jeudi 8 décembre 2011

Femme je suis...













Dans les pleins et les déliés de ma mémoire dansent toutes les empreintes.
Femme buvard, porteuse d'eau et de larmes.
Femme fatale des fantasmes.
Femme enfant, celle du père, cet absent des constructions mentales.
Femme des autres, ceux qui disent "fais, sois, donne, reste!"
Femme des dunes de l'histoire
et femmes des défaites et des victoires.
Femme henné et parfums et odeurs et lait et chatouillis.
Femme ventre, fils et filles, perpétuation de l'espèce.
Femme enfantement.
Femme esclave, niée, objet.
Femme métissée des frontières des mémoires collectives.
Femme sang, menstrues, douleurs, honneurs.
Femme, folie, marabouts, gris gris, tiédé et leghzana.
Femme des combats.
Femme jalousie.
Femme amante, sensuelle, envolée.
Femme excisée, écorchée, griffée.
Femme libre, chaînes et khessal des rêves.
Femme bracelet, femme bijou.
Femme calebasse, guerba, tissus.
Femme rondeurs, fesses charnelles, plis cachés.
Femme prières et cris.

Dans les pleins et les déliés de ma mémoire,
femme atome, en ronde perpétuelle,
implosion, explosion, naissance.
Femme je suis....

Salomé.

Que Dieu ait pitié de nous...

Dieu qu'il est difficile d'être femme en ces temps de "printemps" ou "révolution" arabes! Dieu que c'est difficile, tout court..Avant, après, pendant....
Comme si  le coeur des discours religieux ne pouvait battre qu'à l'orée des fantasmes féminins.
Comme si la femme était LE problème, le seul, l'unique. Celle par qui tout péché arrive et par qui toute expiation devrait passer.
Comme si nous étions les symboles du mal. Du mal absolu mais aussi de la beauté, de la tentation, du haram... Awa et le péché originel....
Mémoires perclues de nos islamistes New Age qui mêlent tous les non dits, les frustrations.
"Printemps" après "printemps", femmes, nous nous retrouvons dans les modélisations d'espaces socio culturels qui se construisent à la hauteur des fantasmes projettés sur la femme.
Il ne suffit pas de nous couvrir. Il faut nous "tuer" symboliquement, nous cantonner aux rôles qui nous sont présupposés dévolus : mères, gardiennes d'un ordre patriarcal, femmes, vertus, dignité, pudeur, honneur...
Cachez donc ces corps qui ne sont que tentation pour les hommes ! Voilez! Enfermez! Niez!
Effacez donc toute trace de l'humanité féminine pour que les hommes se sentent enfin "libres" !
Dans certains pays on lapide. Dans d'autres on flagelle. Dans d'autres on entame le processus de négation des femmes, avec l'assentiment et le consentement de certaines femmes.
Dans d'autres pays, encore, on tue les bébés filles à la naissance.
Petit à petit la parole religieuse présentée comme réformatrice ( les nouveaux barbus se désignent eux mêmes comme Islamistes Réformateurs) s'insère partout.
La femme est devenue le symbole de tous nos maux. Comme si la vue d'une femme dévoilée avait un impact économique! ou bien, comme si la femme jouissant des mêmes droits que l'homme était un frein au développement!
On entend les nouveaux discours qui indexent ce qui a fait la beauté de nos civillisations arabo musulmanes.
Il faut effacer la poésie, la poésie amoureuse.
Eradiquer le Ghazal, ce poème d'antan, où le poète chantait l'amour et la liberté, la beauté des femmes et la séduction comme lien social de désir.
Eradiquer le Rubbayyat, ce quatrain délicieux venu des mémoires persannes.
Eradiquer la musique et la poésie profane.
Eradiquer l'amour....
Oublier que la poésie arabo musulmane est l'une des plus belles poésies du monde! Avec la femme comme objet central, la reconnaissance de la femme en tant qu'égal de l'homme.
Aujourd'hui un Djalal od Din Rumi serait décapité en place publique. Un Abu Nawass, délicieusement pervers et amoureux des hommes, serait lapidé, insulté, égorgé...
Un Nizzar Kabbani serait brûlé....
Alors, en souvenir de ces temps anciens où les barbus n'avaient pas encore gagné et où l'homme se reconnaissait à l'aura des femmes, ces rubbayyat de Djalal od Din Rumi  ( 13 °siècle):

"J'ai couru au jardin et j'ai cueilli une rose.
Je craignais d'être vu par le jardinier.
J'entendis la voix du jardinier me dire:
Qu'est-ce qu'une rose, je te donnerai la roseraie."

"En souvenir de ta lèvre, je baise le rubis de ma bague;
N'ayant pas celle-là, je baise celui-ci.
Ne pouvant atteindre ton ciel,
je me prosterne et je baise la terre."
Dieu qu'il est difficile d'être femme!
Que Dieu ait pitié de nous....

Salomé.


jeudi 1 décembre 2011

Envole moi...





















Dans mes nuits de solitude j'ai ployé mes cheveux pour t'y emprisonner
j'ai fermé mes mains sur ta bouche
j'ai plié mes bras à l'infini des frontières de ta peau

Dans mes nuits de solitude j'ai enfermé mes chevilles dans la rondeur
des gestes de l'amour

Dans mes nuits de solitude j'ai fermé tes yeux
et écris sur ta peau les mots de l'absence
gravé mes murmures pour que tu n'oublies pas

Dans mes nuits de solitude j'ai plié mes jambes dans l'absolu
des gestes d'amour

Dans mes nuits de solitude j'ai dormi dans ton odeur
posé ma bouche sur ton épaule
envolé mes peurs

Enferme mon visage et mon regard et ma peau et mes doigts..;
Envole moi...

Salomé.
J'entends souvent autour de moi mes amies dire que l'on ne peut pas faire confiance aux hommes, qu'il faut toujours surveiller, épier. La phrase la plus souvent entendue est " l'africain et, en particulier, le mauritanien, est un coureur".  Et d'élaborer des stratégies de "mise sous tutelle" conjugale, traquant les coups de fils, les déplacements, allant jusqu'à, parfois, suivre son mari ou petit ami en voiture. Quand ça ne se termine pas par la grande scène finale, avec cris, indignations, menaces....
Nos femmes aiment leurs hommes mais ne leur font absolument pas confiance. Ou, plutôt, elles aiment l'idée qu'elles ont de leur homme et d'elles mêmes sans se poser, souvent, les bonnes questions. Et l'idée qu'elles se font du mariage.
Car si, avant le mariage, tout est suggéré et érotisé, passé le jour des noces, nos femmes changent. Partant du fameux principe de la pudeur ( la sahwa) finis les fantasmes et les délices entrevus lors de flirts parfois poussés. Nos hommes se retrouvent alors avec LA femme bien, celle qui ne montre pas, celle qui ne donne pas, celle qui n'exprime pas, celle qui semble subir l'acte sexuel comme une obligation, somme toute assez désagréable, mais chemin obligé du mariage. Avec ce tout petit truc propre à nos femmes qui fait que l'homme revient.
Si nous, femmes, avons besoin de sentiments et de jeux amoureux, c'est pareil pour nos hommes.
Ils ont autant besoin que nous de jeux, de désirs, de demandes, de chuchotis. Ils aiment les gestes de l'intimité. Ils aiment que leur soit montrés nos désirs.
Comment s'étonner que nos hommes aillent voir ailleurs si dans leur couple nulle place à l'érotisme et à l'amour? Comment en vouloir à un homme qui va chercher ailleurs ce que sa légitime ne lui donne pas, à savoir le sentiment d'être désiré, fantasmé et aimé?
L'amour, pour s'épanouir, a besoin des choses de..l'amour. Celles du corps et des sentiments.
Je dis à mes amies, souvent : " lui dis tu que tu as envie de lui? Lui montres tu ton envie de lui? L'aimes tu pas seulement avec la morale et la pudeur mais aussi avec ton corps et tes sentiments? Montres lui tu tes jouissances? Lui dis tu tes envies?". A chaque fois j'ai droit au sempiternel " chez nous ça se fait pas".
Alors " si ça ne se fait pas", ne t'étonnes pas que ton homme aille se chercher dans les yeux d'une autre!
Lui qui cherche, au travers de ton corps, le sentiment d'être. L'amour est partage, pas sahwa.
Il est gestes et caresses. Il est baisers et salives. Il est érotismes et gourmandises. Il est envols et dons. Il est naissance perpétuelle et renouvellée. Il est plaisirs.
Sommes nous si handicapés de l'amour que nos hommes "baisent" avec leur femme et font l'amour avec leur maîtresse?
Sociétés excisées...
Salomé.


mercredi 26 octobre 2011

Casse Tête

Tout le monde sait que si le bon Dieu avait voulu qu'on comprenne les hommes, il nous aurait envoyées un "mode d'emploi"!
Mais essayons quand même de les comprendre dans la mesure de nos moyens! lol
Ma mère avait coutume de dire " Gorko opetakee yewee woto yeliyadé (ne laisse jamais ton mari s'ennuyer sinon il ira chercher ailleurs)". Dans la société Halpur, tout est là pour la satisfaction de l'homme (la femme, on s'en fout: s'il est content tout le monde est content)
Donc  en parlant avec ma soeur et ses amis, j'ai pu avoir leurs avis pour savoir ce qui, selon elles, pourrait retenir nos hommes (je parle des mauritaniens).

  • utilisation d'artifice: Dialdiali, bine bine ou galli (pétits colliers qu'on met autour des reins); on en a de tous genres: en perle, en bois ou des lumineuses
  • bethio, petit pagne qui se porte la nuit
  • le thouraye ou encens
  • être à l'écoute de ses besoins, 
  • ou faire comme certains, lui mettre les pieds dans de l'eau chaude et les lui masser quant il revient fatigué du boulot
Mais on remarque que malgré tout cela n’empêchait pas nos hommes d'aller ailleurs. On aura beau utiliser ces artifices il est impossible de les contenter. Tu mets tes dialdiali lumineux qui sentent super bon et un bethio joliment décoré, il ira voir en face où il y a des jeans serrés et des strings ou des boxer. Tu mets du thouraye, le jour où il en marre, il devient asthmatique! T'auras  beau l'écouter ou le masser, il trouvera que tu es trop soumise et qu'il a besoin de sensations fortes!!!! Echanger avec lui sur divers sujets, au début il appréciera après il t'accusera de faire l'intellectuelle! ( sous entendu : je n'aime pas les femmes plus "intelligentes" que moi)
Tu lui proposes l'amitié amoureuse parce que tu as juste envie d'être dans ses bras de temps en temps mais il trouve le moyen de tout faire foirer!! Morale de l'histoire : il n'y a rien à faire! 
A un moment, tu te dis que "c'est chez toi que ça va pas". mais tu te rends compte que t'es pas la seule dans ce cas; que d'autres ont fourni beaucoup plus d’effort que toi mais que ça n'a pas marché! 
Alors quoi faire?
Car, on aura beau à être des épouses, des mamans, des amies ou des amantes pour nos hommes,  ils trouveront toujours le moyen de nous briser le coeur! 
Ma mère avait l'habitude de dire que l'homme est un animal égoïste qui ne pense qu'à son bien être!
En tous cas, cette phrase résume bien nos hommes, perpétuellement insatisfaits, égoïstes, cavaleurs et nomades de l'amour, victimes consentantes des jeux....

Dalida

Sahwa, honneur et codes....

Chez les Maures ( et aussi chez les Halpulaars, les Soninkés, les Wolofs, sous des formes un peu différentes) il existe tout un code de conduite qui a valeur de loi ; et qui, comme toute loi, codifie des frontières, des deadline à ne pas dépasser, des mépris pour ceux ou celles qui les transgresseraient, des "punitions", des rejets... Ou, à l'inverse, des récompenses morales. Cet ensemble de règles instituées par la société s'appelle la Sahwa, la pudeur. Elle stratifie les comportements. Elle codifie. Elle cisèle les relations entre tous les membres d'un groupe, d'une fratrie, d'une famille, d'une tribu et, par delà, entre habitants du même espace socio culturel. Elle est Force et pression. Elle est culpabilité et bienséance. Elle est le centre de tout et les frontières des autres. Dès la petite enfance elle nous est enseignée comme un mantra, afin de nous préparer à la vie en société ou, plutôt, aux multiples vies en société. Tout y est bien codifié : que peut on faire devant tel ou tel membre de la famille, à qui peut on parler, qui peut on regarder dans les yeux, comment se comporter, comment dire, comment effectuer les mille et une gestuelles quotidiennes, etc... Elle enseigne aux hommes de s'effacer, physiquement, devant leur beau père. Elle enseigne aux femmes les retenues que l'on suppose inhérentes à nos conditions d'inférieures : ne pas allaiter devant nos frères aînés, ne pas appeler notre mari par son prénom... Gare à celle qui nommerait l'homme qui partage et son lit et sa vie! Ce conjoint là ne peut être que "IL", gommé jusque dans son identité. De même, il faut à chaque femme, avoir un comportement digne, comme, par exemple, le jour de ses noces. Il est alors interdit de sourire, d'exprimer une quelconque forme de joie : la nouvelle épousée se doit d'être triste et de le montrer. Pendant que la fête, SA fête, bat son plein, que les amies dansent en honneur des nouveau mariés, que la musique fait chavirer la salle, la mariée est cachée derrière un voile, juste esquissée dans son voile de mariée. Sous ce voile elle a les yeux baissés, la mine compassée : aucune vague sur son visage. Pas de sentiments.
Surtout ne pas montrer son sentiment amoureux au risque de passer pour une fille de peu, mal éduquée et ne faisant pas honneur à sa famille et à son groupe.Surtout ne pas se réjouir, ne pas montrer, ne pas extérioriser. Lors de sa nuit de noce, surtout ne pas se laisser aller. Etre pudique, rougissante. Ne pas dire les désirs. Ne pas trop exprimer pour ne pas passer pour une fille de "mauvaise vie". La génération de nos grands mères allait encore plus loin : lors de l'acte sexuel, elles se couvraient le visage de leur voile. Honte des choses sexuelles. Honte du corps. N'être qu'un ventre, un utérus... N'être pas femme et subir.
N'être rien pour que le groupe soit tout...
Toute sa vie de femme mariée, de mère potentielle et de femme, elle sera porteuse de la bienséance, porteuse du code : humilité, timidité, abnégation, fidélité, compassion, pieuse, peu encline aux démons de la chair, asexuée et repliée dans les tabous comportementaux. Centre de la société et étendards involontaire des preuves de la moralité d'une famille.
Cette femme est la Sahwa, même si cette pudeur s'applique aussi aux hommes. Elle est ce code, plus que les hommes, car c'est par le comportement féminin que nos groupes sociaux se définissent : le sang / honneur de la virginité, la pseudo noblesse de tel ou tel comportement, la prétendue incapacité féminine à ne pas, dans la liberté, incarner autre chose que le haram, la luxure, le mal.... Le péché et l'envie.
Les femmes, centre de tout et de tous, comme frontières et barrières sociologiques par lesquelles la survie d'un groupe donné passe.
La négation comme objet de survie culturelle... Dans nos sociétés masculines qui ont tenté d'effacer les survivances du matriarcat de nos ancêtres berbères, les femmes sont et la vitrine et la face cachée, l'honneur et le déshonneur, l'amour et l'interdit, l'éducation et la désunion, l'être et le néant...
La Sahwa comme instrument de servitude... 
Salomé








dimanche 23 octobre 2011

Ecorchée...



Il est des douleurs comme il est des lapidations : pierres après pierres, nous sombrons, toujours plus profond. Des douleurs qui annihilent et effacent. Des douleurs qui déconstruisent. Ou qui reconstruisent.

Des douleurs qui nous font marcher le long des précipices, loin de nos familles et de leurs prisons mentales. Loin des convenances et des morales; loin des hypocrisies, qu'elles soient religieuses ou sociétales.

Il est de ces douleurs qui excisent la femme en nous.

Dans nos mondes du "Je" masculin, du " Ecoute moi, regarde moi, comprends moi, entends moi, efface toi, nie toi, accepte, prends, tais toi, moi, moi, moi, JE,..." nulle place, hormis celle toute symbolique que nos hommes pensent nous octroyer, pour les "Nous". Chez nous, le "Nous" est masculin.

Profondément masculin. Exclusif et réducteur.

Femmes, nous sommes réduites au "vous" qui signifie "Toi", mon homme. Celui qui mène, qui décide, qui offre et qui reprend, figure à peine voilée d'une toute puissance qui se voudrait quasiment divine, inconsciente d'égoïsme et de lachetés.

Tant de silences entre les hommes et les femmes! De murs, de barreaux, de négations.

Tant de meurtres rituels, symboliques certes, mais meurtres quand même!

Tant de ces non dits féminins qui flagellent les perceptions de soi.

La deconstrution féminine pour "sauver" les hommes, les faire se sentir mieux, dansant sur les restes de nos féminins pluriels.

"Reste là et sauve moi" sont les credo masculins des jeux amoureux.

Filles de tous nous devenons alors filles de personne. Filles de peu, filles des néants. Nous devenons nos propres cauchemars.

Car nous avons laissé à nos hommes le faux pouvoir de toute puissance. Nous leur avons laissé croire que nous étions leurs propriété exclusive. Nous leur avons fait croire et laissé entendre que nous n'existions que par eux, pour eux, en eux.

Ils nous veulent niées. Nous nous sommes niées.

Ils nous veulent amantes. Nous les avons aimés.

Ils nous veulent mères. Nous avons enfanté.

Ils nous veulent obéissantes et douces. Nous avons coupé nos langues.

Ils nous veulent compréhensives. Nous avons plié nos cous.

Ils nous veulent par intermittence. Nous sommes devenues leurs "intérimaires du spectacle" des sentiments.

Nous avons fermé les yeux et accepté les perfidies, les mensonges, petits et grands, les absences, les doutes.

Nous avons porté des culpabilités qui n'étaient ou qui ne sont pas notres, noyées que nous sommes dans le moule menteur de la femme qui peut tout et doit tout. La femme qui réconforte et qui apaise. Celle qui prend dans ses bras et qui accepte, sans jamais s'offrir.

Car ces Nous profonds, féminins, tous ces cris muets que nous portons en nous, tous ces doutes...qui les entend?

Surement pas nos hommes. Comment pourraient ils nous entendre quand ils s'écoutent, eux?

Leur cécité écorche, nous écorche.

Femme de rien, des riens du néant.

Femme de larmes et de souffrances. Femme en souffrance.

Femme de personne.

Comment se reconstruire après une lapidation? Comment se recréer après tant d'hypocrisie assénée à la mesure des diktats masculins?

Ecorchée, sanglante, meurtrie, blessée....

Femme de rien, à personne.

Salomé.






mardi 18 octobre 2011

"Dis moi s'il pense à moi..."



En amour, chez nous, rien ou presque ne se fait sans le divinatoire, Leghzana ou Tiédé, sable ou cauris...tout est bon pour se rassurer : m'aime t'il, m'aime t'elle? Sera t'il à moi, sera t'elle à moi?

L'affaire se corse quand les amours sont illégitimes...

Les angoisses des désirs amoureux sont telles que les amoureux cherchent partout les mots qui les rassureraient, ceux qui les feraient vivre. L'envie d'amour contre les barreaux des solitudes.

Combien de femmes se sont elles recroquevillées devant celle qui "lit", celle qui sait, celle qui peut et, surtout, celle qui apaise ? Combien, noyées dans les larmes intérieures, ont fait semblant que tout allait bien et se sont offertes à la "tiédeuse", comme on s'offre à l'inconnu, espérant les mots qui donnent l'espoir et le désir de se lever le matin.

L'inconstance de nos sociétés, en matière amoureuse, génére les angoisses. L'inconstance de nos hommes génére nos angoisses féminines.

Nos femmes ont peur, toute leur vie. Profondément peur. Meurtries par les désirs et les doutes. Satellites de leurs amours elles tremblent, à chaque instant, imaginant des perfidies, des trahisons, des "couchages" ailleurs.

Certaines ferment les yeux, sauvegardant ainsi une tranquillité qui n'est qu'apparence. D'autres cherchent des "maraboutages" tous plus farfelus les uns que les autres, ouvrant la chasse aux cheveux, aux fils d'un habit de l'aimé, aux rognures d'ongles....

"Marabout Marabout, dis moi que je suis la plus belle"....

D'autres se confient à celles qui lisent l'avenir, pathétiques dans leurs demandes de réconfort.

Brûlent leurs yeux dans la rondeur des cauris, ces coquillages si ...sexuels dans leurs formes.

S'enfantent de nouveau femme d'un homme aimant.

L'amour comme une bataille perpétuelle, un pugilat des sentiments amoureux, une confrontation.

L'amour comme un champ de bataille, avec ses faits d'armes, ses bravoures, ses trahisons, ses ennemis, ses morts, ses prisonniers. Des vainqueurs et des vaincus.

Du sang et des larmes. Des armistices fragiles et des souffrances psychologiques terribles...

Avec, tout au bout de cette vie de questionnements, la déconstruction de soi, de son image.

"Tiédeuse, tiédeuse, dis moi s'il pense à moi..."

L'avenir deviné comme palliatif aux déclarations amoureuses et à la fidélité...

Salomé















lundi 3 octobre 2011

Si j'étais celle là qui se porte en secret ( féminins possibles)...




Si on m'avait permis les expressions amoureuses, je dirais à mon homme, comme libérée, envolée :


fais moi danser jusqu'à la perfection des broderies amoureuses. Prends mon visage en coupe entre tes mains et souffle, souffle doucement... Fais moi tourbillonner encore et encore.


Laisse moi te regarder comme on boit. Poser mes doigts sur ta main et en savourer chaque imperfection.


Si on m'avait appris les envols des mots et l'importance des amours je dirais à mon homme :


envole toi, envolons nous. Cassons les tabous, les chaînes, les morales, les barrières. Jettons nos masques et laissons nous dériver. Corps intemporels et regards chavirés.


Si m'avaient été enseignés les rêves et tous les possibles, je dirais à mon homme les mots interdits des promenades amoureuses. Sans rougir. Sans honte et sans pudeur. Sans craindre le sourire amusé ou le regard étonné. Je lui dirais les envies et les blessures. Je lui dirais les mots qui brulent. Je lui dirais les soupirs amoureux. Je lui dirais les érotismes des jeux.


Si on m'avait laissée devenir, je dirais à mon homme, tous les gestes et les baisers.


Mon corps comme à la dérive. Son corps comme un port. Son cou comme une couche. Sa bouche comme la fin et le début de toutes choses. Sa mémoire comme une griffure.


Si j'étais celle qui sommeille je dirais à mon homme : pose tes yeux sur moi, colle ta bouche à la mienne et chuchote....


Si j'étais celle là qui se porte en secret, j'aurais des voyages en offrandes...



Salomé.

vendredi 30 septembre 2011

Rondeurs...



Il est trés à la mode, chez nos jeunes et moins jeunes femmes, de se mettre au régime. Tous les régimes : des plus farfelus glanés dans des magazines aux plus sérieux sous surveillance médicale.

Régime et sport sont les nouveaux crédos féminins. On pourrait rajouter " hommes" : régime + sport + hommes. Car, évidemment, en ligne de mire, en pochette surprise, L'Homme, l'homo mauritanicus, fin en soi dans nos imaginaires emprisonnés. La course à la minceur comme argument érotico amoureux...

De salades grignotées, en carotte vapeur, en passant par les haricots verts, les jeuns, les marches au stade Olympique...cette génération là se construit une image de soi toujours et encore prédéfinie par le regard masculin et les présupposés fantasmes que ce même regard aurait sur l'idéal féminin.

Nos femmes se pensant au travers de regards masculins qu'elles pensent être des réalités, se mettent, à l'image de leurs consoeurs occidentales, à martyriser leurs corps. Découvrent ( vraiment?) la mauvaise image de soi, la déconstruction mentale.

Elles fabriquent des envies masculines. En se détricotant...


Pourtant que le moelleux est beau. Il est, dans ses rondeurs, érotique, envies, chatouilles.

La femme charnue / charnelle, celle des poètes, n'est elle pas belle dans cette plénitude infinie des chairs? Elle est bateau, rivière, voyages, frissons.

Elle est monts, vallées, creux, sources, odeurs, caresses. Elle est la découverte perpétuelle des infinités que la chair peut dévoiler.

Elle est voyage des yeux, des mains ,des lèvres. Elle est ce ventre rond qui rappelle les maternités et la douceur des eaux utérines. Elle est l'attache des épaules douces et sensuelles.

Cette femme charnelle est comme une vague sur le sable : elle enveloppe, elle efface, elle ramène.

Elle est seins magnifiques dans leur arrogance étalée.

Elle est croupe tout en rebondis.

Elle est cuisses voluptueuses, satin des envols. Elle est cette nuque qui ploie derrière un voile ou un foulard et qui appelle un baiser.

Elle est mollets ronds.

Elle est ce pli à la taille, émouvant dans son imperfection.

Elle est cette trace sur la peau, cette vergéture, "coulée de lait" de nos poètes, qui a été tant et tant chantée et qui griffe, le temps d'un instant, la soie de la peau, petit animal impertinent qui nous rappelle nos faiblesses.

Elle est ce corps sur lequel les mains d'un homme se promènent, tout en gestes sensuels. Elle est ce corps qui chante.

Erotisme des voyages à l'infini de nos chairs impudiques et pourtant si douces...

Salomé et Dalida






dimanche 25 septembre 2011

Mes yeux en médaillon...











Amoureuse envie

amoureuse coquine

amoureuse mutine

amoureuse souffles

tes mains dans mes cheveux


Mes yeux en médaillon

tes yeux en miroir


frissons de ton soupir

cou déployé

tes mains en coupe

ambre

houle


mes yeux en médaillon

tes yeux en miroir


le long chant de la peau

posée sur tes lèvres

arômes

touchers

ma bouche sur tes chants


mes yeux en médaillon

tes yeux en miroir


cheveux fleurs

chatouillis, friselis

doigts et sueur

sur ma langue les murmures

nous


mes yeux en médaillon

tes yeux en miroir


Salomé

Elle est...



J'ai, il y a maintenant longtemps, accompagné une femme qui m'était chère dans ses derniers pas sur cette terre et le voyage vers un nouveau monde. J'ai tenu sa main et écouté son souffle laborieux tenter de sortir de ses lèvres. j'ai vu ses yeux fermés et regardé son visage vieilli, où chaque ride racontait un combat de sa vie. J'ai humé son souffle et posé mes doigts dans ses cheveux. Je lui ai parlé doucement, ne sachant pas si elle m'entendait mais,MOI, il me fallait dévider ma douleur pour lui dire mon amour et ma terreur de la voir s'en aller.

Et je suis restée là des heures, écoutant ce râle de fin, ce râle qui n'en finissait plus.

Et je l'ai regardée. Jamais je ne l'ai autant regardée, cette femme qui était mienne alors, qui était devenue l'ombre d'elle même et qui terminait sa vie dans l'inconscience de l'étouffement.

Et je lui ai parlé. Parlé. Parlé à en pleurer.

Je lui ai égréné ses multiples vies, ses rêves brûlés, ses amours fanées. J'ai fermé les yeux et l'ai entendue me chuchoter sa vie et ses regrets et ses espoirs.
Dans son agonie, elle m'a brodée sa vie. Enfant, petite fille, jeune fille, jeune femme, femme mure, femme vieille. Elle m'a dit les mondes possibles ouverts à ses yeux de petite fille. Elle m'a dit les rêves d'amour et les yeux d'un homme, les rêves de mariage, les rêves d'envol.

Elle m'a dit le frisson et l'envie.

Elle m'a chuchotée ses brisures, les rides témoins de ses douleurs, les cheveux qui blanchissent, les sourires forcés.

Elle m'a frôlée avec les images de ses mains devenues vides quand ses enfants ont quitté sa maison .

Elle m'a promenée dans sa fidélité à un homme qui, innocemment, n'entendait pas.

Elle m'a racontée la soumission aux convenances et les sourires forcés, et les larmes rentrées, et le corps pris de frissons...quand l'envie d'ailleurs se faisait trop forte.

Elle m'a parlée de la mort de sa mère. De cette femme qui lui cachait ses larmes et l'a brodée la plus belle des mariées.

Elle m'a pleurée la mort de son premier enfant, cette douleur qui ne s'efface jamais, portée au fond du ventre comme une offrande expiatoire, un calice de douleur jamais apaisé.

Elle m'a racontée les grandes mains de son homme et son souffle et ses mots et ses maladresses.

Elle m'a tissée des chansons d'amour, venues d'un autre temps, ses envols à la voix d'une griotte depuis longtemps disparue.

Elle m'a humée dans le cou et m'a remplie du parfum qu'elle portait.

Elle m'a ouvert la bouche et a gravé sur ma langue tous ses rêves.

Elle m'a abandonnée au bord de sa solitude, étendue derrière ses paupières fermées.

Elle est....


Salomé.









vendredi 16 septembre 2011

Et la tendresse?



Une amie nous disait l'autre jour qu'elle enviait une amie à elle qui est mariée à un français. Non pas parce qu'elle était mariée à cet européen mais parce qu'elle découvrait une autre façon d'aimer. Une autre façon que cet homme là avait d'aimer sa femme. Une façon si différente de la notre en cela que l'expression de cet amour passait par mille petits gestes tendres, d'apparence insignifiante, mais si émouvants : le petit bisou dans le cou au passage de la femme, la main qui se pose sur une épaule dans la discussion, les doigts qui remontent une mèche, l'effleurement...Toute cette gestuelle amoureuse qui suggère et qui recrée la femme.

Chez nous la plupart de nos hommes, tout amoureux qu'ils puissent être, ne connaissent pas ces choses là de l'amour quotidien. Cette ignorance les rend parfois maladroits.

Les gestes d'amour ne sont donnés qu'au moment de l'envie sexuelle. Après, c'est souvent, dos tourné, précipitation pour des ablutions soignées, comme si le sexe était sale et méritait, dès assouvissement, purification.

Rarement des mots, des envols, des chuchotis, tous ces petits trucs qui, même s'ils sont fleurs bleus, possèdent néanmoins un fort pouvoir amoureux.

Les mille et un gestes de la tendresse : petits cadeaux, coups de fil, gestes, tête posée sur une épaule, niaiseries propres aux gens qui s'aiment...

Il serait temps que nos hommes se convertissent à la "politesse amoureuse", aux jeux erotico/amoureux, aux petits trucs qui mettent de l'électricité sur la peau, aux chatouillis....

Salomé.






Femmes, "honneur", fantasmes...



"La femme est l'honneur de son homme, l'honneur de son clan, l'honneur de sa tribu". Ce sont les mots d'un ami lors d'une de nos éternelles passes d'armes oratoires entre ami(e)s. Et nous revoilà plongés dans une de ces discussions passionnées sur le fait d'être femme, le ressenti, la perception qu'ont de nous les mâles de notre pays.

Rien ne change jamais n'est ce pas? Femmes/honneur. Femmes/gardiennes. Femmes/vestales. Femmes/sacrées. Jamais "femmes" tout court, tout simplement. Femmes.

Carapaces après carapaces, comme des armures pour conjurer, les couches des fantasmes masculins projettés sur nous, nous emmurent. Car, pour placer les femmes au coeur d'un présupposé honneur, il faut bien qu'il y ait impuissance des codes.

Le fait de posséder un ventre fertile, un sexe, des seins, nous placerait il donc au centre des tous de nos sociétés patriarcales?


Si "l'honneur" d'un groupe social est défini par ses femmes, alors la bêtise de ce même groupe est définie par les hommes.


Pourquoi cet acharnement à nous enfermer dans des bulles imaginatives où toute liberté d'action et de pensée est quasiment blasphématoire?

Quand on fait de "ses" femmes le symbole de la bonne marche et de la cohésion sociale, il n'y a plus place pour l'individu.

La femme n'est alors que ce bel objet de désirs, aimé, fantasmé, chéri, chanté, courtisé, touché du bout des envies secrètes. Elle n'est perçue, alors, que comme objet sexuel, prompt à faire chuter " l'homme de bien" qui passerait sa vie à lutter contre les démons.

Nos hommes peuvent se promener de bras en bras, tromper leur femme, chercher à exister dans les mille regards féminins qui croisent leur route. Mais leur femme ou leur soeur ou tout autre membre féminin de leur groupe familial ou tribal est condamné à rester "sage" pour ne pas "souiller" un nom à qui on a donné tous les attributs d'un honneur dont personne n'est réellement capable de définir le contenu.


Car tout est sexe chez les humains. De l'enfant qui tête sa mère aux codes de comportement entre hommes et femmes, il y a toujours, en toile de fonds, la sexualité. Non pas celle dont s'abreuvent certains, le sexe porno, sali, déroutant et dégradant. Mais la sexualité comme moteur des relations humaines.


En enfermant les femmes dans des prisons vestimentaires, en les confinant à une place unique de femme/mère/gardienne, les hommes ont trouvé le moyen d'assoir une présupposée supériorité.


En les enfermant dans des codes sociologiques qui les nient, nos hommes ont fait de leurs femmes et filles des statues figées.


En les enfermant dans des projections machistes ils les ont dénaturées.


Et, surtout, ils les ont ligotées : l'honneur primant sur tout, ces femmes sont devenues l'exutoire de toutes les rancoeurs, de toutes les jalousies, de tous les manques et de tous les désirs refoulés.


Victimes, bourreaux.

Danse de désirs et de répulsions. De vie et de mort.

Comment en sommes nous arrivés à tuer symboliquement nos femmes?



Salomé.

mardi 28 juin 2011

Nos hommes...



Nos hommes sont émouvants, parfois. Agaçants, souvent. Présents, toujours. Petits garçons devenus hommes, ils tournent autour de nos centres. Et recréent indéfiniment nos mondes à l'aura de leurs désirs. Dès leur premier cri leurs mères ont patiemment brodé autour d'eux des murs de vanité car naître garçon est perçu comme un miracle à préserver. Ils grandissent uniques, planètes solitaires autour desquelles gravitent les femmes de la famille. Depuis la plus tendre enfance ils sont faits rois, enfants boudeurs, capricieux, centres de toutes les attentions et de tous les fantasmes qui font qu'il faut absolument préserver cette chose qui fait qu'ils sont plus grands, plus importants, plus magnifiques que leurs soeurs : la masculinalité.

On les modèle petits garçons pour en faire des hommes selon tous les codes en vigueur. Et, avec amour et mimétisme, on grave dans leur mémoire le mantra absolu du " sois un homme mon fils" mauritanien. Ils apprennent l'orgueil quand on nous apprend, à nous filles et femmes, l'humilité. Ils récitent l'univers à leur dimension, cet univers qui tourne autour d'eux et dont nous sommes, nous femelles, les satellites amoureux et dévoués.

Ils apprennent la cruauté innocente de ceux qui se pensent tout permis. Et nous façonnent comme des poteries exotiques. Ils aiment comme on boit, à satiété. Ils nous chantent comme on respire. Ils nous touchent comme ils se coiffent. Ils nous prennent comme, enfants, ils prenaient le sein de leur mère et nous abandonnent comme ils oublieraient leurs clés de voiture.

Ils nous voilent pour mieux, eux, se dévoiler. Ils nous possédent comme un bijou.

Ils se posent sur nos corps comme des enfants.

Et nous les regardons...

Nous regardons tous leurs non dits, leurs larmes interdites par l'amour des leurs, leurs cris, leurs souffrances.

Et, parfois, nous touchons du bout de l'âme ces instants précieux et émouvants où ils ne sont plus des hommes, mais nos hommes, notre homme. Abandonné un moment...

Ce moment où l'homo mauritanicus redevient un petit garçon, yeux rêveurs.

Et c'est dans l'émouvant moment où nous prenons leurs yeux qu'ils sont nos pleins et déliés. Ce tout petit moment où ils pensent nous posséder comme un jouet et où ils ne sont plus que bateaux libres.

C'est ainsi : nos hommes ont été modelés centres et nous bords et clôtures par des cultures qui ont fait de l'homme le pilier du monde et des femmes les gardiennes.

Et quand ils se voient immenses nous, leurs femmes et filles et mères et amantes, nous les sentons dans ces rares moments d'intimité réelle, posés sur nos bouches comme des ailes de papillons.

Salomé

lundi 20 juin 2011


Quand le mal de vivre devient la vie elle même et que les chemins des questionnements griffent la peau, que devient la femme de larmes?
Vers qui se tourner pour crier, à s'en casser la voix, ses douleurs? Comment mettre en mots les écorchures et les brisures?
Comment casser les murs... S'envoler jusqu'à la déraison des choses et planer enfin, couler le long des vents, arrimer son corps aux étoiles, fermer les yeux et, enfin, renaître.
Regarder le miroir de tous les masques et briser le sortilège des retenues.
Courir comme une enfant, libre, bouche ouverte aux vents des rêves de petite fille et tourner et tourner encore en riant comme on jette une offrande.
Mourir petite fille et naître femme... Mourir femme et naître petite fille. Recto verso, toi, moi, nous.
Ce nous pluriel des femmes déchues, des femmes crispées.
Enfanter, s'enfanter, ventre immémorial d'où toute chose vient et où toute chose revient.
N'être plus que ce ventre, ce fruit, ce vallon des vanités. Poser ses mains en coupe, ployer le cou, fermer les yeux et pleurer.
Femme de douleurs dans une société de pudeurs...
Sculpter son corps aux sables de l'oubli, se poser sur une dune, laisser le sable couler doucement entre ses lèvres, souffler sur le scarabée, s'enfoncer et s'enfoncer encore, comme dans la bouche de sa mère ou le cou de son amant.
Oublier toutes les manipulations, oublier ce que les autres ont fait de vous, l'image qu'ils ont créé de vous, les murs de la perception des regards autres.
Oublier les perfidies et les mensonges, et les blessures, et les non dits qui laminent et écorchent.
Ne plus être femme des autres mais femme intime, femme seule, femme unique.
Être celle qui ne supplie plus, qui ne demande plus. Qui ne mendie plus et qui donne jusqu'à en oublier qu'elle existe.
Oublier son corps qui lâche et n'être plus que pur esprit, intemporel, posé là sur la dune où elle s'enterre dans la douceur de l'envol.
Mourir petite fille et naître femme.
Mourir femme et naître petite fille....
A jamais renouvelée, à jamais regardée, à jamais redessinée.
Mon éternité, ma solitude, mes chaînes....
Salomé

dimanche 19 juin 2011


Dans nos sociétés où tout est non dit, où tout est diktats et pesanteurs, rien de plus difficile que de choisir. Choisir son destin ( autant que l'on puisse le choisir), choisir sa vie, choisir ses mots et ses maux. Choisir de vivre, simplement.
Nous avons, que nous soyons maures, halpulars, soninkés, wolofs etc..., choisi de vivre dans le groupe; ou, plutôt le groupe a décidé d'être nos tous. Le groupe, famille, lignage, tribus, communauté, a phagocyté l'individu au nom de la préservation d'un mode de pensée et de vie instauré il y a plusieurs siècles, en ces temps rudes où la survie passait par l'affirmation d'une puissance supposée ou réelle. Cette survie s'est accompagnée de règles de bonne conduite rigides. Les idéologues ont codifié les manières d'être, de vivre, les lois qui régissent les unions, la place des enfants, la place de l'individu, qui est qui et qui peut quoi et comment.
Nulle place à l'individu. Le groupe est tout. Lui seul peut. lui seul crée. Lui seul fait vivre ou tue.
Malheur à celui ou celle qui veut sortir du groupe, de la fratrie, de la lignée.
Pas de choix permis : on est DANS le groupe, on est LE groupe ou bien on n'est rien.
Patiemment on a laminé les aspirations intimes. Perversement on a tué en l'individu le besoin d'envol. On a excisé toutes vélléités d'émancipation du groupe.
Par le management affectif l'individu est pieds et poings liés.
Siècles après siècles on nous a élevé dans la bienséance propre au groupe, on nous a façonné de façon à ce que nous n'ayons qu'une pensée uniforme et de manière à ce que nous laminions toute idée indépendante.
Parfois les pesanteurs deviennent si lourdes que nous rêvons d'ailleurs. Dans un puéril mouvement de libération nous nous jetons dans des autres qui deviennent, l'espace d'un moment, des possibles : amours "interdites", métissages rêvés, ouverture aux autres...
Puis, devant les levées de boucliers du groupe, les indépendances se noient au contact des réalités de ce groupe sociétal annilihateur du "je". Pour préserver soit des futurs enfants, soit une paix familiale, on réintègre le groupe.
Et on enterre ses rêves. Que ces morts successives ne soient que des excisions perpétuelles n'empêchent pas de vivre.
On s'endort avec la bonne conscience de ceux qui ont choisi les murs et les garde fous au détriment de la liberté individuelle.
Et on vieillit en véhiculant, à notre tour, toutes les éducations. Avec, en article premier, " la conscience de qui on est".
Le groupe gagne toujours. Malheureusement.
Il gagne car il atomise la liberté de pensée et l'intelligence. Il atomise le libre choix que, pourtant, Dieu nous a donné.
Il fait de nous, du moins de ceux qui se posent des questions, des orphelins de nous mêmes.
Tu es dans le groupe ou tu es dehors du groupe.
Hors groupe point de salut.
Et, comme nous avons codifié, catalogué, stratifié nos vies, nous devenons nous mêmes codes, stratifications, diktats, jugements.
Le groupe tue et nous sommes son bras armé.
La bienséance tue.
La morale tue.
Nos parents et parentèle, par amour ( si ces exigences de bonne conduite et de diktats sociaux peuvent s'appeler amour) tuent.... Par amour....
Le respect n'a t'il qu'une couleur, qu'une odeur?
Pitié pour l'homme....
Salomé

mardi 10 mai 2011

La mort pour remplacer la vie et la beauté...




Que reste t'il d'une femme quand elle est emprisonnée dans un voile intégral?
Que reste t'il de l'être de chair et de sang?


Les femmes de salafistes et salafistes elles mêmes qui manifestaient pour protester contre l'exécution de Ben Laden viennent nous rappeler toutes nos contradictions.

Tous les non dits pervers sur le rôle et la place des femmes dans nos sociétés.

Elles ont choisi le voile intégral pour clamer leur colère.

Et, semaines après semaines, elles choisissent l'enfermement lors des visites bi hebdomadaires qu'elles font auprès de leurs compagnons condamnés et prisonniers à la Prison Civile.

Pitoyables gestes d'amour écorchés par le non regard, la non existence. Ou plutôt l'existence de soi portée à l'extrême par ce voile intégral qui, loin de les faire se fondre dans le paysage, portent tous les regards vers elles.

Qui sont elles ces femmes de l'amour extrême et du fanatisme tueur?

Quelles perceptions ont elles d'elles même pour nier, effacer, tuer en elles toute féminité?

Quelles douleurs cachées et non dites, quels traumatismes portent elles en elles?

Depuis des années elles se sont conscieusement attelées à la tâche de rayer en elles et sur elles tout ce qui fait d'elles des femmes : visage caché, pieds cachés, bras cachés, corps cachés, mains dérobées, la moindre parcelle de peau laminée, enfouie, les cheveux disparus.

Elles ont fait de leurs corps des non corps. Et de leurs mémoires des ombres d'autres femmes dont il faut nier et casser les souvenirs. Ces femmes qui ont été leurs grands mères, leurs aïeules. Ces femmes dont elles sont issues et qui, au travers de la melahfa, transcendaient la beauté féminine, en en faisant un objet de désir chanté par nos poètes.

Opiniâtrement, telles des bourreaux, elles ont excisé tous les témoins du magnifique miracle de Dieu que sont les femmes.

Elles ont lapidé au travers de leurs corps toute beauté, toute sensualité, toute féminité jusqu'à ne se réduire qu'à 2 yeux.

Et si un jour, les ayatollahs de la négation des femmes décident que le regard féminin est impur, se créveront elles les yeux?

Au travers de ces femmes qui se nient au nom d'un message perverti de l'Islam je vois ce jeune couple afghan lapidé à mort au début de cette année dans une zone tribale sous la coupe des Talibans. Je vois cette jeune femme condamnée pour avoir aimé et avoir été aimée en dehors des liens pseudo sacrés du mariage.

Je vois cette martyrisée, lapidée par une foule de barbus en pleine excitation sexuelle camouflée en ferveur religieuse .

Je vois sa burka se teinter de sang et son corps bouger dans les sanglots.

Je vois son corps s'affaisser dans le trou.

Je vois ses bourreaux estimer qu'elle agonise trop longtemps et l'un d'entre eux lui tirer dessus. Et elle bouge encore dans sa tombe improvisée pendant que la foule d'hommes psalmodie " Allahou Akbar".

J'entends les pleurs de son amant aux yeux bandés, terrorisé.

Et j'entends le bruit des pierres qui frappent la chair.

Je ne connaitrai jamais le visage de cette femme / enfant assassinée par des hommes qui ont effacé en eux toute trace d'humanité : même dans la mort ces assassins qui n'ont que le nom de Dieu à la bouche, nient la femme.

Ils tuent une image non personnifiée, momifiée dans sa burka.

Il est plus facile de tuer quand on ne voit pas le regard de l'animal femme à abattre n'est ce pas?

Alors je regarde ces femmes mauritaniennes qui ont décidé de disparaître du monde.

Et je pleure pour elles qui, par leurs messages, acceptent le tout des discours de haine : la mort des femmes, la négation des créatures de Dieu.

La mort pour remplacer la vie et la beauté.

Salomé.








jeudi 28 avril 2011

Les mots...



Je n'aurais jamais assez de mots pour dire les brisures, les rencontres, les carrefours et les vies multiples que nous portons toutes en nous. Chez nous les femmes écrivent si peu que ça en devient douloureux. Elles ne disent pas. Elles sentent mais ne couchent pas sur le papier leurs tourments ou même leurs bonheurs.

Elles n'ont pas cette liberté, hormis celle de faire de la poésie, pour pouvoir se coucher dans un livre. A coeur ouvert, à se raconter avec les mots du ventre et non pas avec les mots des convenances. A crier jusqu'à faire éclater les torpeurs et les diktats moraux. A être femmes, tout simplement, sans avoir peur d'être cataloguées ou montrées du doigt, enfermées dans la camisole de force de la bienséance. Cette horreur qui fait de nous des excisées des mots.

Les mots / maux des femmes se racontent à voix gaies ou tristes entre femmes. Ils se chuchotent comme des secrets. Ils s'envolent dans les vents et ne restent jamais à survivre dans les pages blanches d'un livre.

Les femmes se dessinent une trame imaginaire où leurs vies fantasmées sont explosées comme des mangues trop mures.

Dans l'intimité de l'amitié et des corps féminins, parfums, odeurs, rires, sourires, humour ou larmes, elles déclinent les mille et une prisons de leurs mémoires. Elles deviennent autres, autres femmes parmi d'autres femmes.

Les voiles tombent, les cous se révèlent, les jambes prennent vie, les mains dansent des envols d'oiseaux.

Ces femmes qui parlent comme ailleurs on écrirait dansent la moiteur des secrets.

Et moi je les regarde, fascinée par ces peaux qui naissent, les yeux fixés sur l'attache émouvante de l'épaule et du cou, ce lieu parfumé où, enfant, je mettais mon nez et restais là à humer l'odeur de ma mère.

Et où, adulte, femme, amoureuse, amie, j'aime poser ma joue et retrouver le chaleur de la peau et cette odeur particulière. Le cou d'un homme est si émouvant.

Je reste assise là à regarder ces femmes danser leurs vies et inventer des langages fleuris et je ne pense que "odeurs, chatouillis, caresses".

Elles sont si belles ces femmes de vie qui, dans la pesanteur des conventions, réinventent leurs corps.

Et j'écris pour elles. Mes mots pour ces moments d'éternité.

Oh toi, mon autre, n'as tu jamais mis tes lèvres dans leurs cous et humé les parfums de liberté?

As tu entendu les murmures des femmes?

As tu étendu ton corps sur ces bateaux attachés?

Ou bien n'as tu senti que les masques?

Alors pose ta bouche dans mon cou et écoute les mots qui s'envolent puisque pas emprisonnés entre les pages d'un livre. Ecoute ces mots fugaces.

Et dis moi, toi aussi, dis moi les mots des hommes...

Salomé



jeudi 21 avril 2011

Kalimat...


Il me fait entendre...quand il me fait danser
Des mots, qui ne sont pas comme tous les mots
Il me prend d'au dessous de mes bras
Il me plante dans un des nuages
Et la pluie noire dans mes yeux
Il me prend avec lui...il me prend
Pour une soirée de bal rose
Et moi, comme une petite fille dans sa main
Comme un plume prise dans les airs
Il m'apporte sept lunes
Et un bouquet de chansons
Il m'offre un soleil...il m'offre
Un été...et un escadron d'hirondelles
Il m'informe que je suis son chef d'oeuvre
Et que je vaux des milliers d'étoiles
Et que je suis un trésor...et que je suis
Le plus beau tableau qu'il ait vu
Il raconte des choses qui m'étourdissent
Qui me font oublier le bal et les pas
Des mots qui bouleversent mon histoire
Qui me rendent une femme instantanément
Il me construit un palais de mirage
Que je n'habite que quelques instants
Et je reviens...je reviens à ma table
Rien avec moi...
Sauf des mots.

NIZAR KABBANI 1923 /1998

Salomé












mardi 19 avril 2011

Amour : un peu, beaucoup, à la folie....?



On entend autour de nous nos amis dire "J'ai fais un mariage d'amour". Et bien des filles revendiquent le droit au mariage d'amour. A écouter toutes ces affirmations on pourrait presque croire que dans notre pays l'amour est à la base du mariage. Presque... Car tout est toujours plus subtil chez nous.



D'abord quel signification donner au mot amour? Quel amour pour quelle personne? L'amour n'est il que platonique? Est il charnel? Est il complicité? Est il ouverture? ...



Nos sociétés, derrière une apparente modernité, sont encore repliées sur les diktats sociaux qui font que, d'abord, on ne peut "aimer" que dans sa caste : les marabouts avec les marabouts, les guerriers avec les guerriers, les forgerons avec les forgerons, les haratins et anciens esclaves avec leurs "pairs", les griots pareil... Et, comme point d'orgue à tant de carcans, les mariages dans "sa" communauté : maures entre maures, soninkés entre soninkés, Halpulaar entre Halpulaar, etc...



Alors mettre de l'amour dans toute cette stratification relève, la plupart du temps, du parcours du combattant et plus de la déclaration d'intention.



L'amour, chez nous, meurt souvent au contact de ces réalités.



Et cette perception d'un amour "codifié et stratifié" relève plus d'un romantisme perpétué par les seules fenêtres qui nous sont permises : la poésie. Nos poètes aiment l'amour et le chantent sur tous les tons et font fantasmer toutes les envies d'envol.



Et puis il y a tout le fossé entre envie d'amour et réalité. L'obligation quasi mystique de la sacro sainte virginité fait que l'amour entre filles et garçons se revèle souvent qu'un jeu de" je t'allumes, je t'accroche". Les filles ne disent elles pas entre elles, en parlant des mille et une manière de s'attacher un homme, " Fais lui goûter pour l'attraper"?



Quand la promesse de délices sexuels est perçue comme de l'amour....



Alors Amour ou envies de sexe dans nos sociétés tellement brimées et qui ont fait de nous des handicapés de l'amour qui confondent désirs sexuels et amour de l'autre?



Combien "d'amours" sont ils morts la nuit de noce?



Salomé.

vendredi 15 avril 2011

Amitié amoureuse ou amoureuse amitié


Ce fut le sujet d'une discussion vive entre filles et garçons un soir dans un café de Nouakchott. Nous discutions des relations entre femmes et hommes chez nous. Deux camps : les filles qui revendiquaient le droit à l'amitié amoureuse et les garçons qui rejettaient ce terme au motif qu'entre un homme et une femme il ne peut y avoir soit que de l'amour, soit que de l'amitié.

Et pourtant l'amitié amoureurse, celle que l'on peut décliner comme l'on veut : amitié, amour, amitié / amoureuse, amoureuse / amitié, amie, amour, amie, amant, etc..., existe. Sans elle pas d'intimité réelle dans un couple. L'amour ne se réduit pas à...l'amour.

Sinon ça serait si triste.

Un amour est aussi un ami. L'amant ou l'amante, passés les moments d'intimité sexuelle, s'ils ne possèdent que la fascination physique n'ont bientôt plus grand chose à se dire.

On se sait jamais trés bien expliquer pourquoi on est tombé amoureux de tel ou telle. On ressent juste le besoin irrépréssible d'être sous le regard de l'autre. L'impatience devient démangeaison, torture subtile qui laisse présager des moments plus doux et charnels où, code mondialisé, un jour on se retrouve sous la bouche de l'autre.

Mais cet amour d'avant les jeux amoureux, n'est jamais platonique. Il est empreint de désirs. Cet amour, malgré les poésies et les chants romantiques, est sexuel et sexué.

Et le sexe ne fait pas tout.

Corps et esprit : voici l'amitié amoureuse. Une femme est amoureuse de l'amant / ami qui est entré dans sa vie.

Son homme, elle ne le veut pas seulement "amoureux", même si cet état flatte quelque peu son ego. Elle le veut aussi son "ami", ami de coeur, ami d'esprit. Qu'il soit celui qui l'écoute et qu'elle écoute. Qu'il devienne son confident et qu'elle soit la boîte à secrets.

Pendant l'acte d'amour cette femme est sensitive et animale. Après, elle redevient l'amie, l'amoureuse / amitié, celle qui pose sa tête sur l'épaule de l'autre et qui se remet à l'écoute de l'horloge de son esprit.

Nos amis mâles soutenaient aussi qu'à la différence d'un homme, une femme ne peut faire l'amour avec un homme si elle ne ressent pas envers lui un sentiment un tant soit peu...amoureux.

Pas faux mais c'est plus subtil que cela.

Une femme peut avoir plusieurs amants et ne pas ressentir la même amitié amoureuse avec chacun. Elle façonne son esprit et son corps, exactement comme un homme peut le faire.

La seule différence c'est qu'elle préfère se "donner" à un homme qu'elle "aime" plutôt qu'à un homme pour qui elle ne ressent rien.

Ce qui ne peut être que purement exercice sexuel éjaculatoire pour un homme, devient une danse plus compliquée pour une femme.

Alors, oui, l'amoureuse amitié ça existe. C'est doux et chaud. C'est rond comme une caresse. Ca fait frémir la tête et donne des envies d'envol à la peau.

Ca permet les chuchotis de la nuit et les jeux de pas de deux.

Ca comble le corps et l'esprit et si on fait l'amour avec son corps, on y intégre une bonne part de l'esprit.

Mais on ne nous apprend pas ça. Non. On ne nous apprend que le romatique amour sublimé par nos poètes, où tout au long de chants magnifiques on nous abreuve d'amour né de la vision d'un bracelet de cheville ou d'un dialdiali...

Et où nos hommes, éternels amoureux de l'amour, s'enflamme d'un amour brûlant pour une femme qu'ils ne connaissent pas , confondant désir sexuel et attirance plus profonde.

Et souvent, après un mariage très romantique, on se retrouve dans un divorce beaucoup plus sordide, avec l'incompréhension mutuelle comme arme de destruction massive.

Amoureuse / amitié , amitié / amoureuse...charnellements goutés et enfermés dans les mains. L'amie / amoureuse est.

Salomé.



mardi 12 avril 2011


Jamais nous n'avons été aussi libres. Et jamais nous n'avons autant rejetté cette liberté mondialisée. Entre passés et modernités, les femmes mauritaniennes se sont découvertes des envies d'envol.

Et, dans le même temps, ont rétréci les espaces qui s'ouvraient à elles. Nos rues fourmillent de femmes affublées de voiles qui ne sont pas notres, pieds enfermés dans des chaussettes noires, gants noirs, protège bras, etc...

On ne s'étonne plus qu'une jeune femme qui se considére comme moderne n'ait, exclusivement, dans sa voiture que des cassettes où elle écoute religieusement Dedew!

La femme moderne de Mauritanie, libre dans l'appréhension qu'elle a d'elle même, s'est empressée de se modeler à des messages qui étaient inconnus à nos sociétés, comme si elle vivait dans un pays peu musulman.

Et elle s'affuble de noir, la couleur de la colère et de la négation.

Combien de nos petites filles, en particulier chez les Halpular et les soninkés, se retrouvent elles couvertes du hijab, objet que nous ne connaissions pas sous cette forme et symbole de cet islam d'ailleurs qui véhicule ses messages trompeurs sur la place et le rôle présupposés des femmes.

Comme si nous n'étions pas une société musulmane, aussi musulmane que d'autres!

Comme si nos grands mères avaient été de mauvaises musulmanes.

Le glissement est lent, imperceptible. Il a commencé il y a quelques années.

Et de l'islam de Mauritanie nous sommes passés à l'islam des prédicateurs formés dans des mahadras lointaines de pays où l'islam est synonyme de fermeture, de rejet, de fantasmes, d'interdits, de négation des femmes.

Où l'islam est enfermement et où l'on n'apprend plus à aimer Dieu mais à le craindre.

Où les femmes sont les expiations des frustrations masculines.

Où les femmes n'existent plus, enfermées dans des diktats vestimentaires qui effacent leurs corps.

Nos femmes avaient encore, dans l'imaginaire collectif, des droits. Elles étaient, maladroitement certes, mais...

Aujourd'hui nous sommes ouverts aux messages de donneurs de leçons et façonneurs de manière de penser et nous réécrivons la place de nos femmes au travers de discours venus d'ailleurs.

Que Dieu ait pitié de nos sociétés qui, par mimétisme imbécile, renient leurs passés et leurs femmes et qui, petit à petit, redessinent une femme inconnue et universelle ( selon ces critères assassins).

Pour certains LA femme musulmane ressemblera à celle de Kaboul ou d'Arabie Saoudite.

L'uniformisation des pensées et l'uniformisation des meurtres symboliques des femmes : voilà le glissement dangereux.

Et pourtant, nos mères et grands mères n'étaient elles pas belles dans leur islam?

Salomé


lundi 4 avril 2011

Jeux interdits...


Dans une relation amoureuse ou tendre entre un homme et une femme, les meilleurs moments sont ceux de l'attente et des jeux. Jeux amoureux, jeux érotiques... Jeux des mots et des gestes. Jeux des séductions. Jeux pour dire les envies et les désirs libertins. Ces moments où la gourmandise devient péché mignon et où l'autre se déguste langoureusement. Toutes les femmes sont belles dans ces jeux. Elles deviennent fantasmes et faims. La femme qui a envie devient terre fertile, terreau de tous les regards. Elle s'offre et se dérobe. Elle est soumission et maîtresse. Elle devient celle de la nuit, des rêves et des possibles. Et des impossibles. Ces moments de jeux où elle se pose dans les mains de l'Autre, se pose sur ses yeux, se faufile sur sa bouche. Où son corps écrit une nouvelle partition sur laquelle les notes seront les mains de l'envie. Cette envie murmurée comme une caresse et qui électrise la peau. Nous aimons ces moments de jeu où rien n'est mais tout est possible. Sens tu mon souffle sur tes paupières? Vois tu ma peau et mes soupirs? entends tu le désir comme un arpège déroulé dans la moiteur de la nuit? Pose tes mains sur mes reins et danse... Salomé.

Femme, péché originel...


Le limogeage de Naha Mint Mouknass est révélateur de toutes les hypocrisies véhiculées par nos sociétés. Voilà la MAEC débarquée et déjà, la meute des bien pensants déchirent à pleines dents la vie d'une femme, femme célèbre, femme de tête, femme de caractère. Ici et là, et surtout sur le net, rumeurs et ragots sont devenus la seule tentative d'explication à un limogeage pour les raisons duquel nous n'avons aucune explication officielle. Le tort, dans cette curée impitoyable, n'est pas la manière de mener notre diplomatie, ne sont pas les errements apparents d'une politique extérieure peu claire. Non, le tort de Naha mint Mouknass est, selon la rumeur, d'être femme. Faute impardonnable n'est ce pas? Là où on s'interroge sur le limogeage, nous sont envoyés en pleine figure les supposées frasques amoureuses de l'ex chef de la diplomatie. Tout est crachats. Tout est injures. Certains n'hésitent même pas à parler de Naha comme étant quasiment la putain de la République. Les salons se sont enflammés : mélange de vie privée et de vie publique, amants célèbres supposés, etc.. Demande t on à nos politiciens des comptes sur leur vie amoureuse? Leur demande t on des comptes sur leurs maîtresses, leurs illégitimes? Leur demande t on des comptes sur les matelas sur lesquels ils se vautrent? Jamais car dans nos sociétés être homme permet tout et même plus. Être homme est un passeport pour tous les libertinages et les jeux. Être homme dédouane des soupçons. Il est tellement admis que nos hommes peuvent tout du moment qu'ils sauvegardent les apparences que le papillonnage est devenue une institution. Et être femme est une croix à porter. Apparemment nous portons imprimées sur nous une sorte de tache, de péché originel, qui fait de nous des "impures" quoique nous fassions. Pour nos salafistes nous sommes le diable incarné, portant quand même ( il faut bien parfois accorder quelque crédit à certaines femmes "sacrées") des jugements plus cléments sur leurs mamans, celles ci incarnant le Bien, face au Mal dont toutes les autres femmes seraient porteuses. Être femme et politique c'est faire deux fois plus d'efforts que les hommes. Nos mœurs d'hypocrites exigent qu'une femme politique soit un être asexué, sans cœur. Ce dernier est réservé aux mâles. le sexe idem. Quelle pitié que cette société qui ne marche qu'à coup de clichés! Salomé.

lundi 28 mars 2011

Larmes














J'ai pleuré des larmes,
aurores de sang,
blessures béantes
et mordu mes lèvres

J'ai couvert mon visage,
et cousu mes paupières

j'ai brûlé mon ventre
et, par le feu,
j'ai effacé mon nom

 je me suis fondue dans les néants
abominations
et punitions

j'ai hurlé à en briser
tous mes murs

je suis morte

Ne le sens tu pas?

Salomé

AP

Nous voilà de retour après cette longue absence. Absence temporaire, juste pour prendre le temps de souffler un peu dans nos vies de femmes. Car être femme, naître femme, vivre femmes, dans notre pays est un long parcours du combattant.
Un parcours fait d'hypocrisies, de lachetés mesquines et de renoncements.
Vous nous avez infantilisées à tel point que vous avez oublié que nous sommes. Que nous existons en tant qu'humaines de chair, de sang, de larmes.
Nous avons choisi d'être femmes libres de toute prétendue morale assassine. Envers et contre tout. Surtout contre tout.
Le prix de cette liberté est si lourd à porter!
Nous avons cajolé nos vies entre amours et amis, amants et confidents.
Ces amis / confidents qui, un jour, se révèlent aussi être comme les autres de cette société qui a fait de l'hypocrisie l'unique manière de vivre. le non dit comme seule sortie...
Ces amis hommes qui, une fois qu'ils sont accompagnés de leurs femmes, par exemple, font semblant de ne pas nous connaître ou bien qui, dès lors qu'ils sont avec leur "officielle", ne décrochent pas le téléphone.
Comme si être des femmes seules ( choix assumé) signifie être des putains à cacher.
Cher AP gagner son droit de femme est si lourd!
Chez nous dire sa liberté, la revendiquer, aimer l'amour fait ,que nous sommes marquées au fer infamant du rejet.
Et pourtant ne sommes nous pas belles, nous ces femmes d'envies?
Ne sommes nous pas le rêve caché, le fantasme tendrement gardé au fond de vos mémoires? ce doux regret de ce qui aurait pu être et qui ne sera pas...
AP, ne sommes nous pas dans ta mémoire?
Ce soir nous sommes justes repliées sur nos désarrois face à tant d'incompréhension.
AP, quand pourrons nous juste poser nos têtes, fermer nos yeux et, enfin, souffler doucement sur la brume de vos mémoires?
Regardez nous, nous femmes de Mauritanie. Regardez nous replier nos mains sur vous nos hommes.
Salomé et Dalida

lundi 14 février 2011

Même si la Saint valentin ne signifie rien pour nous, éternels amoureux de l'amour, c'est un joli jour, non? La fête des Amoureux...
Un jour du tendre pour aller dire à l'Autre qu'on l'aime. Ou qu'on le désire.
Les sentiments ont besoin d'être alimentés sinon c'est la mort des désirs.
Beaucoup d'entre nous pensent qu'une fois que l'on a obtenu ce que l'on a désiré - euphémisme pour dire le corps de l'autre- tout est acquis et devient pérenne.
Comme si le corps de l'autre était une propriété inaliénable, marqué au fer de la pénétration une fois pour toute! Toujours cette attitude dominant / dominé.
Avec, comme base apparemment inamovible, la possession d'une femme, la plupart du temps.
La Saint Valentin est comme un bonbon que l'on fait tourner dans sa bouche, goutant le sucré, le doux, l'acidulé, le fruité.
La Saint Valentin c'est une mémoire que l'on remonte, celle des hommes que nous avons aimés et qui nous ont aimés, petites pierres sur le chemin de la construction de soi.
Ce sont ces gestes parfois enfouis que nous avons fais vers nos autres multiples et pluriels.
Car le butinage amoureux n'est pas que masculin.
Se l'avouer choque chez nous.
Tant pis pour les ayatollahs de la pudibonderie.
Alors une pensée pour ces hommes qui ont fait un bout de chemin avec nous et avec qui nous n'avons qu'ébauchés des avenirs bouchés par le jeu des traditions et des bienséance.
Ceux à qui nous n'avons offert que nos bouches. Ceux à qui nous avons permis toutes les subtilités du langage amoureux.
Ceux avec qui nous avons chaviré. Et pleuré.
Sur nos bouches sont marqués leurs noms.
Un jour nous serons vieilles et oubliées du monde. Mais nos peaux garderont ces instants magiques d'amour où 2 entités ont brodé des moments de plaisir.
Seuls nous resteront ces souvenirs enfuis des mots d'amour.
Et ces regrets de ne pas avoir demandé plus.
Dans une société moralisatrice et hypocrite nous avons aimé à en perdre la raison.
Et dans le désespoir des jours vides nous fermerons les yeux et nous nous reverrons jeunes et amoureux, enfermés dans des bras sensuels et ouverts à la magie de l'autre.
Bonne Saint Valentin à vous tous.
Puissiez vous renaître dans les filigranes du désir et briser vos chaînes....

Salomé

vendredi 28 janvier 2011

Ecritures amoureuses...

J'ai écrit sur ton corps les chemins de traverse
J'ai promené mes envies le long de tes flancs
j'ai murmuré dans ton cou les chansons de demain
j'ai posé mon front sur tes yeux pour y boire mon reflet
j'ai chanté les caresses et les cicatrices
j'ai fait de mes jambes des mondes d'ailleurs
j'ai bâti mon ventre pour t'abriter

j'ai ployé ma chevelure pour t'y enfermer
j'ai fait s'envoler mes mains jusqu'à la déraison des choses
j'ai été centres et bords
espaces et clôtures
cils et lèvres
j'ai été le milieu de toutes choses
vois la cambrure de mes reins et danse...
Salomé

Les reflets de soi deviennent les illusions des autres...

On parle toujours des mauresques avec tant de superlatifs si peu flatteurs qu'il faudrait presque avoir honte de naître mauresque. Elles sont considérées comme paresseuses, indolentes, âpres au gain, frivoles, gloutonnes, peu maternelles,  superficielles jusqu'à la caricature, menteuses, commères, dispendieuses... Ces paroles d'homme nous les entendons tous les jours : d'hommes célibataires ou mariés. Ôh il n'y à pas que les hommes maures pour dire cela! Pour les Soninkés ou les Halpulaar, être une mauresque c'est être objet de mépris et de blagues.
Nos sociétés s'opposent jusque dans le féminin et l'image fantasmée que l'on se fait de l'autre.
Les Mauresques diront, en réaction, que chez ces mêmes Soninkés ou Halpulaars les femmes sont soumises, inférieures, acceptant la polygamie, travaillant jusqu'à l'excès, bavardes, etc...
Et chacun de se renvoyer le miroir. Les reflets de soi deviennent les illusions des autres.
Et au milieu, nos hommes qui surfent sur les courants divers et qui prennent ce qui les arrangent et rejettent ce qui leur demande par trop de réflexions.
Mais tous ces poncifs sur un soit disant "modèle féminin" font oublier les mille et une réalités des femmes de chez nous.
Quand la mauresque de la bourgeoisie se complait dans un avachissement qui la réduit au statut de femme enfant gâtée, des milliers d'autres Mauresques errent dans la réalité de la dureté de la vie.
Il est vrai que la société maure a poussé la subtilité jusqu'à faire de ses femmes, dans un milieu naturel hostile, des objets de décors adorés, chantés, loués. Et plus la "noblesse" est grande plus l'indolence est un art de vivre, comme un pied de nez aux immensités terrifiantes du désert.
Mais pour fabriquer l'indolence ont été inventés les "outils de la paresse" : les esclaves, les petites bonnes qui élèvent les enfants à la place des mères, les servantes corvéables à merci à qui l'on demande tout et n'importe quoi.
Nos femmes/fleurs/bourgeoises se complaisent dans le rien futile de vies ennuyeuses à l'excès.
Dans l'ennui se construisent les indolences faciles.
Mais les autres, les travailleuses, les bosseuses, les forçats de la survie?
Nos sociétés si masculines ont mis au point de multiples façons d'asservir un être jugé inférieur et immature : l'excision, la pseudo noblesse qui sert à enfermer ses femmes dans un schèma castrateur, la polygamie, la servitude, la poésie...
Plus une société chante ses femmes plus ces dernières sont prisonnières.
Irait on chanter les travailleuses?
Non : il est plus "doux" de chanter la potiche. Qu'on la chante en hassaniya, en wolof, en pulaar, en soninké, en bambara, on sublime les barreaux de la prison.
Chez les maures l'ultime vengeance, inconsciente, des femmes est cette paresse présupposée : tu me veux minuscule, occupe toi donc de moi.
Tu me veux enfant, élève moi.
tu me veux fleur, arrose moi.
Tu me veux, épouse moi.
Et en terme de prison aucune société de chez nous ne peut se vanter d'avoir libéré ses femmes; la polygamie, par exemple, est l'enfermement ultime, la négation de toute forme de dignité. Nous sommes si peu considérées que nous ne méritons, semble t'il ,que ce mesquin partage d'un homme avec d'autres femmes. Nous n'existons que le jour de notre "tour". Nous sommes enfermées dans des combats de survie : tout faire pour être la préférée, pour que nos enfants soient en haut et non en bas, pour déjouer les jalousies des autres, pour s'assurer une vieillesse à l'abri du besoin... Et pendant ces combats la société peut dormir tranquille car, alors, les femmes s'usent dans le quotidien et perpétuent les traditions.
Les barreaux de nos cages sont si pervers que nous les entretenons tous les jours.
Car si les diktats de nos sociétés sont érigés par les hommes,  l'acceptation de la soumission est féminin.
Seules les femmes peuvent briser les barreaux.
Que ne l'apprend t'on pas aux petites filles?

Salomé

lundi 3 janvier 2011

Noces de mort, suite....

Un commentaire laissé par un homme au sujet de "noces de mort" nous inspire plusieurs réflexions.
Oui, nos femmes sont infantilisées par une éducation qui ne sait pas trop quoi faire de cette "femelle" arrivée dans la famille et dont on dit qu'elle est la source de quasiment tous les maux. Oui, elles sont "lâchées" dans la nature du mariage avec juste les recommandations de la bienséance. Objet d'alliances et d'orgueil, les petites filles sont élevées comme de futures reproductrices : des mères futures, des drapeaux familiaux, des reproductrices d'un soit disant honneur qui veut que le nom d'une famille ou d'une tribu ne réside que dans le sang de la défloration. Elles sont porteuses de tous les espoirs : celui de l'ascension sociale. Le but du "jeu" c'est de faire le BON mariage, celui qui apportera prospérité financière à la jeune "pouliche" et, de bien entendu, à toute sa famille. Car, chez nous n'est ce pas, c'est toute une famille que le marié reçoit en dot et qui dort, inconsciemment, dans son lit.
Notre commentateur ne réduit la femme épousée qu'à l'appât du gain.
Mais c'est bien la société, édictée par les hommes, qui a donné cette place à ses femmes.
Ne nous apprend t'on pas, au cours de nos adolescences, qu'hors mariage point de salut? Qu'hors mari une femme est une femme perdue, chose bizarrement regardée, honte de la famille?
La modernité parle d'éducation et on envoie de plus en plus de filles faire des études mais reste toujours, en ligne de fond obligatoire, LE mariage.
Bien sur, pour pouvoir faire ce mariage "rêvé", avec un homme aisé si possible, les femmes utilisent ce qu'on leur a appris : la séduction et les promesses de délices inimaginables prompts à faire saliver la proie. Cela dénote un esprit de survie extraordinaire.
Pour "attraper" l'homme on promet, on caresse, on ose toutes les gestes du moment que l'on garde les cuissses fermées. Ce sexe féminin est proposé comme récompense ultime, le jardin des délices à ne savourer qu'après mariage.
Et dans une société masculine malade de désirs et handicapée sentimentalement, ils sont nombreux les hommes à promettre monts et merveilles juste pour le plaisir de se tremper à la source.
C'est le jeu pervers de notre société.
Et celui qui pensait épouser une odalisque de l'amour se réveille avec une fille "bien" qui use du sexe comme chantage pour obtenir ce qu'elle veut. Elle est là pour ça non? Infantilisée, réduite à un fantasme, obligée de monnayer pour assurer sa survie matérielle dans une société où les hommes papillonnent à tout va, menés par le bout de leur ...nez.

Nos hommes se plaignent des "glaçons" ignorants qu'ils retrouvent dans leurs lits, lieux fantasmés de tous les désirs et de toutes les attitudes supposées permises. Et s'en vont très vite, après mariage, chercher ailleurs ce qu'ils ne trouvent pas dans leur moitié. C'est souvent dans les bras d'autres femmes mariées, plus âgées si possible, considérées comme plus expertes, que nos hommes vont se consoler. Avec l'amante tout est permis. Avec sa femme légitime on "copule", on fait avec, on rêve d'autres choses mais on joue le jeu.
Il est vrai que nos hommes sont aussi à plaindre car, englués dans les contradictions de nos sociétés, ils font le grand écart entre éducation et envies.
Il est vrai aussi que le rôle qui leur est dévoué, à savoir celui qui va dépuceler la donzelle désirée, est un rôle ingrat. Le premier geste d'amour physique qu'ils doivent faire est un geste de sang : offrir la souffrance comme mots d'amour. Quelle pitié!
Mais après ce geste "héroïque" combien d'entre eux se sont réellement interessés à la jeune femme qui est allongée à leurs côtés?
Savent ils les gestes d'épanouissement? Un corps de femme n'est pas que chair. Il est esprit. Et on fait l'amour et avec sa chair et avec son esprit.
On "baise". Mais on apprend à faire l'amour.
C'est là toute la différence...
Alors, tant que nous ferons de nos filles des enfants perpétuelles, nous mériterons les tactiques de survie féminines.
Le piège de la mort des sentiments tue aussi....
Salomé