leurs compagnons condamnés et prisonniers à la Prison Civile.

Pitoyables gestes d'amour écorchés par le non regard, la non existence. Ou plutôt l'existence de soi portée à l'extrême par ce voile intégral qui, loin de les faire se fondre dans le paysage, portent tous les regards vers elles.

Qui sont elles ces femmes de l'amour extrême et du fanatisme tueur?

Quelles perceptions ont elles d'elles même pour nier, effacer, tuer en elles toute féminité?

Quelles douleurs cachées et non dites, quels traumatismes portent elles en elles?

Depuis des années elles se sont conscieusement attelées à la tâche de rayer en elles et sur elles tout ce qui fait d'elles des femmes : visage caché, pieds cachés, bras cachés, corps cachés, mains dérobées, la moindre parcelle de peau laminée, enfouie, les cheveux disparus.

Elles ont fait de leurs corps des non corps. Et de leurs mémoires des ombres d'autres femmes dont il faut nier et casser les souvenirs. Ces femmes qui ont été leurs grands mères, leurs aïeules. Ces femmes dont elles sont issues et qui, au travers de la melahfa, transcendaient la beauté féminine, en en faisant un objet de désir chanté par nos poètes.

Opiniâtrement, telles des bourreaux, elles ont excisé tous les témoins du magnifique miracle de Dieu que sont les femmes.

Elles ont lapidé au travers de leurs corps toute beauté, toute sensualité, toute féminité jusqu'à ne se réduire qu'à 2 yeux.

Et si un jour, les ayatollahs de la négation des femmes décident que le regard féminin est impur, se créveront elles les yeux?

Au travers de ces femmes qui se nient au nom d'un message perverti de l'Islam je vois ce jeune couple afghan lapidé à mort au début de cette année dans une zone tribale sous la coupe des Talibans. Je vois cette jeune femme condamnée pour avoir aimé et avoir été aimée en dehors des liens pseudo sacrés du mariage.

Je vois cette martyrisée, lapidée par une foule de barbus en pleine excitation sexuelle camouflée en ferveur religieuse .

Je vois sa burka se teinter de sang et son corps bouger dans les sanglots.

Je vois son corps s'affaisser dans le trou.

Je vois ses bourreaux estimer qu'elle agonise trop longtemps et l'un d'entre eux lui tirer dessus. Et elle bouge encore dans sa tombe improvisée pendant que la foule d'hommes psalmodie " Allahou Akbar".

J'entends les pleurs de son amant aux yeux bandés, terrorisé.

Et j'entends le bruit des pierres qui frappent la chair.

Je ne connaitrai jamais le visage de cette femme / enfant assassinée par des hommes qui ont effacé en eux toute trace d'humanité : même dans la mort ces assassins qui n'ont que le nom de Dieu à la bouche, nient la femme.

Ils tuent une image non personnifiée, momifiée dans sa burka.

Il est plus facile de tuer quand on ne voit pas le regard de l'animal femme à abattre n'est ce pas?

Alors je regarde ces femmes mauritaniennes qui ont décidé de disparaître du monde.

Et je pleure pour elles qui, par leurs messages, acceptent le tout des discours de haine : la mort des femmes, la négation des créatures de Dieu.

La mort pour remplacer la vie et la beauté.

Salomé.